Par Sophie Quesnel
Publié le
17 Mar 24 à 1:46
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Lorsqu’ils ont repris l’hôtel Flaubert à Trouville-sur-Mer, il était fort probable que le producteur trouvillais Pierre-Antoine Capton et Jean-Philippe Cartier l’industriel de l’économie, inventeraient des événements pour écrire un nouveau chapitre de la vie de l’établissement.
Nous avions envie de faire vivre le lieu toute l’année, déclare Pierre-Antoine Capton. Trouville a besoin de plus d’événements culturels. Et comme un hôtel appelé Flaubert doit avoir son prix littéraire, avec Jean-Philippe Cartier, nous avons souhaité le créer.
« Un moment de communion littéraire »
Le Prix Flaubert récompense un ouvrage de langue française sorti lors de la rentrée littéraire d’hiver. Son jury est composé de personnalités et d’auteurs trouvillais “qui défendent particulièrement la station balnéaire”, comme le souligne son président David Foenkinos.
L’auteur de La Délicatesse et plus récemment de Numéro deux apprécie de voir naître de nouveaux prix littéraires.
Certains disent qu’il y en a trop mais pour moi c’est magnifique de pouvoir mettre en lumière Frédéric Pajak, un écrivain qui n’est pas forcément connu du grand public mais qui a une œuvre magnifique. C’est extrêmement plaisant d’avoir un moment de communion littéraire. Cela nous permet aussi de découvrir des auteurs. C’est toujours un plaisir de participer à des prix littéraires. Celui-ci est un peu particulier pour moi car j’ai fait ma maîtrise sur Flaubert. J’ai le sentiment de boucler un parcours.
« Le livre est loin d’être mort »
C’est à la fois rassurant et encourageant de voir un homme d’image se battre pour la littérature et pour enrichir sa ville natale d’événements culturels. Pierre-Antoine Capton n’hésite pas à entreprendre de nouvelles expériences.
Il réussit en l’occurrence à associer hôtellerie et culture : “Le livre est loin d’être mort, il faut redonner sa place à l’écrit, à la lecture, à la presse, au roman et c’est important de pouvoir y participer. C’est une petite goutte d’eau mais c’est bien.”
Pour sa première édition le prix a reçu un très bon accueil. “Nous allons essayer de l’ouvrir. C’est formidable de faire venir des auteurs ici”, annonce l’homme de télévision qui, pour l’occasion, se mue en ambassadeur de la plume.
Dans le calme du soir
Dans le calme du soir, est un récit mémoriel tout en nuances de l’écrivain et dessinateur franco-suisse Frédéric Pajak. Il est un temps où la mémoire réclame sa part de souvenirs, fidèles ou embellis, ou encore distordus par le passage des jours. Soixante-sept ans : c’est un âge raisonnable pour se livrer à cet exercice. Souvenirs de la classe de neige, à l’époque des premiers tire-fesses (ou “tire-flemme”, en Suisse romande), souvenirs d’un bref séjour à l’École des beaux-arts, au temps de l’adolescence, souvenirs d’un labeur éprouvant, sans lendemain, souvenirs de la mort aussi ; et puis souvenirs de la famille, et notamment de trois oncles : l’un a combattu aux côtés du général Leclerc après avoir été enrôlé de force dans la Wehrmacht ; un autre a fait la guerre d’Indochine ; quant au troisième, fils d’un important fasciste italien, il est devenu un diplomate influent de la construction européenne. Trois oncles, trois fantômes qui reviennent toujours, confiant à leur neveu leur fierté, leurs souffrances, leurs petits et grands secrets, comme autant de moments douloureux de l’Histoire de France.
Un auteur discret
Un peu à l’écart des membres du jury pour être mis en valeur, Frédéric Tax dédicace son ouvrage au grand air de rue des Bains, devant la librairie L’usage du papier. Au lendemain de la remise officielle du prix, il ne réalise toujours pas. “C’est inattendu, je pensais que je n’avais aucune chance, s’excuse presque l’homme discret. C’est tellement surprenant que j’en reste sans voix.” Plus à l’aise avec son stylo, il reprend sa dédicace. Il a tout dit ou presque.
Frédéric Tax, Dans le calme du soir. Noir sur Blanc, 256 p., 25 €.
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