Les plantes européennes manquent d’animaux pour disperser leurs graines | Science

2024-10-10 21:00:00

Les plantes bougent aussi. Pour ce faire, ils utilisent leurs graines. L’un des moyens d’expansion est le vent. Mais tous ne sont pas aussi légers que le pissenlit. Il existe des milliers d’espèces végétales qui ont besoin d’animaux pour se déplacer. Ils les attirent avec des fruits sucrés ou nutritifs, glissant leurs graines dans leur estomac jusqu’à ce qu’ils les excrètent. C’est ainsi qu’ils assurent leur avenir. Mais en Europe, des travaux approfondis ont prouvé que les interactions entre disperseurs et disperseurs sont menacées car nombre d’entre eux sont en voie d’extinction.

La nouvelle recherche, publiée aujourd’hui jeudi dans le revue scientifique Sciencecompte 2 248 espèces végétales européennes qui ont évolué pour avoir des adaptations spécifiques pour la dispersion biotique (l’abiotique est le vent, parfois le feu ou l’eau) de leurs graines. « Ses fruits charnus, la pulpe attire les disperseurs. D’autres, comme les glands, les attirent en raison de leur contenu nutritionnel », rappelle la chercheuse de l’Université de Coimbra (Portugal) et première auteure de l’étude, Sara Beatriz Mendes. “D’autres espèces n’ont pas de fruits tels que nous les comprenons, mais elles ont des crochets et d’autres éléments [para engancharse]», explique Ruben Heleno, de la même université et auteur principal de l’ouvrage. Les auteurs précisent qu’il existe de nombreuses autres espèces à graines non spécialisées qui profitent des animaux.

Mendes, Heleno et d’autres chercheurs ont rassemblé des informations sur l’état de conservation des animaux frugivores européens ou des animaux dont l’alimentation contient des fruits, depuis les ours qui se gavent de cerises sauvages lorsqu’ils sortent de l’hibernation, jusqu’aux fourmis capables de transporter une graine 10 fois plus lourde que celle-ci. eux. Une fois une série de filtres appliqués (comme si la digestion rendait la graine non viable), ils ont dénombré 11 414 interactions entre 1 902 espèces végétales et 455 espèces animales. On pourrait penser que les principaux disperseurs sont les oiseaux et les mammifères. Mais près d’une centaine d’arthropodes remplissent également cette fonction écologique, outre les reptiles, les mollusques et même certains poissons. Chaque espèce animale disperse en moyenne le germe de 13 plantes différentes. Et à l’inverse, chaque plante compte en moyenne neuf disperseurs. Certains mammifères et oiseaux sont des superdisperseurs, comme le cerf commun, le sanglier ou le merle, qui propagent plus d’une centaine de graines différentes. Et les plantes qui comptent le plus grand nombre d’alliés sont le sureau, le bleuet et le cerisier sauvage.

Au-delà de ces données, qui n’avaient pas été recueillies jusqu’à présent, les informations accumulées permettent aux chercheurs de parler d’une crise de dispersion des semences en Europe. “La crise repose sur le fait que 30 % des dispersés sont menacés”, explique Mendes. « 30 % au minimum, car pour de nombreuses espèces, par exemple les invertébrés, on ne connaît pas leur état de conservation », ajoute-t-il. Bien que seulement 1 % des plantes dispersées figurent sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, pour les deux tiers du total, il n’existe aucune donnée sur leur statut de menace. Selon ces travaux, 60 % des plantes européennes auraient au moins un de leurs disperseurs en voie d’extinction et un tiers des espèces végétales en auraient plus d’un. Globalement, au moins 30 % des interactions plantes-animaux sont menacées. Les auteurs de l’étude ont laissé l’analyse de la situation de ces interactions pour une seconde partie, mais ils en ont trouvé au moins 78 en situation critique. Et ils en donnent un avant-goût : la possible extinction locale de corvidés comme le freux complique la situation pour au moins deux espèces de chênes.

Parmi les superdisperseurs se trouve la calotte noire, représentée en train de manger des baies de sorbier. Elle participe au transfert de graines de 95 espèces végétales.Jeanne Egert

“Un tiers des animaux partent, cela va être un problème pour les plantes de se déplacer, au moment où elles en ont le plus besoin”, explique Heleno. « L’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce… sont sur la voie de la désertification, en plus de la fragmentation des habitats. Les plantes doivent fuir vers le nord », ajoute-t-il. Heleno et Mendes soulignent tous deux que la crise de la dispersion des semences doit être bien plus profonde que ce qu’ils ont mis au jour. Il n’existe pas de données sur l’état de conservation de la plupart des plantes européennes et encore moins sur la situation des arthropodes, deuxième groupe de disperseurs après les oiseaux. “Les fourmis, par exemple, sont essentielles car il existe des espèces végétales qui sont pour la plupart dispersées par elles, mais comme elles ne sont pas aussi charismatiques que d’autres espèces, nous savons très peu de choses sur leur statut”, explique Mendes. Dans l’ensemble, l’état de 85 % des espèces d’invertébrés est inconnu.

Andrew J. Green, professeur-chercheur à la Station biologique de Doñana (CSIC), rappelle que « les plantes doivent bouger pour s’adapter au réchauffement climatique et sans animaux, elles ne pourront pas le faire ». À ce danger croissant, il faut ajouter que l’Europe est le continent où les habitats naturels sont le plus fragmentés. Avec autant de villes, de champs, d’infrastructures… les arbres et les arbustes ont plus que jamais besoin de l’aide de disperseurs. Son collègue de Doñana, Pedro Jordano, professeur au Département d’écologie intégrative, souligne à SMC Espagne que « la dispersion des graines par l’intermédiaire des animaux est essentielle à la régénération des forêts ». Sans rapport avec l’étude, l’expert ajoute que “si nous perdons les animaux frugivores et les innombrables interactions qu’ils ont avec les plantes, les forêts s’effondreraient”. Et il donne deux informations : « Dans les forêts tropicales par exemple, plus de 85 % des espèces ligneuses dépendent d’animaux frugivores pour la dispersion des graines, et dans la forêt méditerranéenne on en trouve jusqu’à 60 %. »

Heleno et Mendes comparent cette crise à celle des pollinisateurs. De nombreux écrits et recherches ont été réalisés sur les conséquences du déclin des insectes et des oiseaux pollinisateurs. Mais ce n’est que maintenant que l’on commence à étudier comment l’extinction ou le déclin de certaines populations animales compromet l’avenir de nombreuses espèces végétales.



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