Kiev s’entretient avec la Russie sur la possibilité d’une “terre contre paix”

L’Ukraine entre dans le troisième hiver d’une guerre à grande échelle déclenchée par la Russie. À l’est, les forces armées perdent du terrain sous l’assaut des troupes russes, même si cela coûte à la Russie d’énormes pertes. A Kiev, ainsi qu’à Washington et dans certaines capitales occidentales, l’ambiance est en train de changer, dit-on Temps Financier.

La détermination selon laquelle la guerre ne prendra fin que lorsque l’armée russe quittera l’Ukraine est remplacée par l’admission à contrecœur que la meilleure option est « un règlement négocié qui laisse intacte la majeure partie du pays ». Mais Kyiv ne dispose même pas du soutien nécessaire pour atteindre cet objectif.

Les perspectives pour l’Ukraine sont surtout assombries par la victoire éventuelle du républicain Donald Trump aux élections américaines. Il a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaitait une fin rapide de la guerre. Certains responsables américains et européens espèrent que Trump pourra au moins être dissuadé de forcer Kiev à conclure un accord défavorable à Moscou qui poserait de sérieux risques pour la sécurité européenne et américaine à l’avenir.

Mais alors même que la guerre au Moyen-Orient s’intensifie, même certaines capitales occidentales qui insistaient auparavant sur la nécessité d’une victoire militaire contre la Russie repensent leurs objectifs. Certains responsables de Kiev se sont également plaints en privé de ne pas avoir les effectifs, la puissance de feu et le soutien occidental nécessaires pour reprendre tout le territoire conquis par la Russie. C’est pourquoi, à huis clos, on parle d’un accord selon lequel la Russie conserverait le contrôle des territoires occupés.

“Moscou conserve de facto le contrôle d’environ un cinquième des régions de l’Ukraine dont elle s’est emparée – bien que la souveraineté de la Russie sur ces régions ne soit pas reconnue – tandis que le reste du pays est autorisé à adhérer à l’OTAN ou à bénéficier de garanties de sécurité équivalentes”, écrit la publication.

Sous ce cadre, l’Ukraine pourrait également se reconstruire et s’intégrer à l’UE, à l’instar de l’Allemagne de l’Ouest de l’époque de la guerre froide.

Toutefois, un tel scénario repose sur des hypothèses ambitieuses. L’une d’elles est que les États-Unis et leurs alliés doivent être prêts à offrir à l’Ukraine l’adhésion à l’OTAN ou les garanties nécessaires. Mais jusqu’à présent, ils se sont montrés réticents à fournir à Kiev des garanties d’adhésion à l’alliance.

“Cela nécessiterait un déploiement énorme et coûteux de forces de la part des États-Unis et de leurs partenaires – et les laisserait tendus à la manière de la Guerre froide”, indique la publication.

La deuxième hypothèse est que le président russe Vladimir Poutine serait disposé à négocier et à accepter un tel scénario. Mais empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN est l’un des objectifs militaires déclarés du Kremlin. On peut également se demander si Poutine est incité à accepter des pourparlers « terre contre paix » s’il estime que son armée peut encore conquérir davantage de territoire.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a présenté le mois dernier à Washington un « plan de victoire » destiné à persuader les alliés de Kiev de renforcer sa position, militairement et diplomatiquement, et de forcer Moscou à s’asseoir à la table des négociations. Il est reparti les mains vides sur deux revendications clés : des progrès sur la voie de l’OTAN et l’autorisation américaine pour Kiev d’utiliser des missiles occidentaux pour frapper profondément en territoire russe. Que l’objectif soit une victoire totale ou que la Russie s’assoie à la table des négociations, les alliés occidentaux doivent renforcer la main de l’Ukraine.

Le Kremlin pourrait être poussé à négocier un accord qui pourrait être satisfaisant pour Kiev et l’Occident uniquement s’il estime que le coût des combats est trop élevé. Et toute solution à la guerre qui permettrait à tout ou partie de l’Ukraine de survivre et de prospérer nécessitera des garanties pour sa sécurité.

Au cours des trois mois restants de son mandat, le président américain Joe Biden et ses alliés européens doivent soutenir l’Ukraine autant que possible. L’objectif devrait être de placer Kiev dans la position la plus forte possible avant une éventuelle présidence Trump, ou de fournir une base sur laquelle Kamala Harris pourra s’appuyer si elle l’emporte. Nous ne pouvons toujours pas savoir comment la guerre se terminera. Mais il est dans le pouvoir et dans l’intérêt de l’Occident d’aider l’Ukraine à retrouver sa suprématie.

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