Folie à Deux comme « ruin porn » – comment la nouvelle suite joue avec la duplication et la désintégration

Comme des cartes à jouer à deux têtes, les histoires de Joker parlent de double identité, de doubles et de duplicité.

Dans les bandes dessinées et les films de DC, le Joker transforme les autres en fac-similés de lui-même, souriant largement. Il partage son état d’esprit à travers des rires contagieux et une « clownification » massive, créant des copies au fur et à mesure.

Suite du film Joker: Folie à Deuxréalisé par Todd Phillips et sorti aujourd’hui en salles, participe à cette riche tradition. Il le défie également en présentant un Joker hanté par son propre avenir perdu – le clown glamour, l’artiste meurtrier et l’amant irrésistible qu’il aurait pu devenir.

Que pouvons-nous apprendre du personnage du Joker sur notre fascination culturelle pour la duplication et la désintégration ?

La folie par imitation

Le doublement, la conscience divisée et les doubles sens sont des ingrédients des histoires du Joker depuis la création du personnage dans les années 1940.

Il propose lui-même différentes histoires d’origine dans le film à succès de 2008. Le chevalier noir (avec Heath Ledger dans le rôle du Joker). Il est présenté comme beaucoup dans la récente série de bandes dessinées Trois jokers. Le Joker mélange lui-même « comme un croupier distribue des cartes » dans la bande dessinée Batman de 2007. Le clown à minuit.

Dans l’univers clownesque de DC, le Joker transforme les autres en copies et en clowns du Joker, généralement grâce à l’utilisation de armes ou poisons biologiques ou chimiques, virologie, hypnotisme ou du pur charisme. Les copies du Joker incluent des fans et des adeptes du Joker vêtus de costumes et de masques de clown, comme dans le film de 2019 mettant en vedette Joaquin Phoenix. Dans bandes dessinées il est décrit comme ayant une influence qui

[…] affecte les gens, à un niveau primaire, presque subconscient. Pour la plupart des gens – les gens ordinaires – il inspire la peur. Pour les personnes les moins stables, il inspire tout simplement.

Depuis plus de 80 ans, son rire se propage comme un virus et provoque clownification de masse d’innombrables fois.

“Le monde entier sourit avec toi.” La nouvelle suite du Joker joue avec la double identité et l’ombre.

Multiplier sa puissance

Les histoires de Joker ont tendance à s’articuler autour de trois scénarios d’imitation, de doublement et de multiplication : plusieurs personnes agissant comme une seule (c’est-à-dire le Joker), une personne agissant comme plusieurs (comme dans Batman : RIP lorsque Batman tente de comprendre le Joker en expérimentant son état d’esprit comme une seconde conscience), et nombre de personnalités nichées au sein du Joker faisant des ravages. Tous ces scénarios sont de puissants rappels que le rire et l’humour des clowns ne doivent pas nécessairement être drôles.

Le personnage du Joker s’inspire de films célèbres des années 1920 et 1930, notamment Le Cabinet du Dr Caligari de Robert Wiene (1920), Nosferatu de FW Murnau (1922), Metropolis de Fritz Lang (1926), The Bat (1926) de Roland West et Paul L’Homme qui rit de Leni (1928). Beaucoup de ces œuvres présentent des malheurs ou artistes (de bande dessinée) mécontentsqui luttent tous avec leur identité.

Le moule culturel auquel appartient le Joker est lié à la fascination plus que centenaire pour les sosies, nervosité masculine, rire violent et involontaire et la perte de libre arbitre et de sens de soi.

Le Joker a longtemps joué avec les idées de dualité.
IMDB/Warner

Obsédant par l’absence

La nouvelle suite, Joker : Folie à Deux, s’inspire de toutes ces traditions très Joker. Arthur Fleck et son Joker (encore Phoenix) se débattent avec ses identités partagées.

Se déroulant deux ans après les événements du film précédent, Fleck est un patient à l’hôpital d’État d’Arkham, où il rencontre le double personnage Lee Quinzel/Harley Quinn (joué par Lady Gaga). Elle veut qu’il s’appuie sur son moi Joker.

Même si elle n’est ni la clown ni un scientifique comme elle est représentée dans d’autres histoires, elle veut aussi être une version Joker. Arthur lui-même veut être le Joker, mais pour des raisons à la fois externes et internes, il finit par ne pas vraiment devenir le Joker que nous reconnaissons dans le premier film.

La suite est finalement un tour joué au public. “Il n’y a pas de Joker”, confirme Arthur à la fin, juste Arthur. Folie à Deux raconte la beauté d’un rêve brisé.

Le Joker est un rêve collectif qui ne se réalise pas. Il apparaît sous forme de fantasmes. Il est le passé, mais à la fois présent et absent. C’est ainsi que le concept de hantologie a été définie – une fracture entre les réalités. Le film glamourise et exploite la désillusion alors que nous regardons le Joker et ses possibilités futures se désintégrer.

Joker : Folie à Deux est ainsi une version clownesque du ruin porn, nous invitant à profiter de la « déchéance » d’un personnage. Il nous donne un aperçu d’une version post-double du Joker, un non-Joker, laissé en morceaux.

Joker: Folie à Deux is in cinemas now.

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