Les États qui décideront du vainqueur de la course à la Maison Blanche

Le système unique de collège électoral des États-Unis signifie que les listes électorales des États décident du vainqueur. Mais la plupart des États votent de manière fiable pour les démocrates ou les républicains. Seuls quelques-uns sont susceptibles de changer – ce qu’on appelle les swing states.

Cette année, sept États décideront des élections et dans chacun d’eux, la course est serrée entre Donald Trump et Kamala Harris, selon les sondages du Financial Times. Ensemble, ces États ne représentent que 93 des 538 voix du collège électoral et 18 % de la population. Or, ils sont la cible de tout l’argent et de l’énergie des campagnes des deux candidats.

Pennsylvanie

L’État le plus important du mur bleu, une référence aux États que les démocrates – le parti bleu – ont remportés aux élections présidentielles de 1992 à 2012. Trump a brisé le mur en 2016, mais les démocrates ont de nouveau remporté ces États en 2020. Chacun a désormais un gouverneur démocrate populaire.

La Pennsylvanie (19 électeurs) est considérée comme le prix le plus important de l’ensemble de l’élection.

Harris et Trump se sont fréquemment rendus en Pennsylvanie et ont dépensé beaucoup plus en publicité dans cet État que partout ailleurs : 187 millions de dollars et 146 millions de dollars, respectivement. Trump a été blessé en juillet lors d’une tentative d’assassinat près de Butler, dans l’ouest rural de l’État.

Le succès de Harris dépendra de sa capacité à attirer les électeurs démocrates dans les grandes villes et à obtenir des avantages dans les banlieues plus riches, tout en limitant les pertes face à Trump dans les zones rurales conservatrices.
Michigan

Le Michigan (15 électeurs), siège de Détroit et centre de l’industrie automobile américaine, a été remporté par Biden avec moins de 3 % en 2020. Les démocrates ont très bien réussi lors des élections de mi-mandat de 2022, lorsque la gouverneure Gretchen Whitmer a été réélue, et les électeurs ont massivement soutenu une mesure visant à protéger le droit à l’avortement.

Mais le Michigan est également devenu un centre de résistance à la position de l’administration Biden sur la guerre israélienne à Gaza, où le nombre considérable de morts palestiniens a provoqué la colère des électeurs arabo-américains relativement nombreux du Michigan et des progressistes dans des villes universitaires comme Ann Arbor.

Les travailleurs sont au centre de l’attention des deux campagnes. Alors que Harris vante son soutien à une nouvelle industrie des véhicules électriques et au soutien fédéral à l’industrie manufacturière, Trump a attaqué les démocrates pour avoir mis en danger les emplois du Michigan pour lutter contre le changement climatique. Les banlieues aisées autour des villes de Détroit et de Grand Rapids seront essentielles.
Wisconsin

Le Wisconsin (10 électeurs) est un champ de bataille particulièrement houleux, avec une forte implication politique et de fortes divisions idéologiques : en 2020, il a enregistré le taux de participation le plus élevé de tous les swing states.

Le Parti républicain a choisi Milwaukee, la plus grande ville de l’État, pour la convention d’investiture de Trump, et Harris s’est envolé pour Milwaukee pendant la convention démocrate à Chicago pour organiser son propre rassemblement.

L’attitude à l’égard des tarifs douaniers prévus par Trump sera un facteur important dans les régions agricoles du Wisconsin. Les agriculteurs de cet État ont été fortement touchés par la politique commerciale de Trump pendant son mandat à la Maison Blanche.
Géorgie

Biden a été le premier démocrate à remporter la Géorgie (16 grands électeurs) depuis Bill Clinton en 1992. Son parti a ensuite remporté deux courses cruciales au Sénat en 2021, donnant aux démocrates le contrôle de la chambre.

Les démocrates ont bénéficié d’un soutien croissant dans les banlieues autrefois républicaines d’Atlanta et de fortes opérations de mobilisation des électeurs dans la ville elle-même. Le sénateur démocrate Raphael Warnock, pasteur de l’église d’Atlanta où prêchait le leader des droits civiques Martin Luther King Jr., est devenu un incontournable de la base démocrate.

Mais la majeure partie de la Géorgie reste extrêmement conservatrice. Trump a également fait des progrès auprès de la population noire de Géorgie, notamment en termes d’économie. Il entretient des relations tendues avec le gouverneur républicain Brian Kemp, qui a refusé de l’aider à renverser les élections de 2020, même si Kemp soutient désormais Trump.
Carolina de Nord

Barack Obama a remporté l’élection présidentielle en Caroline du Nord (16 électeurs) en 2008, mais aucun démocrate n’a gagné depuis.

Les sondages montrent Harris en tête en Caroline du Nord, renforcé par sa popularité dans les villes universitaires du Research Triangle de Raleigh, Durham et Chapel Hill, ainsi qu’à Charlotte et Greensboro, les autres grandes zones métropolitaines.

La campagne républicaine a été secouée par un scandale impliquant Mark Robinson, que Trump a salué et soutenu dans la course au poste de gouverneur de Caroline du Nord. Sur un forum pornographique, Robinson se qualifiait de « nazi noir » et prônait le rétablissement de l’esclavage.
Arizona

Si Harris ou Trump l’emportent sur le « mur bleu » et sur les champs de bataille du Sud-Est, l’élection sera terminée au moment où l’attention se tournera vers l’ouest. Mais si le résultat est partagé, deux États avec une population en croissance rapide et une grande partie des électeurs hispaniques pourraient décider de la course.

Biden a amené l’Arizona (11 grands électeurs), autrefois conservateur, aux démocrates en 2020.

Mais en tant que seul État indécis frontalier du Mexique, l’Arizona est en première ligne dans la bataille autour de la migration, l’un des principaux enjeux de l’élection. Trump a constamment attaqué Biden et Harris pour avoir augmenté le nombre de migrants ces dernières années et a promis des expulsions massives de personnes sans papiers s’il gagnait.
Nevada

Le Nevada (six électeurs), qui abrite Las Vegas et Reno, a voté démocrate à chaque élection présidentielle depuis 2004.

Mais les choses ne s’annoncent pas bien pour Harris, en partie à cause des gains de Trump parmi les électeurs hispaniques et parce que l’économie de l’État a été particulièrement difficile pour les ménages à revenus moyens et faibles.

L’inflation dans la région a dépassé le taux national ces dernières années, tandis que le taux de chômage de 5,4 % est le plus élevé de tous les États américains, ce qui mine la position économique de Harris.

(source: AFP)