Violence domestique secrète | SalutInternational

2024-10-07 01:21:56

Marguerite Saraceno

Bien que les violences domestiques touchent de nombreuses femmes, seule une partie marginale des cas est signalée ou interceptée par les professionnels et services spécialisés. Les médecins de famille pourraient jouer un rôle important de « sentinelle » du phénomène. L’Observatoire de l’Ordre Médical de Pavie.

La violence domestique (à comprendre au sens large comme la violence dans le contexte de relations ou de relations antérieures dans la sphère intime ou familiale) n’est pas seulement une question de protection des droits, mais constitue également un problème de santé publique omniprésent.également associé à des comorbidités importantes (violences domestiques et toxicomanies, handicap physique et mental, personnes âgées non autonomes, etc.). La littérature empirique a également décrit l’aggravation systématique de la violence domestique lors de conflits, de pandémies (dont la pandémie de Covid-19) et de catastrophes naturelles. [1]

En Italie, la violence domestique est un phénomène significatif en termes d’incidence et d’ampleur, et transversal du point de vue démographique et socio-économique, avec d’importants effets sociaux et de santé publique.. Sur ce point, il suffit de regarder les données relatives aux accès aux urgences et aux hospitalisations de patientes féminines en raison de violences, les données du ministère de l’Intérieur relatives aux délits d’espionnage de violences de genre, et les différentes enquêtes de l’ISTAT sur le phénomène. .

Le tableau général est bien résumé par l’ISTAT, selon lequel, en Italie, 31,5% des 16-70 ans (6 millions 788 mille) ont subi une forme de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie, soit 13,6 % des femmes en Italie ( 2 millions 800 mille) en ont souffert de la part de leur partenaire ou ex-partenaire, 26,4% des femmes ont subi des abus psychologiques ou économiques de la part de leur partenaire actuel et 46,1% de la part d’un ancien partenaire. [2]

Même si le phénomène concerne beaucoup (90% des victimes de violences domestiques sont des femmes), seule une part marginale des cas est signalée ou interceptée par les professionnels et services spécialisés.: Selon l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, seulement 22 % des victimes signalent et seulement 20 % des victimes recherchent une aide qualifiée. [3] En général, l’émergence du phénomène est laissée à l’initiative individuelle (fatigante et difficile), et de toute façon peu soutenue par les services locaux. En effet, en Italie, si un cas est porté à l’attention des centres anti-violence (CAV), dans 44,3% des cas, il arrive à l’initiative de la victime elle-même ou d’amis ou de parents. Par ailleurs, les victimes qui arrivent dans les CAV sont envoyées par les forces de l’ordre et les forces sociales (24,9%). Les urgences et les hôpitaux envoient 4,8% des cas qui parviennent au CAV. Toutefois, si l’on regarde les références des médecins locaux, on constate que seulement 0,9 femmes sur 100 envoyées au CAV ont été référées par le médecin de famille ou le pédiatre. [4] En général, les cas de violence domestique ont tendance à rester cachés, s’exacerbant avec le temps, entraînant une aggravation des conséquences et des risques pour les victimes. (selon le cycle de violence bien connu de Walker), cela est dû au fait que généralement les victimes ne portent pas plainte et que ceux qui entretiennent des relations de confiance et confidentielles avec les victimes (y compris les médecins ou les enseignants) ne reconnaissent pas le problème ou, même s’ils en sont conscients. de la violence, il n’agit pas. Selon une enquête Eurobaromètre de 2016, seules 12 % des personnes interrogées ayant eu connaissance de cas de violence domestique se sont adressées à la police ; L’EIGE rapporte que 71,5 % des personnes au courant de cas ne les ont jamais signalés.

La table technique a travaillé dans ce contexte de l’Observatoire des Violences de l’Ordre des Médecins de Pavie, dirigé par Stefano Cartesegna. Grâce à d’intenses discussions avec des médecins locaux et des experts du Réseau Interinstitutionnel Territorial Anti-Violence de Pavie dont il fait partie, l’Observatoire a développé le Procédures de médecine locale en cas de violences conjugales, adopté par l’Ordre Médical de Pavie fin 2023. [5]

L’Observatoire, également en phase avec quantà propos de çaétablie par la Convention d’Istanbul, est partie de la reconnaissance que les mesures visant à détecter les cas de violence domestique doivent être généralisées, accessibles et généralisées. En ce sens, la médecine locale semble intrinsèquement apte à être un point de référence pour les victimes, notamment grâce à la relation médecin-patient, souvent durable et certainement fiable et confidentielle. Néanmoins, jusqu’à présent, le rôle des médecins généralistes a été marginal. Grâce à des discussions avec des médecins locaux, l’Observatoire a tenté de comprendre pourquoi les médecins généralistes envoient rarement des plaintes au CAV et servent d’intermédiaire entre la victime et le réseau, et pourquoi, même en présence d’obligations légales spécifiques, ils signalent très rarement des cas au parquet. L’Observatoire a donc trouvé des causes multiples : l’offre limitée (et récente) de formations spécifiques sur le sujet, le fréquent sentiment d’impuissance et d’isolement face aux cas de violence confirmés ou suspectés, les difficultés (notamment organisationnelles et de communication) que les médecins rencontrer en ambulatoire pour soigner adéquatement les victimes. Il est complexe de décider quoi faire, signaler avec précision, contacter le CAV, signaler ou signaler lorsque cela est nécessaire. Sur ce dernier point, l’Observatoire a constaté la nécessité d’attirer l’attention des opérateurs sur les obligations de déclaration et de déclaration des médecins qui, dans le cadre de leur pratique de soins cliniques, se retrouvent à soupçonner ou à constater des cas de violence domestique imputables à des délits passibles de poursuites judiciaires. officio (articles 361, 362 et 365 du Code pénal). Le respect assidu des obligations de signalement peut en effet avoir un impact significatif sur la possibilité d’intercepter plus ou moins tôt les cas de violence domestique, contribuant ainsi à la prévention secondaire et évitant une aggravation supplémentaire de la dynamique violente. Les obligations d’envoi du rapport ou du signalement au parquet ne doivent pas être vécues comme trop lourdes par le médecin à qui il n’est pas demandé une évaluation juridique précise et technique des dossiers, ni la définition d’une stratégie de gestion des dossiers qui va au-delà de la normale tâches de soins typiques de la médecine.

