Un nouveau rapport de Greenpeace a mis en évidence les insuffisances flagrantes du réseau ferroviaire européen, en particulier en Europe centrale et du Sud-Est, poussant les habitants de la région à dépendre fortement du transport aérien.
L’étude, menée par Greenpeace Europe centrale et orientale, a analysé 990 itinéraires entre 45 grandes villes européennes, constatant que seulement 12 % sont desservies par des liaisons ferroviaires directes, contre 69 % par des vols directs.
La situation est pire dans les six pays des Balkans non membres de l’UE – l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Serbie – qui ont les liaisons ferroviaires transfrontalières les plus mauvaises d’Europe.
Ces six pays ne disposent pas de liaisons ferroviaires internationales, ce qui les isole du réseau ferroviaire européen. Le seul itinéraire ferroviaire transfrontalier dans la région est le train de nuit entre Belgrade et le Monténégro. Parmi les six villes considérées par Greenpeace comme les moins bien desservies par les trains directs, trois se trouvent dans les Balkans occidentaux : Pristina, Sarajevo et Skopje.
La situation est encore pire en Albanie, dont la capitale Tirana n’a pas été incluse dans le classement car elle est dépourvue de gare ferroviaire depuis sa démolition en 2013.
Des projets sont en cours pour construire de nouvelles liaisons ferroviaires dans la région, notamment en Albanie, la plupart avec le soutien de banques multilatérales de développement et de donateurs internationaux. Cependant, en attendant, les pays des Balkans occidentaux manquent de connexions à l’intérieur comme à l’extérieur de la région.
« Bien que tous les pays disposent de compagnies ferroviaires opérationnelles, quatre pays ne disposent que de liaisons ferroviaires nationales et ne sont accessibles en train depuis aucun autre pays : l’Albanie, la Bosnie, le Kosovo et la Macédoine du Nord », souligne le rapport.
« La Serbie est le seul des six pays que l’on peut rejoindre en train depuis un autre pays. Cependant, le seul moyen d’entrer en Serbie est la route Budapest-Belgrade, avec trois correspondances à Szeged, Subotica et Novi Sad. Les travaux de rénovation en cours sur cette route devraient être terminés en 2025, ce qui devrait permettre une meilleure connectivité ferroviaire de Belgrade. » Le pays enclavé n’est cependant pas relié à ses autres voisins, la Bulgarie, la Croatie et la Roumanie.
Le rapport souligne également que les liaisons ferroviaires existantes sont très lentes. « Cette région aurait tout intérêt à moderniser les voies existantes pour atteindre une vitesse moyenne de 80 km/h. Il serait ainsi possible de rejoindre Sarajevo en train depuis 17 villes supplémentaires », précise le rapport.
Dépérit
La situation désastreuse dans les Balkans occidentaux s’inscrit dans le contexte d’une région où il existe « d’énormes lacunes » en matière de connectivité ferroviaire, selon Herwig Schuster, militant des transports pour Greenpeace Europe centrale et orientale.
L’étude révèle que 42 % des itinéraires analysés en Europe centrale et du Sud-Est pourraient être desservis par des trains directs avec un temps de trajet inférieur à 18 heures en utilisant les voies existantes. Cependant, seulement 27 % de ces itinéraires potentiels de trains directs sont actuellement utilisés, ce qui laisse un nombre considérable de lignes non desservies. Le potentiel inexploité de connexions ferroviaires directes pourrait plus que tripler grâce à des améliorations des infrastructures existantes.
Greenpeace critique le manque d’investissement et de volonté politique comme étant les principaux obstacles à l’amélioration de la connectivité ferroviaire.
« L’Europe a déroulé le tapis rouge au transport aérien, néfaste pour le climat, en l’inondant d’avantages fiscaux, alors que les trains et les infrastructures ferroviaires se sont dégradés », a déclaré M. Schuster. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à d’énormes lacunes dans notre réseau ferroviaire et à un potentiel considérable de trains directs inexploités, principalement en raison de priorités budgétaires mal avisées en matière de mobilité. »
Schuster appelle à un changement dans les priorités d’investissement, affirmant : « Il est temps que les gouvernements européens et l’UE corrigent ce déséquilibre historique en améliorant la connectivité et le confort des trains et en mettant fin aux avantages injustes du secteur aérien. Les Européens méritent d’avoir accès à des transports publics propres, efficaces, confortables et abordables, qui soient bons pour eux et bons pour la planète. »
Malgré l’annonce par la Commission européenne de 15 nouveaux projets transfrontaliers pour 2021, il n’en reste que 10 et aucune nouvelle ligne n’a été mise en place. Dans son rapport, Greenpeace exhorte l’UE et les gouvernements nationaux à soutenir les services ferroviaires directs en investissant dans les infrastructures, en renforçant la coopération entre les compagnies ferroviaires et en rendant obligatoires les trains directs là où ils ne sont pas encore commercialement viables.
Le rapport souligne les avantages environnementaux du transport ferroviaire par rapport au transport aérien, soulignant que les avions produisent près de cinq fois plus de gaz à effet de serre que les trains. Alors que certaines compagnies ferroviaires sont en train de passer à l’électricité verte, les efforts de l’industrie aéronautique pour réduire les émissions restent minimes, affirme Greenpeace.
Alternative viable
L’étude suggère que de meilleurs trains constitueraient une alternative viable au transport aérien. L’augmentation de la vitesse moyenne des trains à 80 km/h grâce à des améliorations des infrastructures pourrait remplacer la quasi-totalité des vols courts européens par des trains directs. Greenpeace préconise de privilégier les investissements dans les lignes existantes plutôt que dans de nouveaux trains à grande vitesse pour obtenir des résultats plus rapides, rentables et respectueux de l’environnement.
L’ONG environnementale appelle également à un système unifié d’information et de réservation des trains dans toute l’Europe, ainsi qu’à une harmonisation technique et juridique accélérée. “Pour augmenter le nombre de liaisons ferroviaires directes en Europe à l’avenir, les gouvernements devront investir beaucoup plus dans les infrastructures ferroviaires, idéalement en déplaçant les investissements de la route et de l’air vers le rail”, indique le rapport.
2024-08-08 18:02:31
1723131162
#bne #IntelliNews #manque #liaisons #ferroviaires #pousse #lEurope #centrale #SudEst #dépendre #transport #aérien