Voitures électriques : pourquoi la Chine pourrait perdre son influence sur les États-Unis

Les États-Unis sont à l’aube d’un boom du lithium après des années passées à jeter les bases d’une chaîne d’approvisionnement en véhicules électriques qui ne dépend pas de la Chine. Ces derniers mois, l’administration Biden a approuvé la mine de lithium-bore de Rhyolite Ridge, dans le Nevada. Elle a également accordé un prêt de 2,6 milliards de dollars à la société qui développe Thacker Pass, une autre mine de lithium de l’État.

Un projet à Salton Sea, en Californie, a commencé la construction plus tôt cette année. Les trois sites, dont la mise en service est prévue entre 2026 et 2028, permettraient d’augmenter massivement l’approvisionnement en lithium aux États-Unis. Depuis les années 1960, une seule usine, Silver Peak, dans le Nevada, est en activité aux États-Unis.

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Renforcer la production locale

L’expansion vise à limiter le contrôle de la Chine sur les métaux utilisés dans les batteries des véhicules électriques et d’autres technologies d’énergie renouvelable. La majeure partie du lithium est produite en Australie et en Amérique du Sud, mais environ les deux tiers sont transformés en Chine, qui domine également la fabrication de batteries pour voitures électriques.

Les États-Unis importent environ 25 % de leurs besoins en lithium du Chili et de l’Argentine. Cependant, une analyse des données fédérales réalisée par le groupe de réflexion Atlantic Council a révélé qu’environ 70 % de ses batteries lithium-ion provenaient de Chine en 2023.

“Si nous voulons électrifier le secteur des transports, nous ne voulons pas dépendre d’un seul pays”, a déclaré à Business Insider Bernard Rowe, directeur général d’Ioneer, qui développe la mine de Rhyolite Ridge. “Il a été reconnu qu’il fallait une production nationale.”

VCG/Getty Images

L’administration Biden stimule l’exploitation minière et manufacturière aux États-Unis grâce à une combinaison de prêts, de subventions, d’allégements fiscaux et de programmes de recherche et développement. Les incitations couvrent, entre autres, l’extraction de minéraux importants tels que le lithium, la production de pièces pour l’énergie solaire, éolienne et les batteries, l’achat de véhicules électriques et le recyclage des composants.

Rowe a fait valoir que les États-Unis sont incapables à eux seuls de répondre à la demande croissante de lithium entraînée par l’augmentation des ventes de véhicules électriques et du stockage par batteries. Pour des raisons de sécurité nationale, une partie de l’approvisionnement doit provenir du pays.

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Karl Friedhoff, chercheur en études asiatiques au Chicago Council on Global Affairs, est du même avis. Selon lui, les États-Unis et leurs partenaires ne peuvent pas rivaliser rapidement avec la Chine dans le domaine des minéraux critiques, car la Chine dispose déjà d’une capacité si importante qu’elle détermine les prix mondiaux.

“La question est donc de savoir si les États-Unis et les autres pays partenaires peuvent construire une chaîne d’approvisionnement qui réponde à leurs besoins fondamentaux”, a déclaré Friedhoff. Il participe à un projet examinant comment les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde peuvent travailler ensemble pour détourner les chaînes d’approvisionnement de la Chine. « Pouvons-nous fournir nos propres batteries ? Pouvons-nous développer nos propres technologies de batteries ? Avons-nous suffisamment de terres rares pour nous défendre ?

Ioneer et d’autres développeurs de projets de lithium estiment que les États-Unis pourraient produire plus qu’assez de matériaux pour les 1,4 million de voitures électriques vendues aux États-Unis l’année dernière. Ils représentaient sept pour cent du marché automobile.

L’administration Biden souhaite qu’au moins 50 % des ventes de voitures soient des véhicules électriques d’ici 2030. Des États comme la Californie et le Texas déploient rapidement davantage de batteries de stockage pour équilibrer les réseaux électriques sous tension. En septembre, la Maison Blanche a déclaré que la production américaine de lithium était en passe de répondre à un cinquième de la demande mondiale en dehors de la Chine au cours de cette décennie.

Certains écologistes et tribus indigènes s’inquiètent

Toutefois, les projets de lithium ne sont pas sans controverse. Le Centre pour la diversité biologique a menacé de poursuivre l’administration Biden en justice pour le permis de Rhyolite Ridge poursuivre. La mine pourrait entraîner la disparition d’une fleur sauvage en voie de disparition. Le Western Shoshone Defence Project, qui vise à protéger le territoire de la tribu indienne, estime que la mine menace les sources d’eau locales et les sites culturellement importants.

Robyn Beck/AFP

Thacker Pass a fait face à une opposition similaire, mais un juge fédéral a rejeté l’année dernière un procès intenté par trois tribus indiennes. Ils ont fait valoir que la construction de la mine à proximité d’un site sacré violait la loi, comme l’agence de presse Associated Press a rapporté.

Rowe a déclaré que Ioneer avait repensé la mine de Rhyolite Ridge pour n’occuper qu’une petite zone d’habitat critique pour la fleur sauvage de sarrasin de Tiehm, une espèce en voie de disparition. Ioneer surveillera également la population de pollinisateurs et appliquera des stratégies de contrôle de la poussière. Lorsque l’administration Biden a approuvé la mine, elle a déclaré qu’elle ne menacerait pas la survie de la fleur.

Certaines entreprises travaillent sur des techniques d’extraction directe du lithium qui ne nécessitent pas d’exploitation à ciel ouvert ni de grands bassins d’évaporation et nécessitent donc moins de terres et d’eau et pourraient produire moins de déchets chimiques toxiques. Controlled Thermal Resources développe un tel projet dans la mer de Salton, où des saumures riches en lithium sont déjà utilisées pour des centrales géothermiques.

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Le développement des gisements de lithium récemment découverts aux États-Unis dépendra probablement de nouvelles techniques d’extraction, qui sont actuellement plus coûteuses que les méthodes traditionnelles et ne sont pas encore utilisées commercialement. L’US Geological Survey (USGS) a estimé ce mois-ci qu’il y avait suffisamment de lithium sous le sol du sud-ouest de l’Arkansas pour répondre à neuf fois la demande mondiale prévue de batteries automobiles en 2030.

L’extraction réelle de ce lithium, y compris à partir des saumures produites par la production pétrolière et gazière dans la région, dépend de la faisabilité des techniques d’extraction directe, ont déclaré les chercheurs de l’USGS.

Lire l’article original Business Insider.