2024-03-19 22:55:07
Le film, disponible sur Prime Video, est la première œuvre de Cord Jefferson et met en scène un écrivain noir chic et très radical.
Il y a de nombreuses raisons d’admirer sur Prime Video Fiction américaine nominé pour 5 Oscars (il a remporté celui du scénario, trop ennuyeux pour en gagner d’autres), mais pas sorti en salles. Ne manquez donc pas ce premier ouvrage du journaliste et scénariste Cord Jefferson, qui reprenait une double satire mordante du roman quasi autobiographique Cancellation de Percival Everett (publié par le Ship of Theseus), d’une part sur les écrivains afro-américains et sur les stéréotypes avec lesquels ils se trouvent, ils décrivent souvent pour émouvoir les lecteurs blancs, d’autre part ridiculisant (un grand caméo d’Adam Brody) l’industrie de l’édition liée à Hollywood qui cherche le best-seller, mêlant poétique, polémique, horreur.
Le scénariste noir Thelonius Monk Ellison (synthèse idéale entre le pianiste Thelonius Monk et l’écrivain Ralph Waldo Ellison) se trouve à un tournant de sa carrière : il écrit des livres trop savants et difficiles, qui se vendent mal, il échappe aux clichés, il ne veut pas pour écrire comme le public l’attend, il soutient qu’il est professeur à l’université avec des étudiants trop politiquement corrects, dit que la question de la race est dépassée, mais les taxis le laissent à terre pour récupérer les clients blancs. Bref, c’est un véritable chic radical avec une situation familiale complexe sur les épaules, une mère qui sombre dans la maladie d’Alzheimer et qui ira visiter son Boston natal, un frère gay, cocaïnomane, divorcé ou interdit et, dans la foulée, une sympathie amoureuse, écrasante pour Coraline (Erika Alexander), la voisine compréhensive mais intransigeante.
Ce qui le fait changer d’avis, la goutte qui fait déborder le vase, le succès d’un roman afro-américain écrit juste pour le plaisir, avec les clichés du cinéma, pense-t-il avec une mauvaise foi soupçonnée : alors mieux vaut se jeter dans la mêlée, retourner littérairement au ghetto pour démontrer que le pire gagne, calculer chaque réaction. C’est ainsi qu’à contrecœur, il écrit un livre qu’il intitule Fuck (ou plutôt Phuck pour hypocrisie), se faisant passer pour un forçat en fuite, inventant donc une histoire policière, prenant le nom de scène de Stagger Lee, personnage du criminel américain légende dans le Saint Louis de la fin du XIXème siècle, vedette d’une ballade folklorique de 1923.
Avec ces références très pop, il gagne gros, Hollywood le comble de dollars, les récompenses lui appartiennent, mais la double identité finit par lui causer des ennuis, prévus et démontrés de manière dramaturgique par le metteur en scène compétent et par un calcul moral. On assiste, avec de grands acteurs, à la métamorphose d’un écrivain noir qui apprend à écrire des romans assez noirs, sans perdre de vue la sphère privée : la mère oublieuse (Leslie Uggams), la sœur (Tracee Ellis Ross) sont excellentes, le frère Sterling K est l’excellent Brown, nominé pour un Oscar ainsi que le magnifique protagoniste Jeffrey Wright.
une histoire qui nous concerne en tant que spectateurs : la fiction du titre est celle des romans noirs et du cinéma, mais elle prend ici aussi le sens d’une intrigue pour échapper à une réalité, raconter des mensonges en les faisant passer pour vrais. Qui a raison? Les Noirs ne sont plus ceux d’Autant en emporte le vent et cet écrivain très bourgeois le prouve, mais derrière il y a un débat actuel et plus large sur la Cancel Culture, avec des dialogues tout juste sortis des presses, sur l’humour des clichés sur le racisme qui ne disparaissent jamais. à la mode, signe qu’il faut toujours recommencer les cours.
Corriere della Sera également dans WhatsApp. assez Cliquez ici pour vous abonner à la chaîne et être toujours mis à jour.
19 mars 2024 (modifié le 19 mars 2024 | 20h54)
© TOUS DROITS RÉSERVÉS
#American #Fiction #une #double #satire #mordante #politiquement #correct #note #Corriere.it
1710899856