Les chefs militaires du Sahel forment une confédération et consolident leur sortie du bloc ouest-africain

2024-07-07 08:18:01

Niamey, Niger —

Les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont marqué samedi leur divorce avec le reste de l’Afrique de l’Ouest en signant un traité créant une confédération entre eux.

Le premier sommet des trois pays, qui se sont tous retirés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) cette année, a également vu des appels à une plus grande coopération dans un large éventail de secteurs.

“Notre peuple a irrémédiablement tourné le dos à la CEDEAO”, a déclaré le général au pouvoir au Niger, Abdourahamane Tiani, à ses compatriotes du Sahel, lors de l’ouverture du rassemblement dans la capitale nigérienne, Niamey.

Les trois dirigeants, qui ont pris le pouvoir par coups d’Etat ces dernières années, “ont décidé de faire un pas de plus vers une plus grande intégration” et “ont adopté un traité établissant une confédération”, ont-ils déclaré dans un communiqué publié à l’issue du sommet.

La Confédération des États du Sahel, qui utilisera l’acronyme AES et sera dirigée par le Mali durant sa première année, compte environ 72 millions de personnes.

S’éloigner de la France

Leur retrait de la CEDEAO a été motivé en partie par des accusations selon lesquelles Paris manipulait le bloc et n’apportait pas suffisamment de soutien aux efforts de lutte contre le djihad.

“L’AES est le seul regroupement sous-régional efficace dans la lutte contre le terrorisme”, a déclaré samedi M. Tiani, qualifiant la CEDEAO de “brillante par son manque d’implication dans cette lutte”.

Ce départ intervient alors que le trio s’éloigne de l’ancienne puissance coloniale française, Tiani appelant le nouveau bloc à devenir une « communauté éloignée de l’emprise des puissances étrangères ».

Tous trois ont expulsé les troupes françaises anti-djihadistes et se sont tournés vers ce qu’ils appellent leurs « partenaires sincères » : la Russie, la Turquie et l’Iran.

Début mars, l’AES a annoncé des efforts conjoints de lutte contre le djihad, sans toutefois en préciser les détails.

Des insurgés liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique mènent depuis des années des attaques dans la vaste région des trois frontières entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, malgré le déploiement massif de forces anti-jihadistes.

La CEDEAO doit tenir dimanche dans la capitale nigériane, Abuja, un sommet de ses chefs d’Etat où la question des relations avec l’AES sera à l’ordre du jour.

Les relations entre la CEDEAO et le pays se sont détériorées après le coup d’État de juillet 2023 qui a porté Tiani au pouvoir. Le bloc a imposé des sanctions et a même menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum.

Les sanctions ont été levées en février, mais les relations entre les deux parties restent glaciales.

Front uni

Après plusieurs rencontres bilatérales, il s’agit de la première rencontre des trois hommes forts du Sahel depuis leur arrivée au pouvoir par des coups d’État entre 2020 et 2023.

Le Nigérien Tiani a d’abord accueilli vendredi dans la capitale son homologue burkinabè Ibrahim Traoré, suivi du colonel malien Assimi Goita arrivé samedi.

“L’objectif est de montrer qu’il s’agit d’un projet sérieux avec trois chefs d’Etat engagés et solidaires”, a déclaré Gilles Yabi, fondateur du think tank ouest-africain Wathi.

Le trio a fait de la souveraineté un principe directeur de sa gouvernance et vise à créer une monnaie commune.

Sommet de la CEDEAO

Le sommet de dimanche intervient alors que plusieurs présidents ouest-africains ont appelé ces dernières semaines à une solution pour reprendre le dialogue entre les deux camps.

Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a notamment déclaré fin mai que la réconciliation entre la CEDEAO et les trois pays du Sahel était possible.

En juin, son homologue mauritanien nouvellement réélu, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a appelé les pays d’Afrique de l’Ouest à s’unir à nouveau contre l’expansion du djihadisme.

Mais les sommets successifs tenus le même week-end font craindre un raidissement des positions entre l’AES et la CEDEAO.

Au-delà de la coopération militaire, les dirigeants ont également évoqué samedi la «mutualisation» de leur approche dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’eau, l’énergie et les transports.

Ils ont également demandé que les langues autochtones soient davantage mises en avant dans les médias locaux.

La question de la création d’une monnaie commune pour remplacer le franc CFA n’a pas été évoquée dans le communiqué final.

#Les #chefs #militaires #Sahel #forment #une #confédération #consolident #leur #sortie #bloc #ouestafricain
1720341898

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.