Les mystères du Peuple des ténèbres : décryptage de la saison 2 de “Vents sombres”

La deuxième saison de la série excellente Vents sombres sur BeTV commence sans détour. Alors qu’ils sont partis arrêter un suspect, le lieutenant de la police tribale navajo Joe Leaphorn (Zahn McClarnon) et son assistante Bernadette Manuelito (Jessica Matten) tombent dans une embuscade. Le flash-back, situé quelques jours plus tôt, qui est à l’origine de l’enquête de Leaphorn, est encore plus explosif.

Après avoir installé le décor – la réserve de la nation navajo dans les années 1970 – et les personnages issus des romans de Tony Hillerman (1925-2008), Vents sombres peut maintenant se plonger dans l’intrigue principale.

Le Peuple des ténèbres

Jim Chee (Kiowa Gordon) a quitté l’uniforme. Il travaille maintenant en tant que détective privé. Une femme blanche très aisée lui demande de retrouver un objet volé à son mari par un Navajo. Sa mission se croise bientôt avec l’enquête de son ancien supérieur Leaphorn et d’un homme blanc énigmatique aux pulsions meurtrières. En arrière-plan, les activités d’une secte chamanique, le Peuple des ténèbres, se profilent.

La série produite par Robert Redford et George R.R. Martin, menée par Graham Roland (Prison Break, Lost, Fringe), s’appuie cette fois sur le roman Le Peuple des ténèbres, la première enquête de Jim Chee (1980). Mais Leaphorn bénéficie d’une dose supplémentaire de dramaturgie.

Une figure du mal

L’enquête devient plus personnelle pour l’officier navajo en convoquant l’esprit de son fils disparu (un ajout par rapport aux romans), décédé dans une explosion sur un site de forage pétrolier des années plus tôt.

Les romans d’Hillerman mettaient en avant l’inclusion des superstitions et de la spiritualité des Navajos – ridiculisées par Chee, considérées avec distance mais respect par Leaphorn. La dramaturgie télévisuelle nécessite d’incarner la figure du mal dans un antagoniste en apparence impitoyable.

Nicholas Logan propose une ironique inversion des stéréotypes raciaux dans cette série portée par un casting amérindien : grand blond aux yeux bleus, il est l’aryen ultime, d’autant plus singulier sous le soleil de la réserve avec sa peau diaphane.

Cette saison développe également les personnages féminins, comme Bernadette Manuelito et Emma, la femme de Leaphorn, et met en lumière plus en profondeur certains aspects de cette communauté, notamment un programme de stérilisation des femmes amérindiennes dans les années 1960-1970. Répartis en six épisodes, tous ces éléments peuvent parfois sembler dispersés, mais ils ne font que souligner la richesse d’une série dont on attend avec impatience la troisième saison (prévue pour 2025).