Face à la résistance de la Serbie, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé d’instaurer une journée de commémoration du massacre de Srebrenica. À l’avenir, le 11 juillet restera dans les mémoires du monde entier.
Le génocide de Srebrenica en 1995 sera commémoré dans le monde entier le 11 juillet. Malgré un certain nombre de voix contre et d’abstentions, l’Assemblée générale des Nations Unies a voté à New York un projet de résolution sur une « journée de réflexion et de souvenir ». Cette journée devrait être officiellement célébrée pour la première fois en 2025.
La résolution correspondante a été approuvée par 84 voix ; 68 pays se sont abstenus. 19 pays ont voté contre, dont la Serbie, la Russie et la Chine. Les journées commémoratives sont en effet décidées à l’unanimité à l’ONU.
Génocide de plus de 8 000 musulmans bosniaques
Le texte préparé par l’Allemagne et le Rwanda vise à rappeler le génocide de plus de 8 000 musulmans bosniaques. “Notre initiative vise à honorer la mémoire des victimes et à soutenir les survivants qui continuent de vivre avec les cicatrices de cette période fatidique”, a déclaré l’ambassadrice allemande à l’ONU, Antje Leendertse. La résolution « condamne sans condition toute négation du génocide de Srebrenica en tant qu’événement historique » et les actions qui glorifient ceux « reconnus coupables par les tribunaux internationaux de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide ».
La Serbie voit la division grâce à une résolution
Le gouvernement serbe a exprimé son mécontentement, arguant que la résolution diviserait la région et créerait une hiérarchie parmi les victimes de la guerre. Le président Aleksandar Vucic a pris le micro avant le vote : “Il est difficile de parler à l’Allemagne, qui représente le pays le plus puissant d’Europe et qui se sent sans équivoque en droit de donner des leçons de morale à tous ceux qui ne sont pas d’accord.” Il a accusé Berlin d’avoir « gardé secret » les travaux sur la résolution. Cette décision rouvre des blessures et provoquera le chaos dans les Balkans. « Pourquoi ces gens n’ont-ils pas commencé à parler du génocide commis par leur pays ? » a demandé Vucic, faisant référence à l’Holocauste.
Cette décision rouvre des blessures et provoquera le chaos dans les Balkans, s’est indigné le président serbe Aleksandar Vucic.
Dans son discours, l’ambassadrice Leendertse a évoqué de « fausses allégations » : « Cette résolution n’est dirigée contre personne – pas contre la Serbie, un membre estimé de cette organisation. Au contraire, elle est dirigée contre les auteurs de génocide.
Caractère génocidaire du massacre légalement prouvé
Au cours de la guerre de Bosnie, 8 000 musulmans bosniaques ont été victimes du massacre de Srebrenica le 11 juillet 1995 et dans les jours qui ont suivi – pour la plupart des hommes et des jeunes hommes. Des femmes, des filles et des enfants ont été déportés dans des bus vers les lignes de front, dans la zone contrôlée par l’armée bosniaque. Les jugements du Tribunal pour les crimes de guerre pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et de la Cour internationale de Justice (CIJ) ont juridiquement établi le caractère génocidaire du massacre de Srebrenica.
Le chef politique des Serbes de Bosnie de l’époque, Radovan Karadzic, et le commandant de la soi-disant Armée serbe de Bosnie (BSA), Ratko Mladic, ont été condamnés à la prison à vie par le TPIY. En Serbie sous le président Vucic et dans la partie serbe de Bosnie, la Republika Srpska, sous son président Milorad Dodik, la négation du génocide de Srebrenica et l’héroïsation de ses auteurs constituent, pour ainsi dire, une politique d’État. Vucic affirme que la résolution de l’ONU condamnerait collectivement le « peuple serbe » – mais elle ne mentionne même pas la Serbie nommément.