A Nîmes, dans un quartier assiégé par le trafic de drogue, l’école au milieu des balles

A Nîmes, dans un quartier assiégé par le trafic de drogue, l’école au milieu des balles

Vue sur la cour de récréation de l’école Georges-Bruguier, le 1er mars 2024, à Nîmes. JULIA DE COOKER POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

Ce 4 mars, à Nîmes, les élèves de l’école Georges-Bruguier reviennent au compte-gouttes devant le portail vert, un peu plus nombreux que la semaine précédente. Désormais, ils doivent passer devant les agents de la police municipale, nouveau cordon de sécurité mis en place dix jours plus tôt, avant de pénétrer dans la grande cour désertée. Encore une bonne moitié des enfants manque à l’appel. Dans le Gard, alors que les cours ont repris depuis le 26 février, de nombreuses familles du Chemin-Bas-d’Avignon n’osent plus laisser leurs enfants dans l’école de ce quartier sensible, assiégé depuis plusieurs années par le trafic de stupéfiants.

Le 8 février, une double fusillade avait éclaté en plein après-midi dans la rue longeant l’établissement, à l’heure où une classe revenait en bus d’une sortie scolaire et où les maternelles étaient en récréation. Le 20 février, un homme de 39 ans, connu des services de police, perdait la vie, tué par balle sur un point de deal devant son fils de 8 ans. A cran, exaspérée, une majorité de l’équipe pédagogique n’a pas fait sa rentrée après les vacances d’hiver. Quatorze des seize enseignants étaient en arrêt, au moins jusqu’au 8 mars, pour accident de service.

Les parents ne veulent plus vivre ce ­calvaire quotidien lorsqu’ils doivent emmener leurs enfants aux portes de Georges-Bruguier. « On n’en peut plus, témoigne un groupe de mères sous couvert d’anonymat par peur des représailles. Des tirs ont lieu en pleine journée et ça devient presque habituel. A tout moment, on peut se prendre une balle perdue. » Fazia, une grand-mère, poursuit : « L’autre jour, une balle a atterri dans l’appuie-tête côté passager de la voiture d’une mère de famille avec des enfants à l’intérieur. Ce n’est pas vivable ! »

Le sentiment d’un danger imminent

Les façades blanches de ce groupe scolaire aux allures de bâtiment administratif des années 1960, construit en forme de U avec une grande cour au milieu, font grise mine. La clôture anti-intrusion de trois mètres de haut, installée en 2021 tout autour de l’établissement pour empêcher les dealeurs de pénétrer à l’intérieur, provoque, chez les petits et les grands, le sentiment permanent d’un danger imminent. Comme si l’insouciance n’avait plus sa place.

Nadia, 38 ans, élève de Bruguier dans les années 1980, aujourd’hui mère de famille, s’en désole : « Quand j’étais petite, il n’y avait pas ces grillages si hauts. On dirait une prison, maintenant. Les mamans parlaient sur le trottoir, ça jouait, ça rigolait. Je n’ai jamais entendu les “Arah” [le signal entre guetteurs pour prévenir de l’arrivée des policiers dans le quartier] en classe, alors que mes enfants y sont habitués. Mon fils de 8 ans, qui a entendu la fusillade, fait des cauchemars toutes les nuits. »

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2024-03-07 06:00:07
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