La gauche française reste unie malgré les doutes sur la voie à suivre après le coup d’Etat de Macron

2024-09-17 23:03:08

En juin dernier, quelques jours après la dissolution de l’Assemblée nationale, Le Monde a attribué à Emmanuel Macron une phrase prononcée lors d’une conversation privée avec un homme d’affaires à l’Elysée. Comme le révèle le journal, le président français a déclaré qu’avec les élections anticipées, « il avait lancé une grenade sans anneau aux pieds des partis politiques ; Voyons maintenant comment ils s’en sortent. »

Les jours suivants, Éric Ciotti, président des Républicains (droite), confirme les pronostics de Macron en annonçant une alliance électorale avec l’extrême droite Marine Le Pen, contre l’avis de la majorité de ses confrères, qui ont voté pour son expulsion. . A gauche en revanche, les quatre principales formations (France Insoumise, Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts et Parti communiste) ont convenu en quelques jours qu’elles participeraient ensemble aux élections législatives au sein du Nouveau Front populaire (NFP).

Contre toute attente, le NFP a réussi à être la force avec le plus de sièges à l’Assemblée (193, contre 166 pour la coalition centriste et 146 pour l’extrême droite). Disposant du plus grand groupe de sièges dans la nouvelle Assemblée, les partis progressistes se sont mis d’accord, après plusieurs semaines de négociations, et ont désigné l’économiste d’État, Lucie Castets, candidate au poste de Premier ministre. La coalition de gauche a ainsi réussi à laisser derrière elle des jours de tensions et de divergences internes pour parvenir à un consensus et défendre, tous ensemble, le nom de Castets.

Mais Macron a rejeté dès le début la proposition du NFP, optant finalement pour le conservateur Michel Barnier. Depuis, les forces progressistes n’ont cessé de dénoncer le « déni de démocratie » que représente la décision du président français et tentent d’organiser une réponse commune, même si elles diffèrent sur le ton et les modalités.

Este fin de semana, durante la Fête de l’Humanitéconférences organisées chaque année par le journal L’humanité et qui représentent un grand rendez-vous d’hommes politiques et de militants de gauche – les quatre principaux représentants des partis, le socialiste Olivier Faure, l’écologiste Marine Tondelier, l’insoumis Manuel Bompard et le communiste Fabien Roussel ont publiquement défendu la nécessité de préserver l’unité du le NFP, en tant que force parlementaire et en tant que véhicule pour mener les manifestations.

Premières manifestations

Il y a quelques semaines, la France Insoumise appelait – sans consulter ses partenaires – à protester contre « le déni de démocratie d’Emmanuel Macron ». Et samedi, le fondateur du parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a déclaré soutenir la nouvelle journée d’action prévue le 21 septembre contre un “gouvernement Macron-Barnier”, initialement appelée par des associations et organisations étudiantes, écologistes et féministes. .

Les socialistes n’ont pas participé à la première, préférant se concentrer sur des protestations coordonnées avec les syndicats, qui ont prévu de grandes manifestations le 1er octobre. Lucie Castets non plus, qui a annoncé qu’elle ne participerait qu’aux manifestations auxquelles participeraient les quatre forces du NFP.

Réponse parlementaire

En plus de la rue, une autre étape de l’opposition au nouveau gouvernement aura lieu au Parlement. Ce mardi, le bureau de l’Assemblée nationale, où les députés de gauche sont majoritaires, devait se prononcer sur l’admission au traitement de la motion de destitution d’Emmanuel Macron, présentée par la France Insoumise.

Même si les autres partis du NFP – notamment le Parti socialiste – ont publiquement exprimé leurs doutes quant à la viabilité et au fondement juridique de cette procédure, ils ont tous voté en faveur de la proposition débattue à l’Assemblée. Cependant, de nombreux socialistes affirment que, si nécessaire, ils voteront contre.

