2024-04-10 18:59:32
Il existe de nombreuses façons de disloquer la réalité. Entre fantômes et obsessions, entre contemplations et persécutions fébriles, le tangible s’échappe et reste suspendu, dans certains cas, à jamais. Dans ces rebondissements quasi métaphysiques, les histoires de Images d’une expositioncinq pièces dans lesquelles Carlos Schilling se distingue par son pouls narratif.
Bien qu’il y ait une indépendance marquée dans les récits, le titre de l’ouvrage anticipe une unité que la lecture confirme. Quelle est l’exposition que constituent ces tableaux ? La réponse immédiate pointe vers les portraits qui cryptent les sens de « Le fantôme d’une princesse russe », « L’élu d’Iván Kramskoi » et « Portrait inachevé », trois histoires qui explorent la profondeur de la fixation esthétique.
Dans le premier, le fantôme d’une femme qui apparaît devant l’invocation de la muse dans un portrait d’Édouard Manet raconte l’obsession fébrile dont souffraient ceux qui l’aimèrent de son vivant ou après sa mort. Dans le second, une jeune femme reçoit des lettres d’un artiste datées d’un siècle plus tôt, et suit des instructions qui la conduisent à devenir le modèle vivant d’un portrait peint 70 ans avant sa naissance. Un sort similaire attend le protagoniste du troisième, qui avec une vie divisée est à la fois étudiant en philosophie de Cordoue et époux de Tamara de Lempicka, une avocate qui pose sous les ordres de sa femme pour un travail destiné à rester inachevé.
Les histoires qui ouvrent et ferment Images d’une exposition Ils ont une texture légèrement différente des autres. Dans « Un empire perdu » et « Un trésor enfoui », le surnaturel est l’une des manières par lesquelles la raison se perd, vers l’aliénation ou vers la sorcellerie.
Dans un cas, la description de la ville de Cordoue par le narrateur est très proche et précise dans ses détails, et se termine par une explication parfaite de la raison pour laquelle lui, descendant de la dynastie des Romanov, s’est consacré pendant des heures à remuer les excréments humains avec un bâton. . Dans l’autre, la figure de la vieille fille du village enfermée dans un manoir et transformée en sorcière à cause d’un chagrin d’amour est utilisée pour faire du surnaturel un vecteur qui pointe vers une réalité plus grotesque et macabre que n’importe quelle malédiction.
Difficile de préciser dans quel passage, dans quelle scène, chaque histoire nous échappe allègrement. Avec une subtilité qui cache des décisions narratives substantielles, Schilling introduit suffisamment de digressions dans chaque histoire pour envelopper le lecteur dans une délicieuse confusion. Chaque pièce de cette compilation est le résultat d’un regard esthétique minutieux qui génère ses propres monstres.
- Photos d’une exposition. Par Carlos Schilling. Éditions Factotum. 2024. 1 636 pages. Carlos Schilling présente le livre ce mercredi 10 avril à 19 heures, chez Rubén Libros (Deán Funes 163, Pasaje Santa Catalina). Il le fera avec le critique Juan Kolasinski et l’écrivain Flavio Lo Presti.
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