2024-04-24 06:45:00
Lorsqu’on parle de richesse et de fiscalité, il y a une maxime qui habite dans l’esprit de 60 % des Espagnols : la classe la plus riche et les grandes entreprises paient très peu d’impôts, tandis que la classe ouvrière – qu’elle soit salariée ou indépendante – assume une charge importante. plus grande en termes comparatifs. En revanche, seulement 10% de la population considère que les taux d’imposition appliqués aux grandes fortunes sont excessifs, selon un rapport publié ce mercredi par Oxfam dans lequel sont analysées les multiples inégalités qui existent dans le pays.
Dans un contexte où la richesse tend à se concentrer entre quelques mains et où l’écart salarial persiste (en 2023, les 20 % les plus riches d’Espagne gagnaient 5,5 fois plus que les 20 % les plus pauvres, selon l’INE), la perception des citoyens est que les revenus élevés paient moins d’impôts qu’ils ne le devraient et que l’État ne redistribue pas équitablement ces revenus. Concrètement, sept personnes interrogées sur 10 considèrent que le système fiscal actuel ne garantit pas une répartition équitable des ressources. Cela signifie que, quel que soit le montant collecté, les dépenses publiques ne permettent toujours pas d’améliorer la qualité de vie de tous les groupes, en particulier des plus défavorisés.
Les doutes quant à la destination des impôts et à leur progressivité expliquent en grande partie pourquoi seulement 42 % de la population espagnole est prête à payer davantage au Trésor si cela sert à réduire les inégalités qui gangrènent le pays. Le consensus, en tout cas, est que cet effort doit être assumé par les couches socio-économiques les plus favorisées. Parmi les revendications citoyennes figurent également la réduction de la TVA et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPF) pour les revenus moyens et faibles, ainsi que l’augmentation des impôts sur les grandes entreprises et les grandes fortunes. En outre, les travailleurs indépendants réclament une plus grande équité dans le paiement des impôts basés sur les bénéfices, car ils perçoivent un avantage fiscal disproportionné en faveur des grandes entreprises.
Malgré de multiples objections au système fiscal actuel, seules deux personnes sur dix pensent qu’une plus grande progressivité serait une mesure utile pour lutter contre les inégalités en Espagne. D’autre part, l’affirmation la plus entendue – par 54 % des personnes interrogées – est que le gouvernement garantirait un emploi de qualité, augmenterait le salaire minimum interprofessionnel, exercerait un plus grand contrôle sur les heures contractuelles et organiserait davantage d’inspections du travail. Cette affirmation n’est en aucun cas isolée, puisque les données d’Oxfam montrent que, malgré les bons résultats de l’Enquête sur la population active depuis la réforme du travail, l’insatisfaction en matière d’emploi est assez répandue – près de 40 % de l’échantillon.
Le mécontentement de la classe ouvrière a un coupable très clair : les salaires, dont la croissance ne suit pas le rythme de la hausse du coût de la vie. Cette disparité signifie que six Espagnols sur dix déclarent avoir besoin d’un deuxième emploi pour des raisons économiques, même si tous n’en ont pas. Autrement dit, moins de la moitié de la population peut faire face à ses dépenses sans avoir plusieurs employés, selon une enquête menée auprès de 4 102 personnes dans tout le pays au cours de l’été de l’année dernière.
Modifications du système fiscal
La philosophie du système fiscal espagnol repose sur le concept de progressivité. Cependant, différentes analyses suggèrent que le taux d’imposition moyen supporté par les ménages les plus riches du pays est bien inférieur à ce à quoi ils auraient théoriquement droit. Concrètement, les 1 % les plus riches sont effectivement imposés sur tous leurs revenus à un taux inférieur à celui du reste des contribuables, y compris ceux qui constituent les 20 % les plus pauvres, selon une étude publiée en février de cette année par la Fondation d’études appliquées. Économie (Fedea). Cela s’explique par le manque de progressivité des impôts indirects – comme la TVA – qui pénalisent davantage les faibles revenus. Cela s’explique également par la baisse des taux d’imposition supportés par l’impôt sur le revenu des personnes physiques sur les plus-values, les dividendes et autres plus-values, qui constituent l’une des principales sources de revenus des salariés aux revenus élevés.
Au-delà de cette étude, il existe un certain consensus sur la nécessité de remodeler en profondeur la fiscalité du patrimoine – comme en témoigne le Livre blanc pour la réforme fiscale. En ce sens, le dernier rapport d’Oxfam insiste sur le fait que sans réforme fiscale, l’Espagne ne sera pas en mesure de déployer de meilleures politiques publiques pour lutter contre les inégalités. Il s’agit d’un sujet brûlant, marqué par l’urgence de l’Administration à lever davantage pour faire face à l’énorme dette accumulée avec la pandémie, la transition écologique et le vieillissement de la population.
Oxfam appelle à rendre permanents les impôts temporaires sur les bénéfices des banques et des compagnies d’électricité et à entreprendre une « profonde réforme de l’impôt sur les sociétés, en particulier pour les grandes entreprises internationales ». Ils jugent également nécessaire une modification de l’impôt sur la fortune, une amélioration de la progressivité de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et un cadre d’harmonisation fiscale de l’Union européenne “pour éviter une concurrence déloyale et mettre à jour la liste des paradis fiscaux”. Selon le texte, il est urgent de promouvoir une réforme « juste » qui garantisse la soutenabilité des caisses publiques dans le nouveau contexte de discipline budgétaire européenne.
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