Du Sacré au Boléro, trilogie de l’extase

2024-09-25 16:03:07

L’idée était de reprendre trois chefs-d’œuvre du début du XXe siècle : « L’Après midi d’un faune », « Boléro » et « Printemps sacré », c’est-à-dire Debussy, Ravel et Stravinsky, chorégraphiés par Vaslav Nizhinsky, et par son sœur Bonislava pour « Boléro », et en font un spectacle unique, où les trois partitions avancent en douceur.

Une idée qui fera trembler vos poignets. Elle a été développée par le chorégraphe catanien Roberto Zappalà avec sa compagnie basée au Scenario Pubblico au cœur de Catane et constitue la seule réalité de danse contemporaine du sud d’importance nationale. C’est vrai, il y a aussi Fredi Franzutti à Lecce, mais il fait un travail plus entre classique et contemporain.

Une soirée donc bien remplie, 70 minutes à aborder d’un seul coup, que Zappalà a réunie sous le titre unique “Trilogie de l’extase”. C’était l’ouverture du festival Milanoltre au Théâtre Elfo Puccini dirigé par Lorenzo Conti et Rino Achille De Pace, aujourd’hui une solide institution milanaise, qui en est à sa trente-huitième édition et qui se poursuit jusqu’au 17 octobre avec cinquante rendez-vous.

La scénographie qui se développe sur le côté gauche (coté jardin) et en arrière-plan est unique : un ensemble de bâtiments multicolores.

Dans l’avant-scène se trouve un petit tapis aux motifs argentés où le soliste, vêtu d’un collant blanc aux motifs sombres, danse l’Après midi. C’était en 1912 lorsque dans une scénographie de Léon Bakst, Vaslav Nijinski le représentait avec une danse inspirée des peintures égyptiennes, le tout posé avec les deux épaules tournées vers le public et la marche également parallèle à la scène. Et la fin dans laquelle le protagoniste atteint l’orgasme en se frottant au voile d’une nymphe.

Zappalà ne fait que de petites références, lorsqu’il impose au danseur les bras fléchis, les coudes toujours au corps et les mains avec tous les doigts étendus et joints. Mais à l’arrière-plan, il y a déjà des hommes cagoulés avec des capes noires et d’énormes masques blancs à tête de bélier sur la tête.

Puis la danse se développe et passe au “Boléro” donnant la scène aux 14 danseurs cagoulés qui, après avoir retiré leurs masques de bélier, révèlent d’autres masques. Car, désormais, c’est clair : la référence est au film “Eyes Wide Shut” de Kubrik, à la soirée à laquelle assistaient Nicole Kidman et Tom Cruise. Donc les mêmes masques aux formes multiples, souvent dorées, les mêmes capes.

Mais ensuite le boléro avance et les interprètes suivent le rythme d’abord lent puis pressant de la musique, qui se termine dans un crescendo paroxystique, ôtant leurs manteaux, restant nus et entrelaçant les danses des couples homo et hétérosexuels. Visionnaire, suggestif, efficace. C’est le style de Zappalà. Le « Boléro » est suivi d’un très court intermède électronique.

Et puis le « Sacré ». Un rite païen inspiré de la Russie antique avec l’élue dansant, dans le solo final, jusqu’à sa mort pour favoriser le retour du printemps par le sacrifice. En 1913, point de non-retour pour la musique de Stravinsky et la chorégraphie de Nijinski. La modernité est née.

Beaucoup se sont approchés du “Sacré”, de Béjart qui avec le couple choisi en a fait un triomphe de l’amour, à Pina Busch qui met plutôt en scène la cruauté et la violence de la relation homme-femme. Ou encore Olivier Dubois qui l’a affronté à trois reprises, toujours en soliste. Dans la dernière version, fin juillet dans Bolzano Danza, il a enfermé l’ancienne étoile de l’Opéra, Marie-Agnès Gillot dans une armure de Samouraï.

Zappalà choisit sa propre voie, organisant une danse très sautillante pour ses protagonistes, les déplaçant souvent à l’unisson sur la scène, les faisant s’effondrer au sol et les réunissant finalement en groupe au centre de la scène. Et un grand filet s’abat sur le groupe depuis le haut, les piégeant.



#Sacré #Boléro #trilogie #lextase
1727373071

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.