Mirjana Spoljaric, présidente du CICR : Le droit international humanitaire a été créé comme un instrument permettant de surmonter les divisions et d’ouvrir ainsi la voie de la polarisation à la paix

1970-01-01 03:00:00

Monsieur le Président :

L’efficacité du Conseil de sécurité se mesure à la manière dont il parvient à surmonter les divisions mondiales, à la manière dont il dépasse la définition fondamentale de la politique, condensée dans l’expression « soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous ». Pour résoudre ces divergences, il faut faire preuve de leadership, condition essentielle pour permettre des négociations constructives.

Ce que nous voyons aujourd’hui de la part du Comité international de la Croix-Rouge, c’est comment les parties belligérantes, enhardies, ignorent leurs obligations juridiques et utilisent parfois des interprétations excessivement permissives du droit international humanitaire pour justifier les violations des normes, les actes de destruction et les obstacles à l’action humanitaire. action.

Même si nous savons aussi que ce n’est pas quelque chose qui se répète systématiquement, malheureusement l’inertie collective et l’acceptation de cette réalité aberrante établissent un nouveau seuil sur la base duquel l’humanité est mise sur une échelle et sur le fait que toutes les vies humaines valent la même chose. .

La normalisation et l’apparente tolérance à l’égard d’interprétations erronées du DIH, qui se produisent sous le regard de la communauté internationale, laissent dans l’ombre d’autres conflits, qui finissent par passer sous silence l’attention du public. Il se produit des violations du droit dont la communauté internationale est pleinement consciente, mais face auxquelles elle applique peu de mesures correctives.

Comme vous le savez, un conflit armé sert à en justifier un autre, les limites sont repoussées vers la zone de l’acceptable et il en résulte davantage de souffrance humaine.

Le droit international humanitaire a été créé comme un instrument permettant de surmonter les divisions et d’ouvrir ainsi la voie de la polarisation à la paix. Ses règles, contenues dans des traités créés et ratifiés par ses États, appellent à la modération. Selon les Conventions de Genève, même un ennemi doit être traité avec humanité. Le DIH ne fonctionne pas comme une transaction.

Leurs chefs militaires doivent comprendre ceci : les guerres peuvent être menées et gagnées tout en respectant la lettre et l’esprit de la loi. Après tout, que signifie être victorieux ? Détruire un village et provoquer des morts civiles ?

L’anéantissement peut conduire au succès militaire, mais pas à la victoire politique ou morale. Si les systèmes de sécurité dominent chaque décision politique, on renonce à la possibilité de négocier.

Nous saluons le fait que tous les membres du Conseil de sécurité rappellent systématiquement aux parties au conflit de respecter le DIH ainsi que la lettre de ces obligations. Mais nous devons aller plus loin et veiller à ce que le véritable sens du droit international humanitaire soit respecté.

Cela signifie prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils. Il s’agit de ne pas déformer les calculs sur ce qui est acceptable en termes de proportionnalité. Cela implique de respecter les lois de la guerre, même si vos ennemis ne les respectent pas. Cela implique d’accepter que des acteurs humanitaires neutres apportent une aide humanitaire dans les zones contrôlées par leurs ennemis. Cela signifie également que les hôpitaux ne sont pas touchés par les attaques, que les civils peuvent fuir vers un endroit sûr et que l’approvisionnement en nourriture n’est pas interrompu.

Le manque d’humanité alimente la violence ; Préserver l’humanité favorise la réduction des hostilités. Les États et les forces armées doivent pleinement intégrer le DIH dans leurs stratégies de défense, non seulement en cas de guerre, mais aussi pour remporter une victoire qui permettra une stabilité à long terme.

Le soutien que le Conseil apporte au DIH doit passer des paroles aux actes. Vous déterminez si les Conventions de Genève sont ou non un outil salvateur pour la paix.

– Lorsque votre allié attaque des civils, décrochez le téléphone et exigez qu’il arrête.

– Lorsque votre allié refuse d’autoriser le CICR à rendre visite aux prisonniers de guerre, décrochez le téléphone et exigez qu’il fasse ce qu’il doit faire.

– Lorsque votre allié manipule les lois de la guerre, utilisez tous les moyens à votre disposition pour l’en empêcher.

Le DIH sauve des vies. Il a permis la libération de milliers de personnes détenues au Yémen, ainsi que des filles de Chibok au Nigeria, et a aidé le CICR à escorter un groupe d’orphelins à Khartoum vers un lieu sûr. Ce n’est pas la loi qui échoue, mais la volonté de la faire respecter.

Les chances de protéger les intérêts économiques et la sécurité de sa propre population seront plus grandes si les accords universellement ratifiés sont respectés. Parce que nous ne savons jamais quand la guerre pourrait atteindre nos propres frontières et nous retrouver du mauvais côté de la ligne. Défendre les Conventions de Genève est pour votre propre bien.

Le DIH ouvre la voie à la paix. Déclarez-le votre priorité politique.



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