2024-04-04 11:25:12
Ainsi commença la dévastation du Saint Empire romain germanique
Afin de briser l’anneau des Habsbourg autour de la France, le cardinal de Richelieu conclut un pacte fatidique avec la Suède en janvier 1631. Cela donna au roi Gustav Adolf les moyens de mener sa guerre en Allemagne.
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WLes dimensions de la guerre de Trente Ans douze ans après son déclenchement sont devenues claires au cours de l’hiver 1630/31. Afin d’assurer l’hégémonie dans la région de la mer Baltique contre les Habsbourg et – s’ils pouvaient l’aider – de sauver les protestants de l’empire, le roi Gustav II Adolphe de Suède débarqua à Usedom en juillet 1630 avec 13 000 soldats. Mais les Allemands, qu’ils soient protestants ou catholiques, le considéraient avant tout comme un invité inattendu qui ne ferait qu’alimenter encore davantage la fureur guerrière. Par conséquent, la marche triomphale suédoise était déjà bloquée en Poméranie et dans le Mecklembourg, tandis que le trésor de guerre de Gustav Adolf se vidait plus vite que ses troupes ne pouvaient avancer.
Le sauvetage est venu d’une source inhabituelle. Bien que ses diplomates l’aient mis en garde contre cela, le premier ministre français, le cardinal Armand-Jean du Plessis, duc de Richelieu (1585-1642), fit au roi une offre alléchante. En échange de subventions annuelles de 400 000 thalers, la France conclurait une alliance avec la Suède, non seulement pour un an, mais pour cinq ans. Le 23 janvier 1631, le traité fut signé à Bärwalde dans le Neumark entre la grande puissance catholique la France et la puissance militaire protestante la Suède. Cela signifiait que la guerre, qui avait commencé comme un conflit religieux, était finalement devenue une lutte pour le pouvoir en Europe.
Aussi inhabituel que soit cet accord, il était tout à fait conforme à la politique française depuis plus d’un siècle. Depuis que les Habsbourg ont unifié les couronnes d’Espagne, d’Autriche et de l’Empire, la France a fait tout ce qui était en son pouvoir pour briser cet étranglement. Richelieu soutient donc les Pays-Bas protestants contre l’Espagne et forme une alliance avec l’Angleterre. Durant la Grande Guerre, le cardinal s’est tenu aux côtés du Danemark jusqu’à sa défaite contre Wallenstein. Mais il s’appuya surtout sur le Bavarois Maximilien Ier dans l’empire, à qui il assura son soutien lors de l’élection de l’empereur.
Cependant, le duc, en tant que chef de la Ligue catholique, se contentait de conquérir l’électorat du Palatinat, qu’il avait obtenu après le renversement de la Bohême, et conservait l’alliance avec l’empereur Ferdinand II. C’est alors seulement que le regard de Richelieu se tourna vers la Suède. Essentiellement, le pays scandinave était considéré comme un partisan de l’Espagne, qui était un acheteur important pour ses produits d’exportation de bois et de goudron. Le diplomate français Hercule de Charnacé a également fortement mis en garde son patron de ne pas se lier trop étroitement à Gustav Adolf, car il ne lierait guère ses opérations à des contrats.
Mais pour Richelieu, affaiblir les Habsbourg était plus important que contrôler la guerre. Après tout, il avait stipulé dans le contrat que Gustav Adolf devait respecter la neutralité des États de la Ligue et que s’il était un jour contraint de conquérir un territoire catholique, la liberté de religion devrait y être garantie. Le Suédois a également approuvé la demande de ne pas signer de traité de paix sans consulter la France. Surtout, le roi s’engage à entretenir une armée de 30 000 fantassins et 6 000 cavaliers.
Cependant, cela n’était pas possible avec les 400 000 Reichstaler qu’il a gagnés grâce au Pacte de Bärwalde. On a calculé que les dépenses de la Suède entre mai 1631 et avril 1632 s’élevaient au chiffre impressionnant de 2,2 millions de thalers. Mais les subventions françaises ont considérablement augmenté la ligne de crédit dont disposait la Suède sur les principaux marchés de capitaux d’Amsterdam et de Hambourg. Avec cette sécurité en toile de fond, les commandants suédois ont pu collecter des fonds sur place dans de brefs délais pour maintenir leurs troupes en vie. Les troupes suédoises devraient obtenir le reste de l’Allemagne ou, comme l’a dit un homme politique suédois : « Il vaut mieux attacher la chèvre à la porte du voisin qu’à la vôtre. »
L’alliance entre Richelieu et Gustav Adolf a finalement transformé la guerre entre domaines impériaux en un conflit européen qui s’est également déroulé à l’échelle mondiale à travers les colonies. Dans le même temps, le nombre d’armées augmentait, mettant à rude épreuve la solidité financière de toutes les personnes impliquées jusqu’à la ruine. Si les paiements s’arrêtaient, les soldats se transformaient en soldats. La conséquence fut la dévastation du Saint Empire romain germanique.
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Cet article a été publié pour la première fois en janvier 2022.
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