Menouar Touil devra rester en prison jusqu’à l’âge de 89 ans. La cour d’assises de Bobigny a condamné vendredi soir ce retraité de Bondy à trente années de réclusion criminelle dont vingt ans de période de sûreté, pour avoir tenté de tuer sa femme à Bondy en 2012.
Nadia, l’épouse qui depuis a obtenu le divorce, avait échappé de peu à la mort, ce 30 décembre 2012. En chemin pour aller travailler avant le lever du jour, cette caissière de supermarché s’était fait voler son sac lors d’une agression d’une violence inouïe. Elle avait été frappée à la tête avec une hache ou une machette. La piste crapuleuse a vite été délaissée pour privilégier un règlement de compte familial. La caméra d’une maison de retraite avait filmé un cycliste dans la rue, haut perché sur sa selle, un peu comme Menouar Touil sur son vélo. De l’avis des policiers, puis du juge, le vol du sac n’était qu’un leurre, pour camoufler la colère d’un mari brutal, autoritaire, radin, qui aurait voulu garder sa maison après 31 ans de mariage alors que le juge aux affaires familiales lui avait ordonné de partir depuis un an.
«Je n’ai rien à me reprocher, j’étais chez moi, je dormais», a-t-il répété dans le box en toute fin de procès, niant les faits reprochés, comme trente ans auparavant devant une autre cour d’assises. C’était à Créteil (Val-de-Marne). Il avait été été condamné à vingt ans de réclusion pour l’assassinat d’un compagnon, travesti, dont le corps avait été retrouvé démembré dans le bois de Vincennes. « Combien faut-il de victimes encore pour qu’il cesse de nuire aux personnes qui l’entourent ?», a martelé l’avocate général, Yasmine Wasylyszyn, en réclamant la réclusion criminelle à perpétuité avec vingt-deux ans de sûreté «pour le mettre à l’écart de la société».
Deux crimes en récidive, un portrait détestable, un coupable idéal désigné par la victime… «J’aurais mieux fait de me casser les deux jambes plutôt que de la rencontrer» a répété à la barre Nadia. Tout était réuni pour une lourde peine. Tout, sauf, les preuves matérielles. La hache ou la machette n’a jamais été retrouvée. Il y a bien eu cette canne, retrouvée par un des fils dans la maison familiale, mais aucun ADN dessus, ni trace de sang. Pas d’ADN de Menouar Touil non plus sur la victime.
«Les policiers ont passé toute la maison au bluestar (ce procédé qui révèle les traces de sang, même lavées, NDLR)la machine à laver, le garage, les outils, rien ! », a plaidé Frédéric Beaufils reprenant une à une les accusations pour les écarter, jusqu’à l’accusion de la victime à son réveil. A un moment, sur son lit d’hôpital, en présence d’un de ses fils, Nadia aurait évoqué la présence de plusieurs agresseurs. «Le problème c’est qu’on ne regarde qu’un côté du miroir, disons le, oui c’est un sale type mais il n’y a pas le début du commencement d’une démonstration de culpabilité…!», a plaidé l’avocat réclamant l’acquittement.
Dans ses motivations, la cour a tout rejeté. Déjà, un procès en appel s’annonce.
2016-10-14 10:00:00
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