Âgée de quatre-vingt-six ans, Mireille Hanchar possède un visage fin et des cheveux blanchissants. Elle affiche un beau sourire mais son regard semble un peu triste. Elle réside dans un appartement situé au septième étage d’une résidence services, dans un charmant quartier de Bruxelles, à proximité de la forêt de Soignes.
Fille de l’aviateur pilote de chasse Georges Hanchar, engagé dans la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale, Mireille a perdu son père le 12 juin 1944, peu après le Débarquement, suite à une mission de bombardement dans le Pas-de-Calais.
Restée célibataire, Mireille a poursuivi sa vie en se consacrant à la peinture, à des expositions et même en travaillant à la Comédie Française. Elle se décrit comme une personne rebelle, sensible à l’injustice, et ressentant le besoin d’être utile aux autres.
Elle raconte les événements qui l’ont amenée à résider dans la chambre 706 de la résidence.
Propriétaire d’un bel immeuble dans le quartier Louise, Mireille a été l’objet de convoitises en raison de son refus de le vendre. Sa famille détenait cet immeuble depuis quatre générations et elle y vivait depuis trente-cinq ans. Des voisins, selon ses dires, ont comploté contre elle, allant jusqu’à la dénoncer de manière abusive. Des policiers seraient alors intervenus et l’auraient conduite de force en gériatrie, malgré les certificats médicaux attestant de sa pleine santé mentale. Une série d’événements s’en est suivie, la laissant sous administration de biens.
Le 18 septembre 2023, elle a dû quitter son domicile, contrainte d’intégrer une maison de repos accompagnée par une assistante sociale. Elle a dû abandonner ses biens, ses souvenirs, et se retrouver dans un environnement qui lui est étranger, sans repères.
Bien que le personnel soit bienveillant et attentif, Mireille aspire à retrouver son chez-soi, se sentant seule et oubliée dans cette résidence. Elle décrit son état actuel comme celui d’une prison dorée, où elle se sent reléguée et mise de côté.
Au moment de refermer la porte derrière nous, son regard bleu-gris laisse transparaître une profonde tristesse qui nous touche en plein cœur.