L’industrie horlogère exige de la Banque nationale un franc moins cher

2024-09-17 16:30:00

L’industrie horlogère soumet le nouveau président de la Banque nationale à une épreuve de force

L’industrie exportatrice souffre d’une faible demande et réclame des mesures visant à modérer le taux de change du franc suisse. Le prochain président de la Banque nationale, Martin Schlegel, ne bénéficiera pas d’un délai de grâce.

Le patron du Swatch Group, Nick Hayek, et Schlegel sont des adversaires. Un franc fort peut rapidement coûter des centaines de millions à l’entreprise horlogère.

Photo : Christoph Ruckstuhl/NZZ

94 centimes pour 1 euro, 84 centimes pour 1 dollar : le franc est trop cher, déplore l’association patronale de l’industrie horlogère suisse dans un communiqué en lien avec l’organisation Fédération de l’industrie horlogère. La branche réclame «des mesures de la part des autorités pour renforcer la compétitivité et préserver la stabilité économique de l’industrie exportatrice suisse».

Le principal destinataire de l’appel à l’aide est la Banque nationale. On s’attend à ce qu’il réduise à nouveau le taux d’intérêt directeur jeudi de la semaine prochaine. La plupart des économistes s’attendent à une réduction de 0,25 pour cent à seulement 1 pour cent. En principe, les baisses des taux directeurs sont susceptibles d’affaiblir le franc, mais seulement si elles sont plus importantes que celles pratiquées à l’étranger. La Banque centrale européenne a abaissé son taux directeur de 0,25 pour cent la semaine dernière et il se situe toujours à 3,5 pour cent. Il est peu probable qu’un quart de pas de la Banque nationale suffise à affaiblir le franc.

Mais l’industrie horlogère exige un affaiblissement du franc. Elle écrit : Avec une inflation bien inférieure à 2 pour cent, la Banque nationale a la latitude « d’intervenir sur le marché des changes à long terme et en coordination avec d’autres mesures de régulation de l’inflation ».

Ce n’est pas un hasard si l’appel à un retour à une politique à long terme d’intervention sur le marché des changes se fait entendre aujourd’hui. Le 1er octobre, Martin Schlegel prend la présidence du conseil d’administration de la Banque Nationale. Son prédécesseur Thomas Jordan restera dans l’histoire de la banque centrale pour la suppression du taux de change plancher de l’euro en janvier 2015. Cette décision a provoqué la colère et la panique dans de larges cercles de l’industrie exportatrice suisse. Le patron de Swatch, Nick Hayek, a qualifié de « tsunami » l’appréciation soudaine de 20 pour cent de la monnaie suisse par rapport à l’euro.

En mars de cette année, Jordan a reçu les éloges de sa ville natale de Bienne, où est également basé le Swatch Group. La BNS a été la première banque centrale d’un pays industrialisé à décider d’abaisser ses taux directeurs au cours du cycle actuel. Quelques heures plus tard, Hayek a évoqué une « surprise positive » lors de la conférence de presse annuelle.

Martin Schlegel prendra la tête de la direction de la Banque nationale le 1er octobre. Cela fait de lui la cible de nombreux groupes d’intérêt.

Martin Schlegel prendra la tête de la direction de la Banque nationale le 1er octobre. Cela fait de lui la cible de nombreux groupes d’intérêt.

Image: Alessandro Della Valle/Keystone

Les Hayek et la Banque Nationale entretiennent une relation amour-haine que le père de Nick avait déjà entretenue. Son principal adversaire était Markus Lusser, président de la Banque nationale entre 1988 et 1996. Lusser a écrit un livre sur cette époque et a clairement exposé sa position de gardien strict du franc : « La Banque nationale voulait – comme on l’exige ici et là – le taux de change de la pression du franc, il lui faudrait mener une politique monétaire plus expansionniste. Cela se transformerait inévitablement en davantage d’inflation. Cela n’améliorerait certainement pas la position concurrentielle de l’industrie exportatrice suisse.»

Reste à savoir dans quelle mesure Martin Schlegel veut et peut suivre les principes et les stratégies de ses prédécesseurs. Face aux revendications de l’industrie horlogère, il se trouve exposé à la pression d’un groupe d’intérêt fort avant même son entrée en fonction. Tous les dirigeants des banques centrales ne sont pas également capables de faire face aux pressions des groupes d’intérêt. Markus Lusser a dû vivre jusqu’à la fin de sa vie avec le titre peu flatteur de « tueur d’emplois de la nation ». Un jour, vous pourrez peut-être aussi lire dans les mémoires de Jordan combien il a été émotionnellement difficile de soumettre l’industrie suisse et l’ensemble du secteur touristique à une épreuve partiellement existentielle en janvier 2015.

Bien entendu, on est encore loin de parler d’une crise existentielle de l’industrie horlogère. Après l’année record de 2023, au cours de laquelle l’industrie a pu exporter des montres pour une valeur de 26,7 milliards de francs, la situation est à nouveau en baisse depuis le début de l’année, mais une crise semble différente d’une baisse de 2,4 pour cent. Cependant, le déclin des montres dans les segments de prix inférieurs et moyens se produit beaucoup plus rapidement, même si cela dure depuis un certain temps. Cette érosion pourrait prendre des proportions existentielles pour certaines des quelque 700 entreprises fournisseurs. Mais le fait que la crise ne soit pas survenue du jour au lendemain suggère que les problèmes sont moins liés au franc qu’au positionnement des marques concernées. Quoi qu’il en soit, Martin Schlegel n’y pourra pas grand-chose.

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