Article invité Le peuple a parlé et les jeunes paieront Perspectives sur les conséquences financières de la réforme des retraites en Suisse en 2026

2024-09-17 02:45:00

La Suisse est considérée dans le monde entier comme un modèle pour son système de retraite éprouvé à trois piliers, qui vise à assurer une sécurité financière durable à la population à la retraite. La combinaison de l’assurance vieillesse et survivants (AVS), de la prévoyance professionnelle et de la prévoyance privée garantit une large couverture. La grande importance de la stabilité des finances publiques et des systèmes de sécurité sociale est également illustrée non seulement par la dette nationale explicite relativement faible, soit 26 pour cent du produit intérieur brut (PIB), mais aussi par les résultats des référendums passés, tels que l’approbation du la réforme fiscale ainsi que la réforme du financement de l’AVS (STAF) et de l’AVS 21 visent à stabiliser davantage les prestations légales. Il est primordial de surveiller à la fois le paiement des retraites et la viabilité financière à long terme du système de retraite, non seulement pour les générations actuelles mais également pour les générations futures. (Bauer, Rudolph, Weisser, 2023).

Malgré les réformes précédentes, l’AVS est confrontée à d’importants défis financiers en raison de l’évolution démographique. Les faibles taux de fécondité, d’une moyenne de 1,3 enfant par femme, et l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance, qui atteint 81,6 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes, entraînent un nombre croissant de bénéficiaires de pension et une diminution du nombre de cotisants (BFS, 2024). Selon l’Office fédéral des assurances sociales, l’AVS, financée à 73 pour cent par les cotisations, enregistrera des déficits à partir de 2029 sans nouvelles réformes. Nos calculs à long terme du Centre de recherche sur les contrats de génération confirment que l’AVS dans sa forme actuelle n’est pas financièrement viable.

En principe, une politique peut être considérée comme financièrement viable si elle peut être poursuivie dans le futur sans violer la contrainte budgétaire intertemporelle de l’État. En termes simples, cela décrit une situation dans laquelle les recettes futures de l’État, en vertu de la législation actuelle, sont suffisantes pour financer de manière permanente toutes les dépenses futures de l’État, y compris les intérêts et les frais de remboursement de la dette nationale existante. Si ces revenus ne suffisent pas, un écart de durabilité apparaît, composé des dettes explicites d’aujourd’hui et des dettes implicites de demain. (Raffelhüschen et. al, 2024 ; Fehr et Kotlikoff, 1996/97)

Les dettes implicites de l’AVS, c’est-à-dire les dépenses futures en valeur actuelle qui ne sont pas compensées par des revenus actualisés, s’élèvent actuellement à 101,8 pour cent du PIB suisse en 2021. Soit environ 756 milliards de francs qui doivent être financés par les générations actuelles et futures en 2021. afin de garantir le financement de l’AVS.

Dans ce contexte, les électeurs suisses ont pu se prononcer sur deux initiatives AVS lors d’un référendum au printemps 2024.

  1. Mourir Initiative sur les retraitesPour une retraite sûre et durable« : Améliorer la viabilité financière de l’AVS en augmentant l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 66 ans et en l’adaptant ensuite à l’espérance de vie.
  2. Mourir Initiative pour une 13e AVSPour une vieillesse meilleure« : Pour lutter contre la pauvreté des personnes âgées et garantir des moyens de subsistance, tous les bénéficiaires d’une pension recevront une 13e pension mensuelle chaque décembre à partir de 2026.

Le peuple a rejeté l’initiative en matière de retraite à une majorité de 74 pour cent, tandis que 58 pour cent ont voté pour l’introduction d’une 13e rente AVS. Des dépenses annuelles supplémentaires pour l’AVS d’environ 4,7 milliards de francs sont donc inévitables (BSV, 2024). En raison de ces dépenses supplémentaires, la dette implicite de l’AVS augmente – à condition qu’il n’y ait pas de contre-financement – de 75,2 points de pourcentage pour atteindre 177,0 pour cent du PIB en 2021. Depuis le vote de la 13e AVS s’est déroulé sans propositions de financement concrètes. , le Conseil fédéral et le Parlement souhaitent élaborer d’ici fin 2024 une solution de financement durable.

Il existe deux alternatives au financement du 13e AVS : d’une part, une augmentation des cotisations salariales et, d’autre part, une augmentation combinée des cotisations salariales et de la TVA. En outre, il est prévu de réduire la part fédérale, qui s’élève actuellement à 20,2 pour cent des dépenses AVS, à 18,6 pour cent afin d’alléger la charge qui pèse sur le budget de l’État. Le déficit de financement supplémentaire qui en résulte pourrait être comblé soit par une nouvelle augmentation des cotisations salariales et de la TVA, soit par une réduction du patrimoine AVS.

