2024-11-12 19:43:00
Pour la première fois, grâce à l’engagement de L’Altro Diritto – Società della Ragione Onlus et de la Fondazione Franco Basaglia, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a établi que l’Italie a violé les droits humains d’un patient psychiatrique, immobilisé de force et traité avec des médicaments lourds dans un hôpital. Cette pratique a été condamnée comme inhumaine et dégradante. La récente décision de la CEDH dans l’affaire Lavorgna c. L’Italie représente un précédent de grande importance pour le système judiciaire italien, puisque c’est la première fois que la Cour condamne l’Italie pour violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme dans une affaire de contention mécanique et pharmacologique au sein d’un service psychiatrique. La sentence reconnaît que le traitement réservé au patient pendant son séjour au Service de Diagnostic et de Traitement Psychiatrique (SPDC) de l’Hôpital Melzo était inhumain et dégradant, en violation de l’interdiction absolue des traitements inhumains et dégradants établie par l’article 3 de la Convention. .
L’affaire concerne Matteo Lavorgna, dix-neuf ans au moment des faits, souffrant d’un trouble psychotique non précisé. Le jeune homme avait été volontairement hospitalisé le 30 septembre 2014 sur l’avis de son psychiatre, qui avait jugé nécessaire une intervention protégée pour éviter que la situation ne dégénère. Cependant, suite à un épisode d’agression envers ses parents lors d’une visite, le SPDC avait appliqué des mesures de contention mécanique, immobilisant Lavorgna au lit pendant près de huit jours consécutifs, malgré le fait qu’il était déjà soumis à une forte sédation pharmacologique. Le recours, déposé auprès de la CEDH, était basé sur la plainte du jeune homme pour mauvais traitements et coercition de la part du personnel médical, avec des accusations également concernant l’absence de contrôle adéquat sur la nécessité de prolonger la contention mécanique, malgré le fait que Lavorgna se trouve dans une situation difficile. état de calme apparent et sous contrôle médical. En Italie, sa plainte a été rejetée par le tribunal, qui a jugé légitime le recours à la contention comme mesure nécessaire pour éviter des risques futurs.
Dans son arrêt du 7 novembre, la Cour de Strasbourg a établi que le traitement subi par Lavorgna constitue une violation substantielle et procédurale de l’article 3 de la Convention. La Cour a en effet souligné combien la contention mécanique prolongée n’était pas justifiable, car la condition dangereuse qui avait déterminé son application ne persistait plus avec une telle intensité, manquant ainsi de motivations objectives et nécessaires. En outre, la Cour a critiqué l’inefficacité de l’enquête menée en Italie, la considérant comme non conforme aux normes requises pour une évaluation transparente et indépendante. Les interventions des deux associations mentionnées ci-dessus ont contribué de manière significative à la décision de la Cour, estimant qu’en l’absence de règles claires sur les limites de la contention mécanique dans le domaine psychiatrique, cette pratique ne doit être justifiée qu’en cas de nécessité absolue et avérée, comme prévue par l’article 54 du code pénal. Les organisations ont souligné que la contrainte ne peut pas être utilisée à des fins de précaution, mais exclusivement pour répondre à un danger concret et imminent, comme le confirme la jurisprudence de la Cour de cassation italienne dans l’affaire Mastrogiovanni.
La décision de la CEDH ouvre une réflexion importante sur la nécessité d’établir des réglementations plus précises et plus rigides concernant le recours à la contention dans les contextes psychiatriques. L’affaire Lavorgna soulève des questions sur un recours à la contention qui apparaît non seulement injustifié du point de vue de la nécessité médicale, mais également préjudiciable à la dignité humaine. Cette pratique est en contradiction avec le principe de proportionnalité requis pour les mesures restrictives de la liberté individuelle. En outre, l’arrêt appelle à une réforme des protocoles sanitaires italiens, car il manque actuellement des règles spécifiques régissant la contention mécanique et pharmacologique. La Cour européenne a réitéré que la contention mécanique ne doit pas être considérée comme une intervention thérapeutique, mais comme un moyen de sécurité, utilisable uniquement en dernier recours et pour la durée la plus courte possible. La condamnation de l’Italie marque donc une étape significative vers une meilleure protection des droits des personnes souffrant de troubles psychiatriques et pourrait inciter le législateur italien à intervenir avec des réglementations spécifiques, conformes aux normes des droits de l’homme définies par la CEDH et aux lignes directrices du Comité européen. pour la prévention de la torture (CPT).
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