2024-08-20 12:21:03
Confrontés au manque de formation et d’assistance, la plupart des jeunes de ma contrée (région de Kayes, au Mali) n’ayant pas l’assurance de réussir une activité économique au pays, préfèrent « partir pour devenir quelqu’un ». Cependant, quelques rares d’entre eux osent entreprendre au village. C’est le cas d’Adama Diarra et Samba Dramé qui ont ouvert un atelier de lavage de motos et véhicules.
Pères de famille, Samba et Adama n’ont jamais pris le chemin de la migration. En février 2023, les deux entrepreneurs ont sollicité auprès des anciens du village un terrain dans le but de mener leurs activités.
Avec un peu plus de 100 000 francs CFA, ils y installent une terrasse en pente et un hangar entouré de paille, servant de lieu d’attente pour les clients. En période de chaleur, ils arrosent l’intérieur ensablé afin de le rendre plus agréable.
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Si le village dispose d’un château d’eau depuis plus d’une vingtaine d’années, les deux entrepreneurs n’ont pas de moyen pour installer un robinet sur leur site. Au puits, ils remplissent deux barriques et des bidons de 20 litres d’eau avant de les transporter dans deux tricycles vers l’atélier.
« Nous voulons inspirer d’autres jeunes »
Pendant que la musique des petits baffles se mêle au vrombissement des moteurs, Samba jette l’eau sur un véhicule couvert de bulles de savon. Peu de temps après, il nettoie le véhicule avec une serviette à la main. « En menant ces activités, nous voulons inspirer d’autres jeunes du village, car nous ne pouvons pas tous partir en même temps », fait-il remarquer. L’associé d’Adama ne cache pas ses intentions pour l’aventure si de bonnes occasions venaient à se présenter.
Derrière le hangar, des acheteurs se succèdent autour d’une table. Revenu d’Algérie depuis 2017, Mahamadou Diarra vend, entre autres, du lait en poudre, du thé et des bonbons. « Tout le monde ne peut pas faire le même métier. Il suffit que quelqu’un commence dans un domaine pour que les autres embrassent les leurs », renchérit-il.
« Chez nous, poursuit-il, ce sont les aventuriers qui prennent presque tous les besoins des familles en charge. Les jeunes qui restent au village doivent y prendre conscience. Ils peuvent satisfaire certains de leurs besoins sans l’aide de quelqu’un. »
Au village, le frais de lavage d’une moto est fixé à 500 F CFA. Ceux du tricycle et du véhicule sont respectivement 1 000 F CFA et 1 500 F CFA. De quoi susciter l’admiration des compatriotes qui viennent y passer leurs vacances. « Nous avons bénéficié des encouragements de nos compatriotes, surtout ceux qui viennent des villes et de l’extérieur du pays. Beaucoup d’entre eux constituent notre fidèle clientèle. D’autres nous soutiennent moralement en donnant de bonnes idées »reconnaît Adama, le visage satisfait.
Diversifier les activités
Qu’à cela ne tienne, le duo peine à relever des défis. Entre autres, l’insuffisance d’outils de travail reste un manque à gagner. En plus de la panne du panneau solaire et du groupe électrogène qui permet d’arroser les engins, ils puisent l’eau à la main.
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Ces derniers jours, la construction d’un petit mur en banco autour du hangar a ralenti les activités de l’atelier. En prévision de l’hivernage qui profile à l’horizon, Samba et Adama tâchent de dresser un mur afin d’éviter l’écoulement de l’eau, comme ce fut le cas l’année dernière sous le hangar, qui pourrait également s’écrouler sous un fort orage.
Entre mille et une difficultés, Adama et Samba se frottent les mains. Pour diversifier leurs activités, ils jonglent depuis plusieurs mois entre lavage et vente d’essence en bouteille. Le duo ambitionne aussi d’acheter des matériels pour le collage des pneus, voire d’importer des pièces détachées pour la vente. Mais faute de moyens et d’expérience, l’horizon semble encore plus lointain pour y arriver.
Khaled
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