Les effets des différents scénarios d’augmentation des taux de cotisations salariales et de TVA sur la dette implicite de l’AVS sont présentés dans le graphique 1. Même si les résultats montrent que les possibilités de financement pourraient largement combler le déficit supplémentaire de la 13e AVS, cela ne suffit pas à stabiliser financièrement l’ensemble de l’AVS à long terme.

L’augmentation des cotisations AVS dans toutes les possibilités de financement imposera une charge financière considérable à la population suisse, même si le taux de cotisation AVS est faible en comparaison internationale. Le taux de cotisation, actuellement de 8,7 pour cent, est nettement inférieur à celui de l’assurance pension légale allemande, qui est de 18,6 pour cent. En Suisse, l’AVS a toutefois une fonction plus limitée, car elle vise uniquement à garantir une rente de base garantissant un salaire décent. La pension est augmentée par le biais d’une prévoyance professionnelle obligatoire et d’une prévoyance personnelle volontaire. Les Suisses paient des cotisations supplémentaires pour ces deux piliers. À cela s’ajoute désormais la charge supplémentaire notable que représente le financement de la 13e AVS, sans que les effets de l’évolution démographique sur la capacité de financement de l’AVS soient suffisamment pris en compte. Ces fardeaux frapperont particulièrement durement les jeunes générations. Il ne s’agit pas seulement de l’augmentation des cotisations salariales AVS, que 2,7 millions de bénéficiaires de rentes suisses bénéficiant d’un futur 13e mois de pension n’ont pas eu à payer pendant leur période d’emploi, mais aussi de la charge disproportionnée causée par les augmentations de TVA. Cela touche particulièrement les familles avec des enfants jusqu’à 4 ans et les jeunes couples mariés âgés de 25 à 34 ans. (ESTV, 2024)

La vertu de la durabilité

L’évolution démographique ne s’arrête pas aux systèmes de sécurité sociale suisses. L’AVS n’est pas financée de manière durable à long terme en raison du nombre réduit de cotisants par rapport au nombre toujours croissant de bénéficiaires de rentes. L’introduction de la 13e rente AVS a considérablement aggravé la viabilité financière et aggravé la situation.

Au fond, pour tout système de sécurité sociale et chaque financement public, les dépenses actuelles devront être payées tôt ou tard par une génération. Les dépenses liées à la 13e rente AVS forfaitaire pour tous les Suisses sont supportées en priorité par les jeunes travailleurs et les familles en Suisse. Dans ce contexte, l’argument selon lequel la 13e AVS sert à lutter contre la pauvreté des personnes âgées et constitue une mission sociale semble erroné. Ce qui est également souvent passé sous silence, ce sont les prestations complémentaires qui visent spécifiquement à apporter un soutien financier aux retraités dans le besoin. Une augmentation ou une réforme ciblée des prestations complémentaires aurait pu lutter plus efficacement contre la pauvreté des personnes âgées sans pour autant améliorer la situation des bénéficiaires de pension, toutes classes de revenus confondues.

Il convient de noter que quelle que soit la solution de financement choisie pour la 13e AVS, l’AVS risque de se retrouver dans de graves difficultés financières sans réformes fondamentales. Une solution durable pourrait résider dans une combinaison de mesures, telles que l’augmentation progressive de l’âge de la retraite et une répartition plus équitable des charges financières entre les générations. Ce n’est que grâce à de tels ajustements structurels que la stabilité financière de l’AVS pourra être garantie à long terme et que l’équité intergénérationnelle sera préservée. Bien que de nouvelles charges soient probables sous la forme d’une augmentation des cotisations AVS ou d’augmentations d’impôts, elles se heurteront probablement à une résistance politique après les charges financières provoquées par la 13e AVS. Il reste à espérer que les partisans de la 13e AVS se rappelleront qu’ils ont voté pour cette voie.

littérature

Bauer, Rudolph et Weisser, Bilan générationnel suisse – Analyses de la viabilité fiscale de l’AVS, Études de prévoyance UBS, 2024.

Bauer, Rudolph et Weisser, Scénarios de revenus AVS – AVS 2030, études prévoyance UBS, 2023.

Office fédéral des assurances sociales (BSV), perspectives financières de l’AVS 2024.

Office fédéral de la statistique (OFS), Démographie et migration, section Naissances et décès, 2024.

Administration fédérale des contributions (AFC), Statistique TVA, 2024

Hans Fehr et Laurence J. Kotlikoff, Comptabilité générationnelle en équilibre général, Finanz Archiv, nouvelle série, volume 53, numéro 1 (1996/1997) : 1-27.

Raffelhüschen, Bernd ; Schultis, Sébastien ; Seuffert, Stéphane ; Stramka, Sebastian, honorable État ? Mise à jour 2024 du bilan des générations. Le paquet retraite II, arguments sur l’économie de marché et la politique, Vol..

Karen Rudolph




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