2024-08-19 17:33:55
Le Budapest Festival Orchestra commence ses représentations différemment de tout autre ensemble symphonique. Avant même qu’il ne commence à jouer, son rituel d’accordage est unique. Le hautbois joue un la pour ses compagnons à vent, mais joue également un si bémol pour les cuivres et un sol pour la section des cordes. C’est ce qu’ont fait ses instrumentistes, les 17 et 18 août, à leur retour à la Quinzaine Musicale de Saint-Sébastien, qui en est désormais à sa 85e édition. À d’autres occasions, le hautbois ajoute des fioritures ou même les bois adoptent les traces sonores d’un choral de Bach.
Leurs fins sont également atypiques. Loin de jouer l’habituel conseil du festival, ils ont couronné leur premier concert, samedi dernier au Kursaal, avec toutes leurs instrumentistes féminines transformées en un excellent chœur. Et ils chantèrent, accompagnés d’un sextet à cordes, la belle Chagrin (Douleur), de Dvořák, le dernier de ses duos moraves op. 38, au ton de si majeur teinté de découragement. Une astuce qu’ils ont déjà interprétée à la Quinzaine Musicale, en 2016, alors qu’ils étaient leur orchestre résident.
Ce prestigieux ensemble symphonique hongrois, dirigé par Iván Fischer (Budapest, 73 ans) depuis sa création il y a 41 ans, a été présent de manière constante lors de l’événement musical vétéran du mois d’août. C’était leur septième visite au cours des quinze dernières années et ils ont commencé par répéter exactement le même programme de leurs débuts, en 2009 : Ouverture sur des thèmes hébreuxde Prokofiev, suivi du Concerto pour violon n° 2de Bartók, et avec le septième symphoniede Dvořák, comme deuxième partie. Le soliste était alors le violoniste Leónidas Kavakos et maintenant c’est Patricia Kopatchinskaja. Ce petit changement a considérablement renouvelé le résultat.
Le violoniste moldave (Chisinau, 47 ans) continue d’être un torrent d’énergie et d’innovation sur scène. Le surnom de « Janis Joplin de la musique classique » ce que lui a donné l’hebdomadaire allemand Le miroiren 2009, reste pleinement en vigueur. Elle est apparue sur la scène du Kursaal vêtue de la robe que le compositeur espagnol Francisco Coll a peinte pour elle et la première chose qu’elle a faite a été de garer ses chaussures rouges pour jouer pieds nus. Mais la chose la plus intéressante à propos performance Il l’interprète au violon et devant la partition de Bartók, qui respecte et rafraîchit à parts égales.
Kopatchinskaja a trouvé Fischer et le Budapest Festival Orchestra des compagnons de voyage idéaux pour son interprétation impressionnante du Deuxième concert du compositeur hongrois. Dedans pas trop joyeux a magistralement donné le ton rhapsodique et intensifié les contrastes inspirés de la caserne verbunkos. Mais les variations de marcheur calme Ils étaient les meilleurs de la soirée. Dans le non. 4 (ce) a gaspillé son imagination en accrochant des guirlandes au plafond puis en provoquant l’hilarité avec sa gestion surhumaine du rebond de l’arche ou ricochetau no. 6 (confortable). En fait, le caractère sonore construit par le violoniste dans le deuxième mouvement s’est encore accru dans le troisième, très joyeuxqui a intensifié son caractère de variation comique du premier.
Les signes de complicité musicale entre le violoniste moldave et l’orchestre hongrois étaient constants. La preuve en est le truc amusant qu’il a joué en duo avec son premier violoncelle, Péter Szabó : un arrangement pizzicato savamment mis en scène du Presto en do mineur Wq 114/3par CPE Bach. Fischer l’écoutait assis discrètement au fond de la scène, après avoir fourni tous les détails timbraux dans Bartók, comme cette idée de placer la harpe devant le podium. Il fit la même chose, au début, dans l’ouverture de Prokófiev, avec le clarinettiste Ákos Ács, qu’il invita à jouer sa mélodie en soliste. klezmer et a même agi comme un pupitre humain pendant qu’il dirigeait afin de pouvoir lire sa partition.
