La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a pris la première mesure législative en vue de mettre en œuvre les modifications proposées par son gouvernement à l’impôt sur les gains en capital.
La motion de voies et moyens, première étape avant le dépôt d’un projet de loi, a été présentée lundi à la Chambre des communes. Il devrait être voté plus tard dans la semaine.
L’augmentation du « taux d’inclusion » — de la moitié aux deux tiers sur les gains en capital supérieurs à 250 000 $ pour les particuliers — a été annoncée dans le budget.
Freeland a déclaré que le Canada a besoin des revenus provenant de la modification de l’impôt sur les gains en capital pour investir dans des choses comme l’assurance-médicaments, les soins dentaires, la garde d’enfants et la transition énergétique verte.
“La manière équitable de les financer est l’équité fiscale. C’est ce que nous faisons”, a-t-elle déclaré.
Après avoir annoncé le changement fiscal, le gouvernement libéral a séparé la mesure de son projet de loi d’exécution du budget et a promis de présenter un projet de loi qui nécessitera son propre vote.
“Je pense que c’est le moment où les Canadiens devraient surveiller de près ce qui se passe à la Chambre et surveiller de près comment tous les députés votent sur ce sujet”, a déclaré Freeland.
L’attaché de presse du chef conservateur Pierre Poilievre, Sam Lilly, a publié une déclaration affirmant que les modifications apportées aux gains en capital constituent « une taxe sur les soins de santé, la construction résidentielle, les petites entreprises, les agriculteurs et les retraites des gens ».
Lilly a déclaré que cette mesure était introduite pour financer les “dépenses inflationnistes annoncées dans le dernier budget”.
“Les conservateurs étudieront la motion très attentivement avant de déterminer les prochaines étapes”, a-t-il ajouté lorsqu’on lui a demandé comment le parti voterait sur la mesure.
Les provinces devraient payer davantage les médecins, dit Freeland
Depuis son annonce, plusieurs groupes ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’augmentation du taux d’inclusion. Certains médecins ont déclaré que le changement fiscal pourrait nuire aux efforts de recrutement et de rétention des médecins.
L’Association médicale canadienne (AMC) a déclaré que les médecins seront particulièrement touchés par la hausse, car ils intègrent souvent leurs cabinets médicaux et investissent pour leur retraite par l’intermédiaire de leurs sociétés.
Le Canada est confronté à une grave pénurie de médecins. On estime que 6,5 millions de Canadiens n’ont pas accès aux soins primaires alors que les médecins de famille prennent leur retraite en masse et que les facultés de médecine peinent à recruter de nouveaux résidents pour les remplacer.
Premier ministre Justin Trudeau rejeté une demande de la CMA pour obtenir une exemption.
Lundi, Freeland a décrit la capacité des médecins à se rémunérer par l’intermédiaire des sociétés comme un « avantage fiscal auquel de nombreux Canadiens n’ont pas accès ».
Elle a déclaré que le passage aux gains en capital entraînerait des revenus supplémentaires d’environ 12 milliards de dollars pour les provinces et les territoires.
“Les provinces et les territoires devraient utiliser une partie de ces revenus pour augmenter les salaires réels et le taux de rémunération des médecins”, a déclaré Freeland.
La semaine dernière, une coalition d’associations agricoles canadiennes signé une lettre demander au gouvernement fédéral d’abandonner, entre autres mesures, la modification de l’impôt sur les gains en capital.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a déclaré que 72 pour cent de ses membres s’opposent au changement et pensent qu’il nuira aux investissements.
Un gain en capital est la différence entre le coût d’un actif – un immeuble de placement, une action ou un fonds commun de placement – et son prix de vente total. À l’heure actuelle, seulement 50 pour cent des gains en capital sont imposables.
Une fois les changements mis en œuvre, 50 pour cent des premiers 250 000 $ de gains en capital gagnés par un particulier seront imposés. Pour chaque dollar au-delà de 250 000 $, les deux tiers seront imposables.
Le budget propose d’imposer tous les gains en capital gagnés par les sociétés et les fiducies au taux des deux tiers.
Même si le projet de loi est encore à plusieurs pas d’être adopté, l’augmentation du taux d’inclusion entrera en vigueur le 25 juin.