Bipolarité : comment les lettres écrites par Van Gogh suggèrent qu’il souffrait de trouble bipolaire

A l’occasion de la Journée mondiale bipolaire, célébrée chaque année le jour de son anniversaire (le 30 mars), la BBC s’est entretenue avec l’un des auteurs de l’étude.

“Nous avons eu la chance d’avoir étudié presque mille lettres que Van Gogh a écrit à son frère et à d’autres, et sur lesquels nous basons nos conclusions”, déclare Willem Nolen, professeur de psychiatrie à la retraite de l’Université de Groningen aux Pays-Bas.

Nolen a déclaré à la BBC que les lettres donnaient à son équipe l’occasion d’examiner les symptômes dans le but de poser un diagnostic.

L’intention des auteurs était de réaliser un « entretien diagnostique approfondi » de Van Gogh, le patient, à travers ses lettres, afin d’analyser sa situation psychiatrique, même s’ils reconnaissent que le peintre n’écrivait pas pour un médecin et qu’il est possible que n’a pas toujours été complètement honnête dans ses descriptions.

“Il est possible qu’il ait exagéré ses symptômes dans ses lettres à son frère parce qu’il avait besoin de plus d’argent et de plus de soutien. Mais on peut aussi imaginer que lorsqu’il a écrit une lettre à d’autres membres de sa famille, y compris à sa mère, il a peut-être fait en sorte que les symptômes cela semble moins grave”, a déclaré le professeur Nolen.

Qu’est-ce que le trouble bipolaire

Les traitements comprennent :

Source : Service national de santé du Royaume-Uni (UK NHS).

Comment être sûr qu’il souffrait de ce trouble au lieu de souffrir d’autres comme la schizophrénie, la neurosyphilis ou un empoisonnement ? La réponse réside dans les preuves qu’il a laissées derrière lui.

Le professeur Nolen a passé en revue les six volumes de lettres. Trois historiens de l’art différents du musée Vincent van Gogh aux Pays-Bas, tous experts de la vie et de l’œuvre du peintre, ont été interrogés dans le cadre de l’étude.

La conclusion de l’étude réalisée par les chercheurs de l’International Journal of Bipolar Disorder était que Van Gogh avait développé trouble bipolaire, avec des caractéristiques du trouble de la personnalité limiteet cela “a probablement empiré en raison de la consommation d’alcool combinée à la malnutrition”.

Au cours de sa vie, Van Gogh lui-même a montré des signes de ne pas bien comprendre ce qui lui arrivait. Il a parlé d’une «fièvre ou folie mentale ou nerveuse». “Je ne sais pas exactement quoi dire ni comment le nommer”, a-t-il déclaré. Dans un premier temps, peut-être pour rassurer sa famille, il décrit sa maladie comme « une simple crise de folie d’artiste ».

Mais les auteurs de l’étude ont trouvé des preuves qu’il souffrait de dépression pendant l’adolescence, répondait aux critères d’un trouble de la personnalité limite, buvait beaucoup et il s’est fait du mal. Ce sont les indications selon lesquelles il a traversé des phases distinctes de dépression et de manie qui indiquent le plus clairement un trouble bipolaire.

“On ne sait pas exactement de quelle forme de trouble bipolaire il souffrait, car même si ses épisodes de dépression étaient clairement très graves, nous ne pouvons pas déterminer à partir des lettres s’il souffrait du côté maniaque”, a expliqué le professeur Nolen.

Nous savons par sa production artistique qu’il y a eu des moments dans la vie de Van Gogh, notamment vers la fin, dans laquelle il fut très productif, peignant des portraits et des autoportraits, des champs et des fleurset à l’asile de Saint-Rémy, où il séjourna plus d’un an.

Le professeur Nolen dit qu’il est possible que Van Gogh ait peint davantage lorsqu’il était dans un état hypomaniaque, et cette phase de trouble bipolaire est parfois associée à des épisodes d’extrême créativité.

Plusieurs célébrités actuelles ont parlé ouvertement de leurs propres expériences avec la maladie, notamment Mariah Carey, Demi Lovato, Selena Gomez et Bebe Rexha.et un grand nombre de musiciens, acteurs et artistes, vivants et morts, ont décrit des symptômes très similaires à ceux du trouble bipolaire.

Il y a également des allusions à la phase dépressive du trouble dans les lettres et les œuvres d’art de Van Gogh, explique le professeur Nolen.

Avait “au moins 10 épisodes dépressifssinon plus, et les choses sont devenues plus graves même s’il a été hospitalisé dans un hôpital psychiatrique pendant plus d’un an. »

Selon Van Nolen, lors des épisodes graves et dépressifs, Van Gogh ne peignait pas autant ; parfois il ne le faisait même pas pendant de longues périodes ou il ne peignait que des œuvres « très tristes ».

Vincent van Gogh a eu une vie difficile et difficile, à la fois en tant qu’artiste (il n’a vendu qu’un seul tableau au cours de sa vie) et avec sa santé mentale, mais le professeur Nolen pense que son histoire aurait probablement été différente aujourd’hui.

“Il aurait probablement été diagnostiquéon lui aurait conseillé d’arrêter de boire et peut-être ne tomberait-il pas dans des épisodes dépressifs et maniaques.

“Il est très difficile de dire si cela aurait ou non un effet sur sa qualité de peintre, mais il ne se serait probablement pas suicidé.”

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