L’industrie sidérurgique suisse : quelle est la prochaine étape ? -Radio SRF1

2024-10-24 09:18:00

Les salariés de l’industrie sidérurgique ont manifesté en début de semaine contre les menaces de suppressions d’emplois. Que devrait-il se passer ensuite pour les industries en danger ? Le professeur Jan-Egbert Sturm évoque la nécessité d’un changement structurel dans l’économie.

Jan-Egbert Sturm

Économiste


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Jan-Egbert Sturm dirige le centre de recherche économique de l’ETH Zurich. Il se spécialise dans les domaines de recherche de la macroéconomie, de l’économie monétaire et de l’économie politique.

SRF: La Suisse ne semble plus être un bon site pour l’industrie sidérurgique. Le voyez-vous ainsi aussi ?

Jan-Egbert Sturm : Nous constatons que le monde économique est en constante évolution. Il semble que les choses deviennent de plus en plus difficiles pour les aciéries suisses. Il s’agit d’une forme de changement structurel que nous avons également constaté dans d’autres domaines au cours des dernières décennies, par exemple dans l’industrie textile. Nous devons apprendre à vivre avec cela.

On dit que l’aciérie de Gerlafingen est systémiquement pertinente et bonne pour le recyclage. Et cela permet d’économiser du CO₂. Une motion du Conseil national appelle le gouvernement fédéral à intervenir et à apporter son soutien dès maintenant. Qu’en pensez-vous ?

La Suisse a réussi à autoriser des changements structurels au cours des dernières décennies. La Suisse est ainsi devenue l’un des pays les plus innovants au monde. Nous avons laissé démanteler des domaines dans lesquels nous ne sommes plus compétitifs. Cela permet à d’autres domaines de passer davantage au premier plan. En tant qu’économiste, c’est en fait la chose la plus souhaitable, même si c’est bien sûr amer. Cela s’accompagne également de toutes sortes de coûts sociaux.

Vous avez mentionné le mot « changement structurel ». Qu’entendez-vous exactement par changement structurel ?

Par exemple, si nous remontons vingt ou trente ans en arrière, nous étions alors beaucoup plus forts dans le textile qu’aujourd’hui. Dans d’autres domaines, nous étions beaucoup plus faibles. Par exemple dans les industries pharmaceutique, chimique ou biotechnologique. À l’époque, ils étaient plus modestes qu’aujourd’hui. Nous constatons que nous avons aujourd’hui une structure économique différente de celle d’il y a quelques décennies.

La Suisse s’est concentrée sur les domaines où elle est vraiment bonne.

Nous sommes devenus compétitifs, par exemple dans le secteur pharmaceutique. Ou bien dans certaines parties de l’industrie mécanique ou de l’industrie horlogère. Nous constatons également que ce sont ces produits que nous exportons de plus en plus. La Suisse a très bien réussi en se concentrant sur les domaines dans lesquels elle est vraiment bonne.

D’un point de vue économique, est-ce simplement le passage du temps ?

Oui, vous pouvez le dire ainsi. Nous constatons le progrès technologique et nous produisons des choses différentes aujourd’hui qu’auparavant. La demande a changé. Nous ne voulons plus avoir le même type de produits qu’il y a dix, vingt ou trente ans. Cela signifie que les structures de l’économie doivent changer. C’est toujours douloureux. Mais en fin de compte, c’est bénéfique pour la société.

La Suisse compte encore diverses industries : machines, électricité, chimie, pharmacie, horlogerie, etc. Viendra-t-il un jour où la Suisse n’aura plus aucune industrie en raison du changement structurel ?

C’est difficile à imaginer. C’est la même chose que dans le secteur agricole. Nous continuerons à être actifs dans le secteur agricole. Nous constatons également que la Suisse est un endroit relativement bon. En comparaison internationale, nous avons de nombreuses entreprises industrielles. Cela ne changera probablement pas grand-chose de sitôt. Ce sont simplement d’autres entreprises industrielles qui se tournent de plus en plus vers des niches et des secteurs de haute technologie. Nous y avons de grands avantages grâce à nos très bonnes connaissances et notre emplacement.

Sandra Schiess a mené l’interview.



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