Mais quelle petite lune… Joie sans révolution pour Coldplay

Par superstition, ou plus probablement par épuisement, les compositeurs du XIXe siècle avaient tendance à s’arrêter à la neuvième symphonie, au-delà de laquelle ils juraient apercevoir les colonnes d’Hercule de la créativité musicale. Coldplay a déjà annoncé qu’il fermerait ses portes à douze heures, promettant deux albums supplémentaires après le nouvel arrivage. Musique de lune; dont l’écoute continue nous amènerait à répondre que ce n’est pas absolument nécessaire et que nous sommes heureux de nous contenter du chiffre rond. Cela sonne en fait comme la redoutée confirmation du parcours irréversible entrepris bien avant Music of the Spheres (2021) par le « sixième groupe le plus primé de l’histoire », qui aura certainement le temps et l’opportunité de gravir d’autres positions en visant tout droit le Grammys et consolidant le volet le plus joyeux et motivant de la pop contemporaine. Avec tout le respect que je dois à ceux qui attendaient encore un retour au style du passé, je ne dis pas Parachute mais dis au moins Un afflux de sang à la têtel’album enregistré au lendemain du 11 septembre d’où, si l’on y regarde de près, cette même « poétique de la résilience » de plus en plus hégémonique dans les paroles du groupe (et pas seulement dans les leurs).

SE ET VERSI exprimer la continuité, d’un point de vue musical c’est seulement la surface auditive qui montre des réminiscences stylistiques, avec la chanson titre qui au début offre environ quatre minutes d’espoirs, aussitôt brisées par on a l’impression de tomber amoureux: un refrain de huit mesures pour résumer les marques harmoniques, rythmiques et mélodiques des succès récents (Puissance supérieure, pour une chose). L’acte de foi de Nous prionslâcher le poker des featurings (Little Simz, Burna Boy, Elyanna et Tini) élimine alors toute attente résiduelle d’originalité avec une boucle harmonique sur laquelle alternent rap, pop urbaine et babillage choral semblable, plus qu’à Coldplay, aux jingles de notre d’anciennes publicités avec le chauffeur Ambrogio. Tout se résout sur la piste de danse de Éternel point culminant par moi Bons sentiments et pour les arcs-en-ciel qui sous forme d’emojis titre titre no. 6.
En cohérence avec les thèmes astraux sous-jacents, la vocalité du leader pousse également vers le haut dans des registres de plus en plus enclins à céder au fausset, incarnation parfaite de l’optimisme hyperglycémique de ce nouveau guide galactique pour se retrouver : la pop glacée de Musique de lune c’est une sorte de “tout ira bien 2.0” qui a franchement un goût un peu trop d’évasion, un regard vers les stars pour détourner l’attention du groupe et de son public du contexte historico-culturel actuel. Attitude risquée, car c’est déjà une tendance.

SANS DOUTE il faut rendre à Chris ce qui est à Chris (sans oublier l’autre Martin, Max, coproducteur de l’album), en reconnaissant dans des chansons comme Jupiter e Tout mon amour une plume toujours heureuse, et chez iAMM un digne héritier de leur recueil de chansons des « dix ans ». Mais cela ne suffit pas à dissiper cette couverture rose choquante qui s’ouvre sur un système solaire pop dont Coldplay est désormais la planète principale ; ou plutôt, la géante gazeuse dont il ne faut pas attendre de révolutions.

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