J’ai grandi dans une période aussi turbulente et déroutante que celle d’aujourd’hui, marquée par la guerre du Vietnam puis par les mouvements des droits civiques, environnementaux et féministes ; Les « droits des homosexuels » suivirent bientôt.
Pour beaucoup, principalement mais pas exclusivement de gauche, ces mouvements ont établi un consensus national en faveur de l’égalité devant la loi et du respect de la Terre, le gouvernement fédéral jouant un rôle de premier plan à travers une législation ambitieuse au Congrès et un rôle de soutien de la part des tribunaux.
Les choses se sont déroulées différemment. Les républicains se sont unis autour de l’avers de ce consensus imaginaire, tandis que le Parti démocrate – qui reste, au moins sur le papier, attaché à ces idéaux – traverse une crise d’identité dont l’issue ne peut être prédite.
Dans de tels moments, il faut chercher ailleurs des points cardinaux et des guides vers où nous, en tant qu’individus et en tant que communauté, pouvons vouloir aller.
J’ai eu le privilège de passer à nouveau du temps récemment à Concord, dans le Massachusetts, source non seulement de la Révolution américaine mais aussi d’une littérature et d’une philosophie fascinantes du XIXe siècle.
Il est toujours étonnant que dans un petit village les talents multiples de Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau et Nathaniel Hawthorne aient porté leurs fruits et se soient multipliés.
Et c’est à un endroit particulier – le Old North Bridge qui enjambe la rivière Concord – que convergent ces courants.
Par un matin glacial de fin d’automne, personne d’autre n’est là. Sur les rives, flanquant la réplique du pont témoin du « coup de feu entendu dans le monde entier » le 19 avril 1775 – jour des Patriotes dans le Massachusetts et le Maine – se trouvent la statue de Minuteman et le monument de la bataille de 1836, un obélisque dont la dédicace comportait la première lecture. du poème immortel d’Emerson, « By the Rude Bridge ».
Mais mon attention était concentrée sur la pente du Old Manse, qui appartenait alors au grand-père d’Emerson, William Emerson, le ministre de la ville dont les sermons enflammés allumèrent ce qui allait devenir la flamme de la liberté, plus d’un an avant la proclamation de l’indépendance à Philadelphie.
Le Old Manse, comme Hawthorne l’a surnommé dans son premier livre, a été le théâtre des années les plus heureuses de ce plus sombre des grands écrivains américains après son mariage avec Sophia Peabody, même s’il écrivait sur le sombre passé colonial de l’Amérique que de nombreux contemporains préféraient ignorer, et certains le font encore.
Le hangar à bateaux situé sous le Manse fut le théâtre d’une rencontre historique et comique au cours de laquelle Hawthorne, descendant de l’aristocratie de la Nouvelle-Angleterre, rencontra pour la première fois Thoreau, l’esprit libre qui ne marchait vers le batteur de personne, sauf le sien.
Thoreau était un batelier et un bûcheron expert, mais un enseignant indifférent. Selon le journal de Hawthorne, il a assez bien réussi en aviron, mais pas en canoë.
Thoreau lui avait dit que le canot se déplacerait « là où vous le guideriez » – un conseil inutile, puisque le mouvement contraire produit même par un seul coup doit être mis en drapeau et corrigé si l’on veut un jour poursuivre une route droite.
J’ai un faible, en revanche, pour la grandeur des récits de Thoreau sur les bois du Maine, la nature sauvage de Penobscot et Katahdin, les incursions à Chesuncook et Moosehead, rassemblés après sa mort à partir de ses journaux.
Thoreau était souvent mon compagnon lors de randonnées en solo dans les montagnes Vertes et Blanches et, bien sûr, sur Katahdin même. Si l’on peut dire qu’une figure a créé la conception moderne de la « nature sauvage », c’est bien Thoreau.
Pourtant, en fin de compte, son propre jugement fut : « J’ai beaucoup voyagé à Concord », où il est né et est mort. C’est ici qu’il a appris à « vivre délibérément », à l’encontre du chaos de ce qui était alors une première société industrielle poursuivant d’autres objectifs.
Thoreau intitule le premier chapitre de Walden « Économie » et il était sérieux quant à la nécessité d’équilibrer une approche réfléchie de la vie avec les dernières nouveautés, à son époque le chemin de fer et à la nôtre le domaine numérique.
“Simplifiez, simplifiez”, tel était son avertissement, plus prémonitoire que jamais au milieu de la ferveur pour l’IA et la “monétisation”.
Le dévouement de Thoreau aux chemins les moins fréquentés n’impliquait pas une existence solitaire ; il y avait toujours des guides et des compatriotes, et il était un habitué des dîners dominicaux chez les Emersons.
Thoreau n’était pas un fainéant. Il a pensé par lui-même et a inspiré deux des plus grands révolutionnaires de la résistance non-violente du XXe siècle, Gandhi et Martin Luther King.
Alors que le révérend Emerson alimentait la quête de liberté, Thoreau nous a appelés à devenir les intendants de la Terre, même si chaque nouvelle génération doit trouver sa propre voie.
Nous aussi, nous pouvons beaucoup voyager à Concord.
Douglas Rooks est rédacteur, chroniqueur et journaliste dans le Maine depuis 40 ans. Il est l’auteur de quatre livres, le plus récent étant une biographie du juge en chef américain Melville Fuller, et ses commentaires sont ouverts à ses commentaires à [email protected].
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