Les élèves des nouvelles écoles primaires construites à Québec fréquentent des toilettes mixtes, une disposition que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, compte interdire dans une directive prochainement transmise au réseau scolaire.
• À lire aussi: Opposition à la publication d’un classement public des écoles
• À lire aussi: Tableau de bord de l’éducation : Québec envisage de créer un “palmarès” des écoles
Le centre de services scolaire des Premières-Seigneuries a invité les médias lundi à l’inauguration officielle de deux nouvelles écoles primaires qui ont accueilli leurs premiers élèves à la rentrée de l’automne dernier.
L’une est située à Beauport et l’autre sur le site de l’ancien Jardin zoologique de Québec, à Charlesbourg.
En plus des grands espaces lumineux, des salles de classe flexibles et des aménagements dans les couloirs devenus une extension de la salle de classe, ces nouveaux bâtiments sont également équipés de toilettes mixtes uniquement, avec des cabines entièrement fermées.
Des élèves pas toujours à l’aise
Ce nouveau dispositif nécessite cependant une adaptation de la part des élèves qui se posent des questions à ce sujet, a déclaré la directrice de l’école primaire de l’Ancrage, Patricia Boulé.
Cela ressort notamment des rencontres qui ont eu lieu avec les jeunes pour connaître leur avis sur leur nouvelle école.
“Les toilettes, ça les interroge beaucoup. Ils ne sont pas à l’aise, mais nous impliquons les élèves dans la recherche de solutions. Nous sommes en période d’ajustement”, déclare Mme Boulé.
Il serait cependant difficile de revenir à des toilettes séparées pour les garçons et les filles, car les élèves devraient alors parcourir de trop longues distances pour s’y rendre, explique Mme Boulé.
A l’école des Grands-Bâtisseurs, la directrice Catherine Dufour indique que tout se passe bien malgré quelques problèmes de propreté, surtout chez les jeunes garçons.
Mme Dufour voit d’un bon œil la présence de toilettes non genrées dans son établissement. “Lorsque nous allons au restaurant, de plus en plus, dans les nouveaux endroits, ce sont des toilettes mixtes. Dans un milieu éducatif, il est important de s’adapter à ce qui se passe dans la société en général et c’est un bon moment pour éduquer les élèves et leur apprendre à utiliser les toilettes mixtes”, affirme-t-elle.
A partir de la fin du primaire, certains élèves peuvent se questionner sur leur identité de genre, ajoute Mme Dufour. “Oui, cela peut arriver, mais c’est davantage au niveau secondaire que nous approfondissons le sujet… Au primaire, nous commençons seulement à effleurer la question”, précise-t-elle.
Pas une première
Au centre de services scolaire des Premières-Seigneuries, le directeur des ressources matérielles, Denis Delisle, indique qu’il ne s’agit pas d’une première. Depuis quelques années, le deuxième bâtiment de l’école primaire des Constellations dispose également de toilettes non genrées.
Cette décision a été prise pour se conformer aux nouvelles normes de construction des écoles primaires édictées par le ministère de l’Éducation, précise-t-il.
“Cela vient du ministère de l’Éducation, nous l’avons mis en place”, affirme M. Delisle.
Cependant, il n’y a aucune mention spécifique des toilettes mixtes ou non genrées dans le Guide de planification immobilière du ministère de l’Éducation destiné aux écoles primaires.
Il est toutefois mentionné que la “diversité croissante des personnes” doit être prise en compte, notamment en tenant compte des “caractéristiques personnelles ou identitaires telles que le sexe, le genre et l’orientation sexuelle”.
Toujours à Québec, les élèves du Lab-école situé dans le quartier Limoilou, qui porte le nom de l’école Stadacona, utilisent également des toilettes mixtes, indique le centre de services de la Capitale.
Des toilettes mixtes bientôt interdites
Le débat sur les toilettes mixtes a refait surface à l’automne dernier dans l’espace public, mais ce sont surtout les aménagements dans les écoles secondaires qui avaient retenu l’attention.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, avait alors annoncé clairement son intention d’interdire les toilettes non genrées dans les écoles.
À son cabinet, on a précisé lundi qu’une “directive sera bientôt émise à ce sujet dans l’ensemble du réseau scolaire”.
“Les toilettes pour garçons et les toilettes pour filles sont là pour rester”, a déclaré son attaché de presse, Antoine de la Durantaye.
Cependant, il n’est pas question de contraindre les écoles à apporter des modifications aux installations existantes, a-t-il précisé.
