2024-08-11 11:40:17
Le président philippin Ferdinand Marcos a condamné les actions « illégales et imprudentes » de l’armée de l’air chinoise la semaine dernière contre un avion militaire philippin patrouillant sur un récif corallien contesté en mer de Chine méridionale. Les actions chinoises étaient « injustifiées, illégales et imprudentes, d’autant plus que l’avion de la PAF (Philippine Air Force) effectuait une opération de sécurité maritime de routine dans l’espace aérien souverain philippin », a déclaré M. Marcos dans un communiqué dans lequel il a « fermement condamné » l’incident, ajoutant qu’il était « préoccupé par une possible instabilité dans notre espace aérien ». Selon des rapports de l’armée philippine, jeudi dernier, deux avions de l’armée de l’air chinoise ont effectué une « manœuvre dangereuse » et lancé des fusées éclairantes sur la trajectoire d’un turbopropulseur de l’armée de l’air philippine au-dessus du récif de Scarborough, disputé entre les deux villages. Manille a déclaré que les actions de la Chine mettaient en danger la vie de son équipage, mais que l’avion de patrouille était rentré sain et sauf à sa base.
La Chine a défendu hier ses opérations, affirmant avoir « organisé des forces navales et aériennes pour retirer légalement » l’avion philippin, après des « avertissements répétés ». « Nous avertissons sévèrement les Philippines de cesser immédiatement les violations, les provocations, les déformations et les exagérations », peut-on lire dans une note du commandement du théâtre sud de l’Armée populaire de libération, qui réitère que « la Chine a une souveraineté indiscutable sur l’île Huangyan (où se trouve le banc de Scarborough) et les eaux adjacentes ». L’incident fait suite à une série d’affrontements de plus en plus tendus entre Manille et Pékin, qui revendique la majeure partie de la mer de Chine méridionale et s’est emparé du banc après un affrontement avec les Philippines en 2012. En juin, l’armée philippine avait déclaré qu’un de ses marins avait perdu un pouce dans une collision au large du banc de Second Thomas, dans une autre zone de la mer de Chine méridionale, lorsque les garde-côtes chinois ont également confisqué ou détruit du matériel philippin, dont certaines armes.
Pékin, de son côté, impute l’escalade à Manille et maintient que ses actions pour protéger ses revendications sont légales et proportionnées. Après le deuxième affrontement au banc Thomas, les deux pays ont convenu d’un « accord intérimaire » pour réapprovisionner les troupes philippines à bord d’un navire de guerre échoué sur le récif et également pour augmenter le nombre de lignes de communication afin de résoudre les différends dans la zone maritime. Le banc de Scarborough est au centre d’un différend entre la Chine, Taïwan et les Philippines. Il est situé à 240 kilomètres à l’ouest de l’île de Luzon, la plus grande des Philippines, et à près de neuf cents kilomètres de la province insulaire chinoise de Hainan. En septembre dernier, la Chine a installé une barrière flottante de trois cents mètres de long à son entrée, dans le but d’empêcher l’accès aux bateaux de pêche philippins.
La structure a ensuite été retirée par les autorités de Manille, qui ont dénoncé des violations de la décision rendue en 2016 par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye. Le verdict du tribunal, qualifié de « papier à gratter » par la Chine, conteste ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale et affirme que Pékin n’a aucun « droit historique » sur les eaux en question. En mai, les Philippines ont accusé les pêcheurs chinois d’avoir détruit l’environnement écologique de Scarborough par la pêche au cyanure, la récolte de palourdes géantes et la dévastation des récifs coralliens. Deux mois plus tard, la Chine a fermement nié ces allégations. Sur la base d’analyses menées par des instituts gouvernementaux et des centres de recherche à l’échelle nationale, Pékin a déclaré que les eaux autour du haut-fond présentent de faibles niveaux de métaux lourds, de polluants et d’hydrocarbures, ce qui offre globalement une « excellente qualité environnementale ».
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