2024-10-02 06:57:41
La National Portrait Gallery de Londres ouvrira ses portes le 20 octobre »Francis Bacon : Présence humaine‘, sera la plus grande exposition de portraits de l’artiste irlandais organisée par le musée. Parmi les plus de 55 tableaux des années 1950 qui seront exposés, on pourra voir quelques portraits aussi marquants que plusieurs de ses autoportraits, ou encore les tableaux d’Isabel Rawsthorne, Henrietta Moraes et Lucien Freud, et de ses amants Peter Lacy, George Dyer et John Edwards.
Les points forts de l’exposition incluent ses études obsessionnelles inspirées du « Portrait du pape Innocent » de Velázquez. Bacon dépouille ses sujets de leur apparence, des artifices que l’homme possède dans sa vie publique ou dans le portrait conventionnel pour montrer sa véritable présence humaine.
Pour Bacon, le portrait est le genre par excellence de la peinture. Leurs têtes sont inquiétantes, certaines frôlant peut-être l’horreur ou l’abjection selon Bacon, comme la bouche qui crie, exhalant par elle tout le « corps ». Ils proposent une réinvention du portrait traditionnel et un traitement unique de ce genre, faisant de lui l’un des artistes les plus marquants du XXe siècle.
Le philosophe français Gilles Deleuze, qui a écrit de superbes « portraits » comme « Nietzsche et la philosophie » ou « Proust et les signes », dans son livre « Francis Bacon ». Logique de la sensation», dit que présence est le premier mot qui précède un tableau de Bacon. Une présence qui agit directement sur le système nerveux et rend impossible la fixation de la représentation, dont les têtes sont préparées à recevoir des déformations, comme dans “Autoportrait” de 1963, dans lequel on l’aperçoit avec une tête de cochon. Il réalise également cette fusion d’images avec certains de ses personnages, atténuant la ligne qui sépare l’artiste de son modèle, comme cela arrive chez Lucian Freud ou George Dyer. Bacon considérait que l’identité est quelque chose de mutable et qu’elle est profondément influencée par les relations personnelles.
Deleuze fait une analogie qui décrit très bien ce que l’on voit dans leurs têtes déformées par toutes sortes de forces, comme la pression, l’écrasement ou l’étirement. Et il dit ceci : « Elles sont comme des forces auxquelles un voyageur transspatial immobile dans sa capsule fait face dans le cosmos. “C’est comme si des forces invisibles frappaient la tête sous les angles les plus différents.”
L’analyse minutieuse que Deleuze fait de l’œuvre de Bacon est très intéressante et sous certains aspects fondamentale pour la compréhension de son œuvre, même si ces analyses n’ont jamais une vision aseptique car imprégnée de la passion de l’observateur, elles ne sont pas neutres et donc, elles ont son limites. Je pense que l’on peut affirmer avec assurance que le meilleur témoignage de l’art est toujours apporté directement par les artistes.
À cet égard, le critique d’art Davis Sylvester, dans une interview avec Francis Bacon en 1966, lui posait la question de savoir pourquoi il croit que les gens ont le sentiment que son œuvre est horrible, ce à quoi l’artiste répond : « J’ai toujours voulu pour transmettre les choses aussi directement et grossièrement que possible, et peut-être que si quelque chose est transmis directement, ils ont l’impression que c’est horrible, parce que si vous dites quelque chose très directement à quelqu’un à propos de quelque chose, parfois ils sont offensés, même si c’est un fait, parce que “Les gens ont tendance à être offensés par les faits ou par ce qu’on appelait autrefois la vérité.
Quoi qu’il en soit, le processus créatif est une énigme. Bacon se demandait comment l’apparence pouvait être créée dans le mystère de la peinture. Pour le spectateur, le mystère de la création rend insondable notre compréhension du processus intérieur de l’artiste. La difficulté de s’observer soi-même lorsque l’état d’absorption, d’ivresse ou de passion produit par l’acte créateur nous éloigne de cette compréhension. L’absence de lui-même et du monde réel transporte l’artiste dans le monde de l’œuvre. Il devient donc incapable d’expliquer ce qui s’est passé dans le processus créatif lorsque le génie se manifeste dans un état de concentration absolue. C’est comme si l’inconscient prenait le contrôle à ce moment-là.
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