Un autre signe distinctif de cet orchestre est le sourire avec lequel ils font de la musique. Un geste qui part toujours du réalisateur et transforme l’ensemble en un gigantesque groupe de caméras. Nous l’avons vérifié, samedi, dans la version exceptionnelle qu’ils ont jouée du Symphonie n° 7de Dvořák. Une lecture qui a mis en relation le compositeur tchèque avec son admiré Brahms à travers la tradition hongroise. Ce n’est pas un hasard si le thème sombre qui ouvre l’œuvre est apparu au compositeur en 1884, alors qu’il voyait un train rempli de patriotes hongrois entrer dans la gare de Prague. Dedans Pas très lentementFischer a ajouté de la flexibilité à toutes les références brahmsiennes. La fluidité dramatique de vivant (scherzo) transmis la richesse musicale de allégro (final). Et nous avons entendu puissance et raffinement dans les cordes ainsi que d’exquis solos de bois, où se démarque la flûtiste Gabriella Pivon, épouse de Fischer et récipiendaire de plusieurs de ses sourires.
Le deuxième concert du dimanche 18 août dernier était entièrement dédié à Mozart. Le programme était légèrement différent de celui joué en 2016, même s’il était également présidé par le Requiem. Le résultat général était moins rond que la veille. Fischer choisit de réduire l’orchestre à une quarantaine de musiciens, mais sans opter pour aucune concession historiciste. et le Symphonie n° 38 “Prague” Le Salzbourger sonnait sans grande ambition, mais aussi sans aucune de ses répétitions.
La nouveauté de la messe pour les morts de Mozart résidait dans la participation de l’Orfeón Donostiarra (il y a huit ans, ils la chantaient avec le Collegium Vocale Gent). Avec près de 120 choristes, cela ne semblait pas être une combinaison idéale face à un orchestre trois fois plus petit, mais plutôt l’excellente qualité du chœur basque historique, dirigé par José Antonio Sainz, associé idéalement, à l’introït, aux instrumentistes hongrois de Fischer. Et sa fluidité contrapuntique dans le Kyrie a promu une excellente version de l’ouvrage. Les fondamentalistes de l’historicisme devraient se rappeler, comme l’a fait Miguel Ángel Marín (Acantilado), la longue tradition que cette œuvre entretient depuis le XIXe siècle dans des formations chorales similaires et même supérieures.
Avec un orchestre exceptionnel et un chœur excellent, le point le plus bas du Requiem étaient les solistes vocaux. L’exception était le baryton-basse Hanno Müller-Brachmann, qui s’est fait remarquer aux côtés du tromboniste Balázs Szakson au début de une merveilleuse trompette. Mais, outre les plus beaux numéros de la séquence, l’interprétation a rehaussé les parties de l’œuvre écrite par Franz Xaver Süssmayr, comme le saint et le Agnusdee, où plusieurs personnes ont quitté la pièce comme si celle-ci ne faisait plus partie de la Requiem par Mozart. Les huit secondes de silence magiques à la fin du dernier accord ont confirmé son effet sur le public qui remplissait le Kursaal.
L’une des commémorations de cette 85ème édition de la Quinzaine Musicale de Donostiarra a été le centenaire du sculpteur Eduardo Chillida (1924-2002). Cet anniversaire a coïncidé avec le point culminant du cycle des quinze quatuors de Dmitri Chostakovitch du jeune Quatuor Gerhard, au Zabalaga Caserío del Chillida Leku, dans la ville voisine d’Hernani. Un projet débuté, en 2021, avec les quatuors Deuxième et Troisièmeet s’est achevé après quatre autres concerts, le vendredi 16 août dernier, avec les quatuors Quatorzième et Quinzième. Le premier violon du groupe, Lluís Castán, a reconnu à la fin combien ils avaient grandi avec l’expérience, qu’ils ont clôturé en jouant un arrangement de l’air du Variations de Goldbergde Bach, en hommage au compositeur préféré de Chostakovitch et du sculpteur de Saint-Sébastien.
L’ambiance était idéale grâce à la lumière du soir, à l’acoustique pas trop sèche et à la capacité réduite à une centaine de spectateurs. Le spectacle comprenait de brillantes premières lectures des deux œuvres, de 1973 et 1974, se déroulant dans les dernières années du compositeur russe. Une musique d’une densité spirituelle à la portée de peu d’ensembles de chambre, avec ici le défi supplémentaire d’avoir la violoniste Maria Florea en remplacement de Judit Bardolet. Oui dans le Quatorzième l’ensemble n’a pas réussi à capturer l’angoisse qui sert de mortier à ses trois mouvements, tout s’est amélioré de la manière la plus complexe et la plus introspective Quinzième. Six mouvements obsédés par la mort que les Gerhard ont ouverts sur un étatisme tendu. Et dont ils ont révélé l’architecture parmi l’usage tendu de crescendocadences solos, textures ondulantes et sons mystérieux, comme s’il s’agissait d’une sculpture sonore de Chillida.
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