2024-11-01 18:36:00
Il est légitime de trouver des arguments contre la réforme de la loi sur le suicide assisté (dans laquelle une personne s’auto-administre une drogue mortelle avec l’aide indirecte d’un médecin). Après tout, cela arrive avec n’importe quelle loi. Compte tenu de la sensibilité du sujet, la prudence est plus que justifiée. Mais cela signifie-t-il que nous devrions laisser les choses telles qu’elles sont ? Les raisons de ceux qui s’y opposent doivent-elles nous pousser à abandonner l’idée de changer la loi ?
Je veux commencer par illustrer les motivations des partisans d’une réforme. Tout d’abord, si j’étais en phase terminale, je voudrais pouvoir contrôler ma mort, m’assurer qu’elle soit digne et indolore. J’ai besoin d’une assistance médicale et je voudrais que la loi ne me gêne pas. Cet argument – et le grand nombre de personnes qui le soutiennent – ont poussé le système à accepter un compromis. En théorie, il est illégal d’aider une personne qui a choisi d’arrêter de vivre, mais dans la pratique, les condamnations sont rares. Cependant, le protocole permettant de déterminer si un crime a été commis est complexe, une épreuve pour la famille du défunt. Et même s’il estime qu’une intervention judiciaire n’est pas nécessaire, un mari qui a accompagné sa femme en Suisse peut toujours se voir interdire d’hériter de ses biens.
Je reconnais que de telles enquêtes intrusives sont justifiées par le fait que parfois les gens veulent vraiment se débarrasser de leurs proches. C’est une réalité que nous, partisans de la réforme, ne pouvons nier.
Cela ne signifie pas pour autant que l’adoption d’une nouvelle loi facilitera la réalisation de ces individus dans leurs intentions criminelles. Plus je pense à la thèse de ceux qui la soutiennent – sans cesse répétée –, plus je suis convaincu qu’elle constitue en fin de compte un argument en faveur de la réforme. Je m’explique : nous avons déjà une loi sur la fin de vie, mais elle est imparfaite. Avec le projet de loi sur l’aide médicale à mourir, il n’y aurait pas de révolution, mais la modification d’un texte déjà en vigueur, qui garantirait quatre avantages par rapport au système actuel. Premièrement, il serait possible de demander l’aide d’une personne possédant une qualification médicale valide au Royaume-Uni. Aujourd’hui, on ne peut se tourner que vers des “amateurs”, qui peuvent assister ceux qui veulent mourir ou les aider à partir à l’étranger.
Deuxièmement, l’assistance serait disponible au sein du Service National de Santé, alors qu’aujourd’hui certains sont même obligés de louer un avion privé pour emmener leurs proches mourir à l’étranger.
En outre, la réforme rendrait la procédure plus simple et plus sûre dans les cas où (la majorité) des amis et des parents du sujet souhaiteraient simplement être proches de lui au moment de son décès.
Il y a enfin le raisonnement que je considère comme décisif : grâce à la réforme, les contrôles des autorités sanitaires et judiciaires pour contrer les éventuelles intentions criminelles des proches auraient lieu avant le décès de l’individu. Toutefois, selon la loi actuelle, les contrôles sont déclenchés lorsqu’il est trop tard pour agir. Cela me semble un point crucial.
Je n’aime pas l’idée qu’il existe des personnes sans défense (aussi rares que soient les cas) et vulnérables à toute forme de pression de la part de quiconque a la capacité de les influencer. Je préfère qu’il y ait des contrôles professionnels avant que quelqu’un ne quitte ce monde. La nouvelle loi, présentée au Parlement le 16 octobre, représente la solution la plus sûre.
C’est précisément pour ces raisons qu’au Canada, la loi sur le suicide assisté est soutenue par 84 pour cent de la population, un chiffre qui s’élève à 89 pour cent chez les personnes de plus de 55 ans. Personne ne veut le changer. Cela me semble être un fait décisif. Même si mon raisonnement précédent ne vous a pas convaincu, ces chiffres ne peuvent vous laisser indifférent. Au Canada, le débat a été similaire à celui de la Grande-Bretagne, et notre loi est plus restrictive que celle du Canada. Pensez-vous vraiment que si beaucoup de personnes âgées étaient décédées contre leur gré, la loi canadienne serait encore aussi respectée ? ◆ comme
Daniel Finkelstein est un journaliste et homme politique britannique, chroniqueur au journal The Times. Depuis 2013, il est membre du Parti conservateur à la Chambre des Lords. En 2023, il a écrit (Londres) sur l’histoire et les persécutions subies par sa famille pendant la Seconde Guerre mondiale.
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