Helldivers 2 ne s’encombre pas de faux-semblants. Son univers pille sans vergogne le patrouilleurs de l’espace de Paul Verhoeven, brûlot antiguerre et provocateur dans lequel le cinéaste néerlandais organisait le télescopage de la science-fiction, de l’imagerie nazie et du devenir fasciste des médias, des politiques et du divertissement dans l’Amérique triomphante de “la fin de l’histoire”. De la même manière, Helldivers 2 bombarde son joueur troufion de messages de propagande lui enjoignant de propager la paix et le napalm sur les insectes ennemis de la liberté qui menacent nos modes de vie.
Mécaniques très bien réglées
Le copié-collé pourrait être un peu honteux, s’il ne provoquait au contraire un sentiment de juste retour des choses en investissant le champ du jeu vidéo (le film s’inspirant de son imagerie), et plus précisément celui du jeu de tir, si largement gagné à la cause de l’exaltation guerrière la plus crasse. Certes dans Helldivers on joue encore à la guerre, mais en en exagérant tellement les travers (les discours nationalistes, la destruction de l’autre quel qu’il soit, le soldat chair à canon) que l’exercice tient de la satire révélatrice, exposant la logique de pratiques si ancrées dans le langage des jeux de tir qu’elles tiennent de l’évidence.
Mais c’est probablement à ces mécaniques très bien réglées que Helldivers 2 doit d’être devenu le succès surprise de ce début d’année. Imposant un rythme endiablé, particulièrement adapté au jeu coopératif, la création des vétérans suédois de Arrowhead repose sur l’intimidation, l’écran étant régulièrement envahi de hordes ennemies destinées à faire perdre son sang-froid, à maintenir ses joueurs dans un état de confusion propice aux dommages collatéraux (nombreux et réguliers). L’amusement collectif propre à ce type de jeu participant à nourrir son discours critique.
Helldivers 2 de Arrowhead Game Studio sur PC et PlayStation, 40€ env.
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