Depeche Mode surprend avec un concert sensationnel à Madrid | Culture

Depeche Mode surprend avec un concert sensationnel à Madrid |  Culture

2024-03-13 03:48:01

Les lumières sont éteintes. Puis, un éclairage violet apparaît et un son de basse industrielle éclate. On ne s’est pas trompé : nous sommes à un concert de Depeche Mode. Aussi pour l’accueil passionné : 17 000 personnes, billets vendus. Tout comme jeudi dans ce même lieu (WiZink Center de Madrid) et le 16 au Palau Saint Jordi de Barcelone et le 21 au BEC de Bilbao. C’est l’aval d’une carrière cohérente et intégrale, avec ses périodes logiques de vallée ; peut-être, avec The Cure, la trajectoire la plus respectable des groupes qui ont triomphé dans les années 80 et qui sont toujours actifs. Une affirmation qu’aucun de ceux qui étaient présents hier soir à son concert à Madrid ne pourra réfuter. Depeche Mode a submergé pendant deux heures et quart dans un récital sensationnel plein de classiques, avec des arrêts sur leur nouvelle œuvre et avec un hôte, Dave Gahan, absolument éblouissant.

Le groupe britannique perd des membres depuis plus de quatre décennies (d’abord avec la défection de Vince Clarke puis en raison du décès d’Andy Fletcher), mais le désormais duo (Dave Gahan et Martin Gore) maintient un engagement artistique inébranlable. Pour montrer qu’ils sont toujours créatifs, ils ont ouvert le concert hier soir avec deux chansons de leur nouvelle œuvre, Souvenir Mori, 2023 : l’apocalyptique Mon cosmos est à moi, oui Langue qui remue, la chanson que U2 aimerait composer aujourd’hui mais qui ne sort pas. Il est surprenant de constater le peu de matériel électrique utilisé par le groupe et l’armure sonore rocheuse qu’il génère. Le seul instrument qui fait à peine une pause est la batterie presque orchestrale de cette merveille des baguettes qu’est l’Autrichien Christian Eigner. Seulement trois autres hommes sur scène, dont un ne jouant pas. Mais ce que Dave Gahan apporte est un départ.

Panoramique de la scène, hier soir. De gauche à droite : Martin Gore (guitare), Dave Gahan (chant) et Christian Eigner (batterie).
JUANJO MARTIN (EFE)

Avec un costume noir, une chemise légère, très élégante, sexy et avec des bottes blanches à talons flamenco, Gahan ressemblait à un Roméo nocturne avec des touches de Joker histrionique et cynique (version Joaquin Phoenix). Le chanteur exhibait des mouvements d’une plasticité que Noureev admirerait. Un exploit pour celui qui a utilisé son corps désormais fibreux pour expérimenter toutes sortes de produits chimiques hallucinogènes et qui aura 62 ans dans quelques mois. Même ses gracieux claquements de doigts étaient une œuvre d’art plastique. Et sa voix, puissante et grave, remplissait le pavillon de drame. En revanche, Martin Gore, aux cheveux blonds bouclés, est resté statique pendant presque tout le concert, se concentrant tantôt sur les claviers, tantôt sur la guitare électrique et interprétant des refrains très précis. Il était sensationnel surtout avec la guitare, la jouant sans exhibitionnisme, avec retenue et en extrayant des sons à la fois tranchants et beaux. Gore avait son protagoniste au chant principal à mi-chemin du concert, interprétant Strageamour oui Quelqu’un, qu’il a enchaîné avec sensibilité. Ce furent les minutes les plus détendues du concert. Lorsque Gahan est revenu sur scène, il a complimenté son partenaire : « Une merveilleuse voix angélique. »

La scène était sobre et belle, avec un écran géant au fond où des fragments de clips vidéos avec des images de ce qui se passait sur scène. Une immense lettre M est apparue superposée à l’écran et des visuels artistiques ont émergé. Depuis la scène, il y avait une passerelle sur laquelle Gahan glissait occasionnellement (dire qu’il marchait ne serait pas vrai) pour rester à quelques mètres du public sur la piste. Le chanteur s’est adressé au public avec maîtrise et finesse. Pas de cris et de « allez ». Non non. Il bougeait son corps et les gens le suivaient, hypnotisés. Parce que le récital s’est déroulé sous son éminent contrôle, sans concessions majeures à la démagogie pavillonnaire. Seulement à la fin, dans Je ne peux tout simplement pas en avoir assez, Gahan a joué « oeeeeeeeeh » avec le public.

Un autre moment du concert de Depeche Mode au WiZinz Center.
Un autre moment du concert de Depeche Mode au WiZinz Center.
JUANJO MARTIN (EFE)

Le chanteur a constitué un bon équipement esthétique avec le pied de micro, qui a été son partenaire de danse soumis tout au long de la nuit. Même lorsqu’il attrapait ses parties génitales d’une main et poussait son bassin de manière obscène, il le faisait avec classe. Une humble recommandation pour le secteur masculin : ne l’essayez pas, surtout entouré de monde, car cela ne se passera jamais comme l’a fait le chanteur de Depeche Mode.

Ils sonnaient des classiques comme Politique de vérité, marcher à ma place, je te sens, ce n’est pas bon…Ils ont consacré Au volant à Andy Fletcher, et dans Profiter du silence Ils ont invité une danseuse, Belén López, pour apporter une touche flamenco. Eh bien, c’est bien mieux que d’agiter un drapeau espagnol, là où il va s’arrêter. Ils ont ensuite pris une petite pause pour enchaîner quatre pièces finales infaillibles qui mettent le WiZink à ses pieds : J’attends la nuit, je n’en ai jamais assez, je ne me laisse plus jamais tomber et une version très rock de Jésus personnel.

Lorsque les quatre se sont embrassés au bord de la scène pour dire au revoir au public, Gore a levé le bras et a pointé son index vers Gahan : même son partenaire s’est rendu au chanteur.

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