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Van Hool : une descente aux enfers inéluctable

by Nouvelles
Van Hool : une descente aux enfers inéluctable

Hélas, cet bel engagement fait maintenant partie du passé de cette entreprise familiale qui a été fondée en 1947. Présagée depuis plusieurs jours, l’annonce d’une vague de licenciements importante a été confirmée lundi matin lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire : pas moins de 1 116 postes sur un total de 2 494 emplois seront supprimés au cours des quatre prochaines années, dont environ 834 dès cette année.

Van Hool : situation critique pour le constructeur belge, jusqu’à 1100 emplois menacés

Cela illustre l’étendue de la crise sociale qui touche le célèbre constructeur de bus pour les transports publics, les autocars ou même les véhicules industriels, comme les citernes semi-remorques. Il s’agit même du plan de licenciement collectif le plus massif en Belgique depuis celui du groupe Carrefour en 2018, lorsque l’enseigne de grande distribution avait licencié 1 233 employés.

En Macédoine du Nord depuis 10 ans

Il s’avère que la production de bus sera délocalisée en Macédoine du Nord, un pays des Balkans situé au nord de la Grèce. Ce départ vers la Macédoine du Nord n’est pas vraiment une surprise : il y a 10 ans, Van Hool a inauguré un site de production d’autocars dans la banlieue de la capitale Skopje.

C’est d’ailleurs en Macédoine que le nouveau type d’autocar “standardisé” pour l’Europe et les nouveaux marchés, plus abordable, le EX, est construit depuis 2015.

« Les coûts salariaux sont 80 % plus élevés en Belgique qu’en Macédoine », expliquait à l’époque le patron de l’entreprise, Filip Van Hool. « La porte vers les pays à bas salaires est ouverte. C’est un danger », avait réagi Hans Vaneerdeweg de la FGTB-Métal lors de l’annonce de l’intention de l’entreprise de s’implanter dans la région. Une inquiétude également partagée par Luk De Bock de la CSC-Metea : « C’est un début, c’est clair. Nous nous posons des questions pour le long terme.

Les craintes sont donc devenues une réalité, qui pourrait être encore plus sombre si Van Hool ne trouve pas rapidement de nouveaux financements. Tel un épée de Damoclès, la faillite pure et simple attend en effet le constructeur à très court terme. « Trouver une solution en trois semaines est quasiment impossible », ont réagi en front commun les trois syndicats. Le couperet tombera en effet le 31 mars prochain si Van Hool ne parvient pas à trouver une bouffée d’oxygène financière. Une réunion entre le gouvernement flamand et les quatre grandes banques du pays lundi n’a pas encore permis de trouver une solution.

Les réserves financières de Van Hool sont passées de 133 millions d’euros fin 2019 à 6 millions actuellement.

Selon Le Temps, qui a révélé vendredi les difficultés du constructeur anversois, les réserves financières de Van Hool sont passées de 133 millions d’euros à 6 millions actuellement. L’entreprise est également confrontée à d’importantes dettes, en plus des retards de paiement des cotisations sociales et des factures aux fournisseurs. Et là, il n’y a pas de pardon.

Descente aux enfers

Comment expliquer cette descente aux enfers ? Les raisons sont nombreuses et prévisibles. Les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées aussi bien par la crise sanitaire du coronavirus que par l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes il y a deux ans, deux chocs qui avaient également touché les constructeurs automobiles. L’inflation et la hausse des salaires, associées à une baisse de la demande et à un retard dans l’électrification de sa gamme, ont ajouté une couche supplémentaire de difficultés, poussant Van Hool à faire appel à un manager de crise pour trouver une solution miracle.

Deux économistes influents en Flandre l’affirment : le gouvernement flamand ne doit pas venir au secours de Van Hool

La situation de Van Hool aurait-elle pu être moins catastrophique si De Lijn – la société flamande de transports publics – ne lui avait pas tourné le dos en début d’année en choisissant d’acheter des bus du constructeur chinois BYD ? L’annonce de cette commande de 92 bus électriques avait logiquement suscité la polémique au nord du pays. Ce choix découlait cependant d’un appel d’offres pour lequel BYD avait proposé un prix inférieur de 20 % pour ces véhicules construits dans l’usine hongroise de BYD, où le constructeur chinois va également implanter son usine de construction de voitures et non en France, là encore en raison de différences de salaires.

Pour beaucoup, si Van Hool avait remporté le marché, cela aurait été comme mettre un emplâtre sur une jambe de bois. Cela aurait tout au plus permis à Van Hool de garder la tête hors de l’eau un peu plus longtemps, d’autant plus que le contrat de 112 bus électriques à batterie décroché quelques jours plus tard auprès de la société néerlandaise Qbuzz n’a pas fondamentalement changé la donne.

Étant donné qu’il s’agit d’un licenciement collectif, la procédure appliquée est bien sûr la loi Renault avec trois moments de concertation au cours desquels les syndicats espèrent limiter les pertes sociales. Cette loi Renault a été mise en place suite à la fermeture de l’usine Renault de Vilvorde, lorsque le constructeur français avait décidé de mettre la clé sous la porte pour rationaliser sa production. Plus de 3 000 personnes avaient alors perdu leur emploi.

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