Les divergences de fond et de forme entre la France Insoumise et le Parti Socialiste ont été visibles à différentes étapes depuis la création du NFP, au point que, parmi les socialistes, une partie importante du parti prône la rupture avec les insumisos et ouvertement critique le secrétaire général de la formation, Olivier Faure, favorable au maintien de l’unité de la gauche – il fut l’un des principaux promoteurs du NFP et de son prédécesseur le NUPES.

Mais jusqu’à présent, la nécessité de maintenir un front uni prévaut. “Les militants du PS ont tendance à être très éloignés de certaines positions et actions des rebelles”, explique à elDiario.es Gilles Candar, historien et spécialiste de la gauche française. « L’alliance est controversée et impopulaire, et c’est souvent le cas du côté de LFI. Mais la question est : ont-ils vraiment le choix ? Même les courants les plus hostiles à LFI au sein du Parti socialiste devront nouer des alliances face aux prochaines élections municipales et locales. De nos jours, il est rare de pouvoir gagner seul. Et dans la réalité électorale, il est plus facile de former un bloc de gauche qu’une alliance de centre-gauche qui ne passionne pas l’électorat susceptible de voter pour le Parti socialiste.»

L’option Cazeneuve

Si Macron ne semble pas avoir envisagé l’option Castets, il a néanmoins invité à plusieurs reprises le socialiste Bernard Cazeneuve à l’Elysée. Les raisons de l’écartement de l’ancien Premier ministre de François Hollande, ainsi que la sincérité de Macron à explorer la piste Cazeneuve à la tête du gouvernement, font débat.

Une partie des socialistes accuse la direction du PS, notamment le secrétaire général, de saboter les options de Cazeneuve. « Nous aurions pu avoir un Premier ministre de gauche, en phase avec le vote des Français. Il y avait un nom, celui de Bernard Cazeneuve, et c’est mon propre parti qui a empêché sa nomination”, a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo, réticente à poursuivre l’alliance avec la France Insoumise.

En réalité, Cazeneuve fait partie du secteur le plus hostile à toute alliance avec ceux de Mélenchon et sa nomination aurait signifié l’éclatement du Nouveau Front populaire. « Il y a de fortes tensions pour un Parti socialiste qui voit les bons résultats obtenus au sein de l’alliance de gauche mais se laisse aussi tenter par les macronistes, dont beaucoup sont issus de ses rangs », analyse Gilles Candar. « Un gouvernement dirigé par Bertrand Cazeneuve aurait été fondé sur une alliance entre socialistes et centristes. Une perspective très fragile, tant pour lui que pour les deux camps : les socialistes divisés, les macronistes eux aussi en voie de recomposition.»

Des élections présidentielles à l’horizon

En toile de fond de cette séquence de formation du gouvernement, plusieurs candidats commencent à se positionner pour les prochaines élections présidentielles. Après ses résultats en 2017 et 2022, Jean-Luc Mélenchon apparaît comme le candidat dominant à gauche et les premiers débats apparaissent sur l’opportunité ou non d’une candidature d’unité.

« La force de Mélenchon tient aussi à la faiblesse de ses partenaires, estime Gilles Candar. «Pour l’instant aucune candidature ne s’impose, ni au PS, ni chez les écologistes ni autour des partis (Glucksmann, Hamon, Autain, Ruffin, etc.). Lucie Castets pourrait-elle être une possibilité ? Cela reste à voir.

Ces derniers jours, la rivalité entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin, ancien membre de LFI, qui a récemment quitté le parti et veut désormais proposer une alternative au leader insoumis de l’extrême gauche du paysage politique français, s’est accentuée. intensité.

A cet effet, Ruffin affirme ses « profonds désaccords » avec Mélenchon et accuse le leader de la France Insoumise d’abandonner l’électorat rural pour se concentrer sur la mobilisation des jeunes en périphérie des villes, ainsi que de dédaigner les électeurs de certains territoires – notamment dans le Nord. France – où l’extrême droite a régulièrement prévalu au cours de la dernière décennie.




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