Kaboul, 25 décembre (EFE).- Les frappes aériennes pakistanaises dans la province afghane de Paktika ont tué près de 50 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont annoncé mercredi les talibans.
Le régime islamiste a accusé l’armée pakistanaise de cibler les camps d’insurgés mais de frapper plutôt les zones civiles.
« La nuit dernière, des bombardements ont eu lieu dans quatre localités de la province de Paktika, entraînant la mort de 46 personnes, pour la plupart des enfants et des femmes. De plus, il y a eu six blessés », a déclaré le porte-parole adjoint des talibans, Hamdullah Fitrat, dans un communiqué.
L’attaque a détruit de nombreuses maisons, suscitant une condamnation généralisée de la part des dirigeants afghans et internationaux.
Le ministère taliban de la Défense a déclaré dans un communiqué que les frappes aériennes dans le district de Barmal, dans la province de Paktika, au sud-est de l’Afghanistan, visaient des zones civiles.
“La plupart des civils réfugiés de (la région pakistanaise du) Waziristan ont été pris pour cible, et un certain nombre de civils, dont des enfants, ont été martyrisés et blessés à la suite des bombardements”, a indiqué le ministère.
Le gouvernement taliban a qualifié l’incident d’« acte brutal » et de « violation flagrante du droit international » et a averti qu’il se réservait le droit de défendre son territoire et sa population.
Un responsable de la sécurité à Islamabad a déclaré à EFE, sous couvert d’anonymat, que l’attaque visait plusieurs camps de la province afghane de Pakitka, Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le principal groupe taliban au Pakistan et responsable de nombreuses attaques contre les forces de sécurité pakistanaises.
Le Pakistan estime que ce groupe insurgé utilise le sol afghan pour préparer ses attaques. L’armée pakistanaise n’a pour l’instant publié aucune déclaration sur les frappes aériennes.
Les frappes ont eu lieu quelques heures après que le représentant spécial du Pakistan pour l’Afghanistan, Mohammad Sadiq, a rencontré le ministre afghan des Affaires étrangères par intérim Amir Khan Muttaqi, le ministre de l’Intérieur Sirajuddin Haqqani et d’autres hauts responsables du gouvernement taliban à Kaboul.
L’envoyé pakistanais avait atteint la capitale afghane un jour plus tôt.
L’ancien président afghan Hamid Karzaï a condamné les frappes aériennes comme étant « une agression flagrante et une violation de la souveraineté afghane ».
Il a attribué l’escalade des tensions entre les deux pays à ce qu’il a appelé « les mauvaises politiques du Pakistan consistant à renforcer l’extrémisme dans la région et à tenter d’affaiblir l’Afghanistan ».
Zalmay Khalilzad, l’ancien envoyé spécial américain pour la paix en Afghanistan, a averti sur X (anciennement Twitter) que les talibans « répondraient probablement » aux frappes aériennes pakistanaises. « L’envoyé pakistanais est à Kaboul. Le général Munir lui permettra-t-il d’entamer des négociations ? Les deux pays ont besoin d’un accord pour garantir qu’aucun des deux ne menace la sécurité de l’autre », a-t-il ajouté.
L’ancien ministre afghan des Affaires étrangères, Mohammad Hanif Atmar, a également condamné l’attaque contre X, déclarant : « Nous condamnons fermement l’assaut brutal de l’armée pakistanaise sur le sol afghan ». Il a déploré l’affaiblissement des capacités de défense de l’Afghanistan, accusant le Pakistan de son rôle de longue date dans la déstabilisation du pays. « Les talibans manquent de ressources pour répondre à de telles attaques », a déclaré Atmar.
En mars, le Pakistan a mené deux frappes aériennes en profondeur en Afghanistan, dans les provinces frontalières orientales de Khost et Paktika.
Les frappes aériennes faisaient suite à des attentats suicide visant un point de contrôle militaire dans le district du Nord-Waziristan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan, au cours desquels sept soldats ont été tués.
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères avait alors déclaré que le Pakistan avait mené « des opérations antiterroristes basées sur le renseignement dans les régions frontalières de l’Afghanistan ».
Le ministère afghan de la Défense a déclaré que ses forces frontalières avaient riposté aux frappes aériennes, ciblant les points militaires pakistanais le long de la frontière contestée avec des « armes lourdes ».
Les tensions frontalières entre les deux pays se sont intensifiées depuis que le gouvernement taliban a pris le pouvoir en 2021 à Kaboul, Islamabad affirmant que des groupes militants mènent régulièrement des attaques depuis l’Afghanistan. EFE
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