Sono à fond et gilets aux couleurs de la centrale syndicale, la CGT 93 a pris ses aises ce mardi midi devant la préfecture de Seine-Saint-Denis. A l’heure de la pause déjeuner, tandis que des travailleurs passent devant eux en les observant d’un œil tantôt amusé tantôt indifférent, une vingtaine de personnes brandissent chacune une pancarte sur laquelle est inscrite une lettre. Le message global ? « Gratuité des masques ! »
« C’est une question de santé publique et de justice sociale, explique Hervé Ossant, secrétaire général de la CGT 93. Deux masques par jour, ça fait un budget de 200 à 300 € pour une famille de quatre personnes. C’est un tarif prohibitif pour beaucoup de familles de Seine-Saint-Denis qui vivent dans la précarité. Pour elles, c’est un peu comme si on leur demandait de choisir entre acheter un masque ou une baguette. »
« Si on arrive à financer un plan de relance de 100 Mds €, on peut bien mettre en place un volet social »
Mais financer la gratuité des masques pour tous ne serait-il pas un gouffre pour l’Etat ? « Si on arrive à financer un plan de relance de 100 Mds € pour les entreprises, on peut bien mettre en place un volet social. Pour nous, la seule solution, c’est que l’Etat réquisitionne par exemple les marchandises qui sortent des deux usines de masques en Seine-Saint-Denis, à Bondy et au Blanc-Mesnil. »
Un moyen radical qui n’a, sans surprise, pas obtenu l’appui du préfet que les responsables cégétistes ont rencontré dans la foulée. « Il nous a rappelé que l’Etat avait acheté pour 2,4 M€ de masques qui ont été distribués aux personnes les plus fragiles comme les titulaires de l’Aide médicale d’Etat de Seine-Saint-Denis. Mais c’est trop peu. »
« Beaucoup d’élèves portent le même masque toute la journée »
Présente aux côtés d’Hervé Ossant, Laurence Barre, de la CGT Education 93, opine du chef. « Il faut absolument des masques pour les élèves. On a constaté que beaucoup, pour des raisons économiques, portent le même masque toute la journée et même parfois pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, les cas de Covid se multiplient dans les établissements scolaires, des classes ferment, et même un lycée entier (NDLR : Jean-Rostand à Villepinte). »
Laurence Barre regrette aussi que la communauté éducative n’ait pas reçu assez de masques. « En Seine-Saint-Denis, la moitié des établissements scolaires n’ont pas été suffisamment fournis. Et chaque professeur ne dispose que de quatre masques en tissu jusqu’aux vacances à la Toussaint. C’est insuffisant, on ne fait pas une machine à laver tous les jours ! »
Masque baissé sur le menton, Chloé mange tranquillement son sandwich tout en regardant les militants de la CGT remballer leur matériel une fois le happening terminé. Pour cette fonctionnaire travaillant pour le département, le masque gratuit pour tous est « une évidence ». « C’est normal, on ne peut pas demander à des gens pauvres de payer pour un masque alors qu’ils ont à peine de quoi acheter à manger. » « Mais ça coûterait un fric fou, l’interrompt sa collègue, Myriam. Et puis beaucoup de gens ont les moyens de s’acheter des masques, il faut juste aider les plus pauvres », conclut-elle.
2020-09-08 10:00:00
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