La BCE vers une nouvelle pause sur les taux, mais l’arrivée de la première baisse est compliquée

La BCE vers une nouvelle pause sur les taux, mais l’arrivée de la première baisse est compliquée

2024-03-03 19:19:06

“La situation est telle qu’elle nécessite avant toute chose de se concentrer particulièrement sur l’inflation.” Les propos d’un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE), quelques jours avant la réunion du Conseil des gouverneurs de jeudi prochain, suggèrent quelle est la priorité de Francfort. Alors que les investisseurs internationaux se concentrent sur la première baisse des taux d’intérêt, la BCE préfère prendre plus de temps. D’abord les données, puis les décisions. D’autant que la persistance de l’inflation dans le segment des services est encore marquée. Et comme il y a une torsion dans la relation entre les salaires et les prix, il vaut mieux procéder avec prudence. C’est pourquoi il est légitime de s’attendre à ce qu’il n’y ait aucun mouvement avant juin au moins.

Les marchés financiers réclament des réductions substantielles du coût de l’argent pour éviter que le ralentissement de la zone euro ne se transforme en récession. Un scénario évité l’année dernière, mais qui pourrait se concrétiser courant 2024, selon plus d’un analyste. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, l’exclut. Et effectivement, on constate un rebond au second semestre. Face à des hausses de prix de plus en plus tenaces qu’il convient de maîtriser, explique la BCE, l’urgence est de garder la barre droite au vu de nouveaux ensembles de données permettant de dresser une cartographie plus exhaustive de l’évolution des prix des particuliers. produits dans toute la zone euro. Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a également déclaré : “Les perspectives de prix ne sont pas encore claires”. Bien entendu, l’inflation générale a encore ralenti dans la zone euro, tombant à 2,6 % en février, soit deux décimales de moins que la hausse sur un an enregistrée le mois précédent. Mais ce chiffre n’a pas seulement été pire que les attentes des analystes. Le chiffre « de base », hors énergie et alimentation, est toujours supérieur à 3 pour cent. En particulier, plus d’un banquier central est convaincu qu’il y a encore du travail à faire dans le segment des services, qui était en février à +3,9 pour cent. Trop, compte tenu des 450 points de base d’augmentations de juillet 2022 à aujourd’hui.

La transmission de la politique monétaire, comme l’a souligné ces dernières semaines la membre allemande du Conseil d’administration, Isabel Schnabel, est toujours solide. Et surtout, a-t-il souligné lors d’un discours à l’Université Bocconi, “il n’y a aucune preuve d’une spirale entre les prix et les salaires”. Dans le même temps, un grand nombre de gouverneurs estiment que la déflation se poursuit de manière régulière et durable. C’est pourquoi, selon l’aile la plus accommodante de Francfort, il serait déjà possible d’introduire les premiers éléments de discussion sur une réduction du coût de l’argent lors de la réunion de la semaine prochaine. “Il est difficile d’approfondir les choses, tout comme il est compliqué qu’un gouverneur puisse demander à parler ouvertement de baisses de taux en évoquant une date précise”, expliquent trois sources internes différentes à la BCE sous couvert d’anonymat. Toutefois, les responsables n’excluent pas qu’il puisse y avoir “des demandes de clarification sur la trajectoire de la BCE, et donc sur les prochaines actions”. Un scénario improbable, mais pas impossible.

Dans le même temps, le débat le plus important sur les marchés concerne le contenu de la dernière réunion avant l’été. Les investisseurs donnent une probabilité de 73% pour une baisse des taux d’un premier quart de point par la BCE le 6 juin, alors que la probabilité diminue sensiblement en avril (16,7%) et est mince pour mars (5,4%). Le résultat des taux implicites sur lesquels parient les marchés, collectés sur les terminaux Bloomberg sur la base des contrats dérivés Overnight Index Swaps (Ois), pourrait cependant être revu à la lumière des prochaines prévisions macroéconomiques. Si l’inflation sous-jacente durait plus longtemps que prévu, s’il n’y avait pas de répercussions sur l’économie réelle, s’il n’y avait pas de hausse des salaires et si la déflation se poursuivait de manière – plus ou moins – homogène dans l’ensemble de la zone euro mondiale, alors il pourrait y avoir un changement de direction. C’est-à-dire la consolidation de l’hypothèse d’une baisse dès juin. Donc, plus tôt que ne l’imagine le marché de la part de la Réserve fédérale américaine.

Le problème, comme l’a rappelé Nagel, c’est qu’il n’y a aucune certitude. La seule possibilité, selon Lagarde, est d’attendre, tout en maintenant comme priorité la stabilité des prix. “Nous continuerons à suivre une approche dépendante des données pour déterminer le niveau et la durée appropriés des restrictions, en tenant compte des perspectives d’inflation, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de transmission de la politique monétaire”, a expliqué le banquier central français à l’Union européenne. Parlement. Rien n’indique, du moins pour mars et avril, qu’il y aura un écart significatif par rapport à cette trajectoire.

La prochaine bataille pourrait avoir lieu autour de la date de la première baisse des taux. Un groupe croissant d’analystes financiers, mené par ING et Allianz, constate une baisse initiale de 25 points de base en juillet. Il n’y a aucun inconvénient à réduire le coût de l’argent plus tôt que la Fed américaine, notamment parce que la dynamique de l’emploi et le mécanisme de formation des prix sont très différents. Ce qui compte, selon Francfort, c’est la bonne lecture du mécanisme de transmission de la politique monétaire. Un mantra selon lequel seul le temps, indépendamment des conséquences des tensions géopolitiques actuelles, nous dira s’il parviendra à empêcher le ralentissement économique de se transformer en quelque chose de plus grave.



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