L’Observatoire a donc préparé et distribué deux formulaires courts et faciles à remplir aux médecins généralistes et pédiatres de libre choix de la province.accompagné d’une série d’indications et d’explications visant à promouvoir une gestion correcte de tout cas de violence domestique, y compris le respect de toute obligation de signalement et de signalement. En parallèle, le groupe de travail a promu une série d’activités de formation sur le thème de la reconnaissance et de la prise en charge des victimes de violence domestique. Les formulaires et les instructions qui les accompagnent visent à promouvoir un rôle actif et efficace des médecins locaux dans l’interception des cas de violence. Il est précisé lorsque l’obligation de déclaration et l’obligation de déclaration sont déterminées (lorsque les comportements préjudiciables constatés ou soupçonnés sont des délits pouvant faire l’objet de poursuites d’office) et qu’il n’appartient pas au médecin de déterminer la nature juridique de l’affaire, mais au Procureur qui recevra le rapport ou la plainte. En outre. Le avec un plan de sauvetage suggère comment aborder le patient et souligne l’importance de la « mise en réseau » avec d’autres institutions, notamment dans le but d’éviter un sentiment d’isolement et des doutes dans la gestion des cas.

Le premier formulaire est utile dans le cas où le médecin constate chez un patient des symptômes et/ou des blessures qui, sur la base des antécédents médicaux et d’un examen objectif, peuvent vraisemblablement être attribués à des violences domestiques. Le formulaire représente donc une sorte de guide pour compléter le constat avec toutes les informations utiles non seulement du point de vue anamnestique et clinique, mais également concernant la prise en charge de la victime et les éventuels contacts avec le CAV (par exemple dans des situations particulières, il est proposé au médecin et à la victime d’appeler le CAV ou le numéro d’urgence 1522), les urgences et la police, si nécessaire. En outre, le formulaire guide le médecin dans l’envoi éventuel du formulaire de rapport au ministère public et permet de recueillir d’autres informations utiles également d’un point de vue juridique (mineur, grossesse et handicap, participation d’éventuels enfants mineurs, qui aggravent des crimes ou les qualifient de passibles de poursuites).

Le deuxième module aide le médecin en cas de violence signalée. En effet, cela permet au médecin de remplir l’obligation de déclaration qui découle du professionnel lorsque, dans le cadre de son activité clinico-ambulatoire, il prend connaissance d’épisodes de violence domestique subis par l’un de ses clients ou même par un tiers. . , mais en tout cas signalé par le patient au médecin. Pensez aux cas assez fréquents de parents ou de grands-parents qui signalent à leur médecin des cas sensationnels de violence contre leur fille ou leurs petits-enfants de la part de leur partenaire ou des cas similaires. Les formulaires (dont la structure a également été discutée avec des juristes et des représentants du ministère public) ont été structurés de manière à être simples et faciles à utiliser en milieu ambulatoire ainsi que par les médecins assurant la continuité des soins. Dans tous les cas, les communications au parquet ne posent aucun problème confidentialité et ne nécessitent aucun consentement de la victime.

Depuis l’adoption des procédures, intervenue fin 2023, l’Observatoire a constaté jusqu’à présent une augmentation significative du nombre de signalements tant au CAV qu’au parquet par des médecins de la région de Pavie.

L’espoir, à travers l’adoption généralisée de formulaires et de procédures et la formation, est de rendre plus simple et plus efficace le travail des médecins généralistes dans la reconnaissance et l’interception des cas de violence domestique, mettant ainsi en valeur l’incroyable potentiel de la médecine territoriale comme dispositif anti-violence.

Margherita Saraceno, Université de Pavie, Département de Droit.

Bibliographie

  1. OMS (2013) Estimations mondiales et régionales de la violence contre les femmes. Prévalence et effets sur la santé de la violence conjugale et de la violence sexuelle hors partenaire. OMS, Département de santé et de recherche reproductives, London School of Hygiene and Tropical Medicine, Conseil sud-africain de la recherche médicale. ISBN : 978 92 4 156462 5.
  2. ISTAT (2024) Le nombre de victimes et les formes de violence. https://www.istat.it/statistiche-per-temi/focus/violenza-sulle-donne/il-fenomeno/violenza-dentro-e-fuori-la-famiglia/il-numero-delle-vittime-e- le-forme-di-violenza/
  3. Agence des droits fondamentaux de l’UE (2021) Enquête sur la criminalité, la sécurité et les droits des victimes. https://fra.europa.eu/en/publication/2021/fundamental-rights-survey-crime.
  4. ISTAT (2023) Le système de protection des femmes victimes de violences. https://www.istat.it/it/files//2023/08/2023-03-08-statreportprotezione-Istat-Dpo.pdf
  5. Cartesegna S., Saraceno, M. (Editeurs) (2024) Médecine territoriale et violence domestique. Il Pensiero Scientifico Editore.



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