Par Laura Gozzi, nouvelles de la BBC
Le président français Emmanuel Macron a accepté la démission du gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal suite à la défaite de son parti centriste aux élections législatives.
Toutefois, M. Attal et ses ministres continueront de gérer les affaires courantes en tant que gouvernement intérimaire.
L’alliance de gauche qui a remporté les élections du 7 juillet n’a pas encore réussi à s’entendre sur un candidat potentiel pour le remplacer.
Dans un communiqué, l’Élysée a indiqué que le président Macron avait appelé « les forces républicaines à travailler ensemble » pour former un nouveau gouvernement.
Cela exclurait le Rassemblement national (RN) d’extrême droite et la France insoumise (LFI), qui fait partie de l’alliance de gauche qui a remporté les élections du 7 juillet.
M. Attal n’a fait aucun commentaire aux journalistes à sa sortie du dernier conseil des ministres de son gouvernement à l’Élysée plus tôt mardi, mais le président Macron aurait déclaré que le gouvernement intérimaire pourrait rester en place pendant « quelques semaines ».
Selon l’agence de presse française AFP, M. Attal a déclaré au président Macron qu’il resterait en fonction par sens du devoir “jusqu’à la toute dernière minute” et “aussi longtemps que vous le jugerez nécessaire, à la veille d’événements majeurs pour notre pays” – une remarque largement interprétée comme une référence aux Jeux olympiques de Paris, qui débutent dans 10 jours.
Le Premier ministre français avait déjà présenté sa démission le lendemain de l’arrivée en deuxième position de son alliance Ensemble lors des élections parlementaires anticipées convoquées par le président Macron.
Le Rassemblement national (RN) a remporté les élections européennes début juin, mais est arrivé troisième aux législatives du 7 juillet.
Aucun parti n’ayant obtenu la majorité absolue, M. Macron a demandé à M. Attal de rester en place pour le moment, puis a appelé les partis traditionnels à former une coalition avec une majorité « solide ».
Depuis sa victoire électorale, l’alliance de gauche est en proie à des luttes intestines. Ses deux principaux partis, La France insoumise (LFI) et les socialistes, ont tous deux rejeté leurs candidats respectifs au poste de Premier ministre.
Lundi, trois des principaux partis du NFP – les socialistes, les verts et les communistes – ont annoncé s’être mis d’accord sur la nomination de l’ancien diplomate Laurence Tubiana.
Mme Tubiana, 73 ans, est à la tête de la Fondation européenne pour le climat et a dirigé les accords de Paris de 2015 sur les objectifs climatiques. Elle est également une ancienne conseillère de l’ancien président socialiste François Hollande et a signé la semaine dernière une lettre ouverte de 70 intellectuels exhortant la NFP à travailler immédiatement avec d’autres pour former un « programme et un gouvernement républicains » de large portée.
Olivier Faure, du Parti socialiste, a déclaré qu’elle « correspondait tout à fait à ce que nous recherchions » et a indiqué avoir accepté que son nom soit proposé.
Mais Manuel Bompard, du parti LFI, a déclaré qu’il ne considérait pas Mme Tubiana comme une proposition « sérieuse ».
Citant la lettre ouverte du Monde, M. Bompard a déclaré que l’avoir comme Premier ministre équivaudrait à « laisser entrer Macron par la porte arrière ».
Beaucoup avaient prévu les difficultés du NFP à s’entendre sur un candidat au poste de Premier ministre.
L’alliance, qui a été formée à la hâte après que M. Macron a convoqué des élections législatives anticipées en juin, a réuni des partis ayant des opinions très différentes et plus ou moins réticents à travailler avec les centristes de M. Macron.
LFI en particulier entretient une méfiance ouverte et de longue date à l’égard de l’alliance Ensemble, qui condamne le parti comme extrémiste.
Mais le NFP ne dispose pas de suffisamment de sièges pour former à lui seul un gouvernement crédible.
Certains membres de l’alliance de M. Macron, comme les ministres Gérald Darmanin et Aurore Bergé, ont prôné une collaboration avec la droite conservatrice des Républicains, rebaptisée depuis que certains de leurs collègues de l’ancien parti Les Républicains ont formé une alliance avec le Rassemblement national.
La décision de M. Macron de convoquer des élections anticipées à la suite de la victoire du RN aux européennes en juin a suscité la colère de nombre de ses alliés ainsi que de ses adversaires.
Le président français n’a fait aucun commentaire public depuis la défaite de son parti aux législatives.
La semaine dernière, il a écrit une lettre au pays dans laquelle il appelait tous les partis politiques à « se montrer à la hauteur de la situation et à travailler ensemble » pour construire une coalition.