Entre Riad Sattouf et le Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, il y a quelque chose d’une histoire d’amour, une relation émaillée d’espoirs, de rencontres, de défis aussi – l’auteur a refusé sa nomination pour le Grand Prix 2016 pour laisser place à une femme. Et de victoires. Un prix Goscinny pour « Les Pauvres Aventures de Jérémie » en 2003, un premier Fauve d’or en 2010 pour le parodique « Pascal Brutal », héros viriliste, un deuxième en 2015 pour son Grand Œuvre, « L’Arabe du futur », six tomes aujourd’hui et plus de 3…
Entre Riad Sattouf et le Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, il y a quelque chose d’une histoire d’amour, une relation émaillée d’espoirs, de rencontres, de défis aussi – l’auteur a refusé sa nomination pour le Grand Prix 2016 pour laisser place à une femme. Et de victoires. Un prix Goscinny pour « Les Pauvres Aventures de Jérémie » en 2003, un premier Fauve d’or en 2010 pour le parodique « Pascal Brutal », héros viriliste, un deuxième en 2015 pour son Grand Œuvre, « L’Arabe du futur », six tomes aujourd’hui et plus de 3 millions d’albums vendus. Et bien sûr ce Grand Prix, octroyé par ses pairs, lors de l’édition 2023. Le FIBD ouvre, avec l’exposition « L’Arabe du futur, œuvre-monde » (1), une nouvelle fenêtre sur son univers.
Un prix Goscinny, deux Fauves d’or et un Grand Prix rien que pour Angoulême. Il vous reste de la place sur la cheminée ?
Le Festival d’Angoulême a toujours représenté beaucoup pour moi ! J’y suis allé enfant, avec mon grand-père. Je rêvais d’approcher les auteurs en dédicace, mais il y avait trop de monde… C’est très émouvant de savoir qu’aujourd’hui, je suis finalement passé de l’autre côté de la table ! J’aime beaucoup ce festival.
Vous n’en avez pas marre de faire l’affiche tous les ans ?
Au contraire ! Je serais ravi de la faire chaque année. C’est un grand honneur et un plaisir ! J’offre d’ailleurs mes services avec joie pour l’année prochaine ! Je veux bien refaire aussi gratuitement les petites statuettes des prix [le design des Fauves a été conçu par Lewis Trondheim en 2007, NDLR]. Il serait temps de les changer (rires).
Être Grand Prix d’Angoulême, il y a quelque chose après ?
Honnêtement, je n’avais jamais pensé que cela puisse arriver un jour, déjà parce que je me trouve un peu trop jeune, ha ha ! Mais il s’agit d’un vote des auteurs, et rien ne pouvait me faire plus plaisir. La bande dessinée, c’est mon sang ! J’en ai eu le souffle coupé. Je commence à peine à faire des livres, je suis encore un bébé (rires)… Et moi qui n’ai jamais réussi à être élu délégué, j’ai aussi trouvé ça très drôle.
Piqué à votre héroïne des « Cahiers d’Esther » : « Une expo qui parle de toi à partir d’une BD qui parle de toi, c’est grave stylé comme mise en abyme, ouèche ! (C’est pas une question en fait, LOL) »
Mdr ta rézon frérot !
Quelle expo du FIBD 2024 vous iriez voir maintenant, tout de suite, on prend la voiture et on y va ?
L’exposition sur « L’Arabe du futur » bien sûr ! Un travail génial de la commissaire Caroline Broué, que j’ai laissé avancer avec beaucoup de liberté et qui a fait quelque chose de très surprenant. J’étais très curieux d’avoir un autre regard sur cette série de livres, de voir quels ponts elle allait pouvoir construire avec tel ou tel auteur. Il y a plein de choses à voir, des dessins, des objets, des photos, des témoignages… Et des œuvres d’autres dessinateurs que j’adore aussi : Moebius, Druillet, Bilal, Crumb…
« Ma jeunesse est liée à la bande dessinée, je l’ai mise dedans pour ainsi dire »
Quelle expo aimeriez-vous voir et qui n’y est pas ? (il reste quelques heures, on peut y arriver)
Difficile à dire ! Une grande exposition Moebius, car je les ai toutes loupées quand il y en a eu, et que c’est l’un de mes dessinateurs préférés.
« Les Cahiers d’Esther », « Retour au collège », « Le Jeune Acteur »… Vous n’en avez pas marre de parler des jeunes ?
Marre, peut-être pas, car ce sont les livres qui décident d’être racontés. J’ai commencé à publier à 18 ans, ma jeunesse est liée à la bande dessinée, je l’ai mise dedans pour ainsi dire. Mais les projets que j’ai en cours s’éloignent un peu de ce sujet ! Nous verrons…
Auteur de BD, réalisateur, éditeur… C’est quoi votre prochain métier ?
Tennisman senior ?
Le film “Pascal Brutal”, on en reparle ? (et avec qui ?)
C’est drôle, il y a effectivement quelque chose en coursmais chut, c’est un secret viril…
Trois auteurs – Daniel Clowes, Catherine Meurisse et Posy Simmonds – sont en lice pour le Grand Prix 2024. Pour qui avez-vous voté (histoire de vous fâcher avec les autres) ?
J’ai horreur de me fâcher avec les gens, cela coûte beaucoup trop cher ! Par contre si ma candidate préférée est élue, je le dirai bien fort évidemment. Zut, j’en ai déjà trop dit…
(1) Du 25 janvier au 5 mai, Vaisseau Mœbius à Angoulême. Rens. : bdangouleme.fr
Esther et les Inconnus
Quid des projets de Riad Sattouf ces prochains mois ? « J’écris un nouveau film, que je vais réaliser, avec trois de mes idoles dans les rôles-titres : les Inconnus, Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus ! Je prépare aussi le dernier tome des « Cahiers d’Esther », pour le mois de juin [le 8e volume est sorti en juin 2023 chez Allary Éditions, en photo, NDLR]. Et un nouvel album top secret à Noël prochain ! Un jeune auteur plein de vie je vous dis… »
2024-01-23 11:00:00
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