Le pied droit bandé en l’air, couché et gavé de médicaments qui l’empêchent très peu de souffrir le martyre, encore ce mercredi 6 mars au matin: c’est comme ça que Mathieu (sur)vit depuis le 26 février et l’opération qu’il a subie pour se débarrasser de l’ongle incarné de son gros orteil. Le trentenaire avait mal depuis six mois mais, en soi, il n’y avait rien d’urgent. ” Mais lors de notre semaine de vacances à La Panne, une amie m’a renseigné l’hôpital régional Az West à Veurne (Furnes), la ville voisine. Elle y avait été bien accueillie et eu un rendez-vous en quelques jours alors qu’il faut parfois plusieurs mois chez nous.” En trois jours, l’intervention de Mathieu était fixée. ” Sans même voir d’anesthésiste pourtant, vu ma santé…“
Ce que nos pieds disent de l’état de santé de notre corps
Ni vu ni connu
Le matin du 26 février, tout a roulé, à 7 h 40, le patient était en route pour le bloc. Le chirurgien attendait son heure, sur un appui de fenêtre, en pianotant sur son smartphone – “interdit en salle d’op’, normalement ” – tandis que son assistant préparait le matériel à mains nues. “Pas de gant, pas de désinfection, j’ai voulu faire la remarque mais c’est à ce moment qu’on m’a endormi. ” Trop tard pour faire marche arrière.
“Je suis ressorti de là à 9 h 40. Mes proches, dont mon époux qui est aide-soignant, ont eu toutes les peines du monde à me réveiller. Comme je fais des apnées du sommeil – jusqu’à 19 par nuit –, j’aurais dû avoir mon masque CPAP pour reprendre connaissance. En fait, j’aurais pu y rester. Mais le chirurgien m’avait dit que je n’avais pas besoin de lui dresser tous mes antécédents.” Une aberration pour les médecins et spécialistes que Mathieu a vus depuis. “Ils m’ont dit que l’hôpital aurait dû me garder deux nuits, minimum.“
Il n’en fut rien et, à 17 h, Mathieu était dehors après les dernières recommandations du chirurgien sur le mode: “s’il y a de l’infection, voyez votre médecin mais il est impossible que vous ayez mal, maintenant, vous avez reçu une surdose locale d’antidouleur qui va agir pendant une semaine.“Bernique !”À cause de la douleur, je n’aurais pas su rester à la Côte. Selon le médecin, j’aurais pu conduire… heureusement que mon époux a pris le volant. Et à 1h du matin, j’arrivais aux urgences au CHR de Namur. Ils ont déballé mon orteil, c’était gonflé. Un travail de boucher ! Des chairs avaient été coupées là où il faut couper la peau puis la partie d’ongle en cause à la racine – découpe qui dans mon cas a été mal faite.“
Risque de septicémie
Quatre jours après, le médecin traitant de Mathieu envoyait les clichés de son doigt de pied à un spécialiste: il y avait surinfection et les fils étaient nécrosés. “Il fallait les enlever le plus rapidement possible. Comme ils étaient pris dans mes chairs, elles ont dû me tenir à deux pour y arriver, j’en ai pleuré.” Depuis, il y a toujours plus d’hématome et d’infection. “Je ne peux pas poser le pied, encore moins faire d’efforts, ça risquerait de rouvrir la plaie. Et avec les antibiotiques et antidouleurs, ça passe 15 minutes puis ça me relance. Il faut surveiller la nécrose, la tache qui est à la racine de mon gros orteil mais aussi des deux plus proches, également gonflés. Si la nécrose grandit, je dois tout de suite aller aux urgences et me faire soigner en intraveineuse. Je risque la septicémie. “
Mathieu prend son mal en (im)patience et s’en mord les doigts. Outre l’ordre des médecins, il a contacté l’Az West pour avoir des explications. “Je ne demande pas de l’argent en dédommagement, peut-être qu’ils interviennent sur la facture de l’opération et reconnaissent que l’opération a été mal faite. ” La médiatrice de l’hôpital flamand a sondé le chirurgien en cause avant de répondre: “Le médecin regrette ce qu’il s’est passé, mais estime qu’il a agi lege artis (c’est-à-dire avec le soin requis, de la manière médicale habituelle) et qu’il s’agit malheureusement d’une complication. Cela peut arriver en postopératoire.“
Autrement pris en charge à Namur
Mouais, pensent Mathieu, ses proches et les médecins et assistants vu depuis. “Ma généraliste m’a dit qu’en huit ans elle n’avait jamais vu ça.“
Si la situation ne dégénère pas, Mathieu devrait être réopéré mercredi prochain, le 13 mars, au CHR de Namur. “Là, pour le coup, j’ai déjà vu l’anesthésiste, il est déjà prévu que je reste deux nuits en observation, si pas plus, comme cela aurait dû être le cas. Et, pour le réveil, j’aurai mon masque CPAP. Ce jour-là, je serai le dernier patient à entrer au bloc. Pour ne pas risquer d’infecter d’autres… là où à Veurne, j’étais le premier. J’espère que ceux qui ont suivi, vu le manque d’hygiène, n’ont pas été contaminés.“
Le vrai et le faux sur les soins des ongles
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2024-03-08 13:01:00