Poesiæuropa, la sixième édition du festival Trasimène

Poesiæuropa, la sixième édition du festival Trasimène

2024-06-03 10:20:00

Entre reproduction et représentation numérique, ce qui pousse la littérature à lever le voile de la réalité, voire à la violer aux yeux de l’individu, est à l’origine de la raison pour laquelle l’association SpazioHumanities, sous le patronage du Parlement européen, organise la Poesiæuropa Festival sur l’île Polvese du lac Trasimène. Un lieu insolite et préservé, où les visites des ruines de la civilisation sont limitées à certaines périodes de l’année. Ce n’est pas un hasard si le symbole de l’événement qui réunira jusqu’au samedi 8 juin écrivains et critiques du monde entier est la façade de l’église de San Secondo, construite au XIe siècle, démontrant comment le paysage littéraire prédit souvent les dérives que la société inflige à la société géographique, voire en pouvant les éviter.

Technologie et science-fiction

« Nous lions le courant à l’histoire – déclare la créatrice Maria Borio – La recherche culturelle apporte encore une valeur ajoutée. Prenez note, comme le disait le poète Mario Benedetti. Nous en sommes à la sixième édition d’une initiative qui allie la dimension festivalière à la dimension formation d’une école internationale. Cet équilibre est bénéfique pour les deux parties et tout à fait sans précédent en Italie. » Poète, essayiste et coordinateur du master Textualités de l’Université de Pérouse, avec l’aide d’un comité scientifique, Borio fonde chaque édition de Poesiæuropa sur un appel qui fait office d’appel à communications avec des thèmes clés. Et offrir des bourses aux plus méritants. Les interactions que la transmédialité a produites dans les textes et l’imaginaire contemporains ne sont que le premier des axes qui seront abordés. Don’t Leave Me (2005) d’Ishiguro et The Road (2006) de McCarthy, outre la redécouverte de la production dystopique de Margaret Atwood, démontrent l’utilité d’aborder la science-fiction en distinguant deux niveaux : l’un représenté par des symboles et l’autre caractérisé par la consommation de produits culturels traditionnels. Deux étages qui identifient la science-fiction comme élément critique de cadres plus larges, donc la relation entre réalité et utopie, entre expérience et histoire. À partir des idées de Latour et Davis dans les années 1990, Antonio Francesco Perozzi argumente l’espace acquis par l’hybridation entre nature et culture, donc entre nature et technologie, dans la production poétique italienne la plus actuelle. Dans Ciberneti (2022), Francesco Maria Terzago explore un paysage mélangé entre naturel, industriel et robotique, ainsi que l’implication de l’être humain en son sein.

Écrire entre guerre et paix

Le troisième axe des interventions analytiques se concentre sur la violence comme caractéristique d’un discours dialectique, qui concerne le processus historique et la polarité entre guerre et paix, mais qui transcende le contingent, rapporte la chronique. Tant sur le plan éthique qu’esthétique, depuis la seconde moitié du XXe siècle et avec la culture de masse, la dimension littéraire a contribué à polariser les récits, à construire la guerre ou la paix dans l’esprit des lecteurs. Massimiliano Cappello rend compte de Poésie et conflit, à partir d’un événement survenu le 26 décembre 2019, lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, à la gare de l’Est à Paris, lorsqu’un texte poétique intitulé pour débloquer & perdre. Et signé « les invisibles du comité ». Un texte qui faisait référence à la fois à la « séparation » de la vie et au fait qu’elle soit devenue, dans cette séparation, une « affaire générale ».

Confiance en l’avenir

« Que c’est la vie humaine, / d’être passée de main en main, / d’être transportée, de manière improbable, au-dessus d’un océan », écrit les Mains de Moya Cannon. Si les phases de la conférence se succèdent au cours de la journée, au coucher du soleil commencent les lectures poétiques avec certains des protagonistes de la scène internationale, dont Paola Silvia Dolci, Uroš Đurković, Renata Morresi, Enkaryon Ang, Federico Italiano, Samir Galal Mohamed, Marco Amore, Italo Testa et Terzago et Cannon eux-mêmes. Seules deux collections ont été présentées lors de l’événement, toutes deux parmi la douzaine de finalistes du Prix Strega : Paradiso (Garzanti, 2023) de Stefano Dal Bianco et Eredità ed Estinzione (Donzelli, 2024) de Giovanna Frene ; tandis qu’Elisa Longo parle de sa « Vocale », un format de melting-pot linguistique et polyexpressif diffusé par la radio hindi Fango. Rouvrir des possibles est le titre de l’excursion finale de François Jullien, accompagné de Borio et Francesco Deotto, pour ne pas se replier sur le présent, dans ce qu’on appelle le « présentisme » : au lieu de se limiter à projeter des idéaux autour de soi, ou de procéder à des des plaintes inouïes, on pourrait détecter le point critique du présent, la fissure sociale, et faire une percée pour rouvrir la voie des possibles.



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