« Voici quelques-uns des nombreux changements que j’ai remarqués » – The Irish Times

J’ai quitté la France en 2006 après 12 ans d’existence et j’y suis revenu vers la fin des restrictions liées au Covid-19. Beaucoup de choses ont changé au cours de mes 15 années d’absence.

D’abord lente à adopter Internet – après tout, elle disposait déjà du Minitel (un service de vidéotex interactif en ligne accessible via les lignes téléphoniques) – la France a rattrapé son retard. Et comment. En 2006, personne ne possédait de smartphone. « Réseaux sociaux » ne faisait pas partie du dictionnaire. Vous ne pouviez pas envoyer de courrier électronique à un ministère, mais vous pouviez envoyer un fax. Les prix des supermarchés étaient toujours affichés en francs ainsi qu’en euros.

Dans la France que j’ai quittée, les gens ne parlaient souvent que français. Les bilingues étaient pour la plupart des produits de l’immigration. À la fin des années 1990, lorsque la France a introduit l’anglais dans les écoles primaires, je faisais partie des locuteurs natifs recrutés. La génération à laquelle j’ai enseigné a maintenant entre 20 et 30 ans et a un niveau d’anglais raisonnable.

La France où demander son chemin en anglais suscitait des regards vides n’existe plus.

Aujourd’hui, l’anglais est plus présent dans la publicité, les noms de marques, les gros titres et même dans le discours de tous les jours. Les Français parlent de « soi », mais pas dans le sens existentiel. Il s’agit plutôt d’une cantine, dérivée du « libre-service ».

Je n’aime pas me ranger du côté des idéologues qui parlent de pureté linguistique. La langue est censée s’adapter et évoluer. Mais je sursaute quand j’entends parler d’« un burnout » ou de « des news qui donnent le sourire » (une nouvelle qui fait sourire). De toute évidence, je suis devenu d’âge moyen au cours des années où j’ai été absent.

L’anglais n’est pas la seule langue à introduire de nouveaux mots. La France compte entre trois et quatre millions d’arabophones. “Kif”, signifie aimer, dans le contexte français, n’est qu’un des nombreux mots d’origine arabe qui sont devenus courants.

Marc de Faoite : “Revenir dans une France changée et changeante a été finalement positif”

L’islamosphère au sens large influence de plus en plus la façon dont une partie de la jeune génération choisit de s’habiller. Autrefois, il était relativement rare de voir une jeune femme porter un foulard, encore moins la longue abaya fluide. Aujourd’hui, l’abaya est si courante que récemment, un ancien ministre de l’Éducation a lancé sa croisade personnelle pour interdire aux filles de la porter à l’école.

Appelez-moi de démodé, mais je suis d’avis qu’une femme doit s’habiller ou se déshabiller à sa guise. Les plages françaises étaient autrefois des zones topless. Ce n’est plus le cas, surtout pour les jeunes. Je soupçonne que les réseaux sociaux et la présence de caméras partout ont eu un effet dissuasif.

La France que j’ai quittée avait des bars enfumés. Désormais, les rues sont remplies de nuages ​​​​de bubblegum écoeurants s’échappant d’innombrables vapes jetables.

[ Vaping: What are the Irish Government’s planned restrictions and will they succeed?Opens in new window ]

Il est toujours de rigueur de dire bonjour, mais Covid a supprimé une partie de l’intimité de la bise – le baiser de salutation – ou de la poignée de main formelle, toutes deux désormais souvent remplacées par un coup de poing désinvolte.

Les pistes cyclables sont beaucoup plus courantes. Certains protègent même les cyclistes avec plus que de la simple peinture. Les transports publics se sont également améliorés, mais le service ferroviaire est plus cher que dans mes souvenirs et a besoin d’être rajeuni.

Le service, traditionnellement jamais un point fort en France, s’est considérablement amélioré. Même mes inévitables relations avec la bureaucratie française, bien que jamais simples, ont été efficaces et presque agréables. J’ai subi une intervention chirurgicale mineure plus tôt cette année. Malgré les plaintes selon lesquelles le système médical n’est plus que l’ombre de lui-même (et non le système de cantine), les normes restent excellentes.

Même si la crise du logement en France est loin d’être aussi grave que celle de l’Irlande, elle n’en reste pas moins bien réelle. Par rapport à 2006, les gens ont plus de mal à joindre les deux bouts. Les prix continuent d’augmenter, mais pas les salaires, ou lorsqu’ils augmentent, ils ne suivent pas l’inflation. Mais les riches deviennent certainement plus riches. La France comptait 14 milliardaires en 2006. Aujourd’hui, ils sont 147.

Les supermarchés offrent plus de variété de nos jours. Je commande toujours mes sachets de thé en Irlande, mais si j’en avais plus, je n’irais plus sans thé. Avant, il était difficile d’acheter une bouilloire. Pas maintenant. Il est également beaucoup plus facile de trouver du lait frais, une amélioration par rapport au redoutable lait UHT qui était souvent la seule option.

[ Irish consumers paying 42% more for goods and services than EU counterpartsOpens in new window ]

J’apprécie le bon pain frais de la boulangerie locale autant que n’importe qui, mais parfois j’ai juste envie d’une tranche de pain grillé. Autrefois, le pain tranché était rare et possédait toute la saveur et la texture de la sciure de bois. Heureusement, ce n’est plus le cas.

En 2006, un Français adulte moyen buvait 50 litres de vin par an. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à peine à 24 litres, dont près de la moitié sont consommés par des personnes de plus de 55 ans.

Le végétarisme, bien qu’encore loin d’être courant, n’est – pour l’essentiel – plus considéré comme une forme irrémédiable de déviance sociale.

Revenir et se réadapter à une France changée et changeante a été une expérience quelque peu déconcertante mais finalement positive. J’ai vécu ici assez longtemps pour savoir que la France n’est pas parfaite, mais pour le moment je ne vois pas d’autre endroit où je préférerais vivre.

  • Né à Dublin, Marc de Faoite est écrivain et éditeur indépendant. Basé en Malaisie de 2007 à 2022 il vit désormais au pied des Alpes françaises. Ses nouvelles, articles et critiques de livres ont été publiés sous forme imprimée et en ligne. Tropical Madness, un premier recueil de ses nouvelles, a été sélectionné pour le Prix international de la nouvelle Frank O’Connor 2014. Son dernier recueil, Lime Pickled and Other Stories, a été publié en janvier 2023.
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