2024-11-29 23:14:00
24 pour cent des Allemands sont d’accord : le meilleur allemand standard est parlé à Hanovre. Mais les chercheurs ont maintenant brisé ce mythe. Nous avons demandé ce que cela avait à voir avec les voyelles courtes du bas allemand, si les Allemands du Nord sont désormais des « Füschköppe » et pourquoi il y a encore de l’espoir.
Ce fut un nouveau coup dur pour la Basse-Saxe. La peinture n’est pas seulement terne chez le groupe VW, mais aussi dans le « meilleur standard allemand » parlé à Hanovre. Les scientifiques de l’Université Leibniz de Hanovre ont brisé le mythe. C’est le résultat d’une étude à grande échelle dont WELT a fait état pour la première fois il y a trois ans. Nous avons demandé à leur chef, le germaniste François Conrads’il ose encore être parmi les gens de Hanovre.
PAPULE: Il y a quelques jours, les médias allemands ont rapporté : « Une étude réfute le mythe selon lequel le meilleur niveau d’allemand se trouve à Hanovre. » Comment vous et vos collègues l’avez-vous découvert ?
François Conrad : Ce n’était pas notre titre, mais la dpa l’a légèrement ajusté en conséquence. L’allemand standard pur n’est parlé nulle part, nous le savions d’avance. Même à Hanovre, il existe des caractéristiques de prononciation régionales. Et quand je dis « régional », je fais référence à la région. Göttingen, Braunschweig, Celle, Hildesheim et Hanovre parlent donc à peu près la même chose, d’après ce que nous savons.
PAPULE: On dit néanmoins qu’à Hanovre on parle le haut allemand le plus pur. Qui croit ça ?
François Conrad : C’est un mythe créé historiquement. Et quels que soient les mythes, ils persistent. En fait, de nombreux habitants de Hanovre s’attribuent cette situation. Ils répondent alors à la question « Comment parlez-vous ? » puis « Bien sûr, le meilleur allemand standard ». Mais beaucoup de personnes âgées, notamment, savent que c’est plus compliqué. Ils disent : « Non, non, ce n’est pas si simple. D’autres diront peut-être cela de nous, mais nous avons toujours la langue hanovrienne. » C’est la vieille langue vernaculaire urbaine.
« J’en ai assez de ce dénigrement de Hanovre maintenant. Maintenant, ils nous enlèvent aussi notre belle langue !
PAPULE: Les Hanovriens n’ont donc pas pris comme une insulte narcissique le fait que vous réfutiez le vieux mythe ?
François Conrad : En fait, j’ai reçu quelques lettres désagréables. Je cite : « J’en ai assez de ce dénigrement de Hanovre maintenant. Maintenant, ils nous enlèvent aussi notre belle langue ! D’autres disent : « Non ou quoi ? Hé, nous n’avons pas grand-chose à offrir. Aujourd’hui, notre langue n’est plus aussi belle que nous le pensions. » Et de nombreux mèmes circulent sur les réseaux sociaux où les gens se mettent pratiquement la tête dans le sable et se plaignent : « Non ! Mon identité a disparu.
PAPULE: Depuis quand Hanovre est-elle considérée comme une ville où l’on parle l’allemand le plus pur ?
François Conrad: Depuis environ 200 ans. Il existe des premiers rapports au XIXe siècle dans lesquels des historiens des langues ou des premiers linguistes en font mention. Par exemple, Hermann Carl Otto Huß dans son ouvrage de 1879 « L’Allemand dans la bouche du Hanovrien ».
PAPULE: Comment est né le mythe selon lequel on y parle particulièrement purement ?
François Conrad: Il y a trois raisons à cela. La première est que le bas allemand était autrefois parlé dans tout le nord de l’Allemagne, notamment à Braunschweig et à Hanovre. Au cours de la Réforme et avec la traduction de la Bible par Luther, l’opinion s’est répandue dans toute l’Allemagne selon laquelle le Meissnian Saxon, une variante particulière du haut allemand, était le meilleur allemand. C’est à partir de là que s’est développé le haut allemand que nous connaissons aujourd’hui.
Sur le plan dialectologique, le bas allemand était très différent du haut allemand. C’est pourquoi les Allemands du Nord ont appris le haut allemand comme langue étrangère. Lorsque vous apprenez une langue étrangère, vous souhaitez naturellement la prononcer de manière particulièrement parfaite. Cela signifie que les Allemands du Nord parlent encore aujourd’hui si près du haut allemand standard parce que leur langue d’origine en était si éloignée.
PAPULE: Et quelle est la deuxième raison ?
François Conrad : Hanovre était la résidence du roi du royaume de Hanovre. C’est la raison pour laquelle ce ne sont pas Braunschweig, Celle ou Göttingen, qui parlaient probablement et parlent exactement la même chose, qui sont devenues le centre de ce mythe, mais plutôt Hanovre. Parce que c’était la ville la plus importante du royaume et plus tard aussi de la province prussienne. Brunswick était autrefois la plus grande ville. Mais en tant que résidence royale, Hanovre jouissait d’un plus grand prestige. Et puis les fonctionnaires prussiens sont venus là-bas après l’annexion du royaume de Hanovre en 1866 et ont fait la connaissance de l’allemand de Hanovre et l’ont trouvé exemplaire. La Prusse devient alors le plus grand État de l’Empire allemand. Et c’est ainsi que le mythe s’est répandu à grande échelle.
PAPULE: Et quelle est la troisième raison ?
François Conrad : Dans la périphérie nord de l’Allemagne, sur la côte, le bas allemand est conservé depuis bien plus longtemps, dans des cas isolés jusqu’à ce jour. C’est pourquoi ce développement s’est limité à la Basse-Saxe et plus particulièrement à Hanovre.
PAPULE: Je viens de Braunschweig et mes enfants berlinois ainsi que ma femme souabe me regardent toujours bizarrement quand j’utilise le mot Épingle Prononcez « Stüfte ». Mais apparemment, je ne suis pas le seul.
François Conrad : Il s’agit d’un phénomène relativement nouveau qui existe dans tout le nord de l’Allemagne. Bien sûr aussi à Hanovre. J’ai étudié cela lors d’un examen de suivi. Un changement sonore est en train de se produire : si un i est suivi d’une consonne dans laquelle les lèvres sont arrondies, c’est-à-dire poussées vers l’avant, articulées (par exemple avec sh comme dans le poisson ou avec f comme dans les crayons), cet arrondi « apparaît ». le je à propos. Et si un i est prononcé avec des lèvres arrondies, un ü est automatiquement créé. Cela facilite donc la prononciation. Des changements comme celui-ci se produisent de temps en temps partout dans le monde. Dans le nord de l’Allemagne, le i avant r comme dans l’église ou d’une manière ou d’une autre en est également affecté. J’espère que je découvrirai pourquoi exactement.
PAPULE: Donc ma « raideur » peut aussi s’expliquer avec ça ?
François Conrad : Et. Épingle, Église, Tisch avec ü, il y a beaucoup d’exemples. Il s’agit d’une tendance générale en Allemagne du Nord. Mais c’est relativement nouveau. J’ai aussi des enregistrements d’il y a 60 ans où cela se faisait déjà dans certains cas, mais seulement sporadiquement. Alors que presque tout le monde dans la jeune génération fait cela de nos jours.
PAPULE: Je prononce les mots douche et Douche avec un petit u. Cela irrite mes enfants. Est-ce aussi typique du nord de l’Allemagne ?
François Conrad : Oui. Cela entre dans la même catégorie que « la salle de bain » et « le vélo » avec un a court. Le haut allemand serait Douche avec un long u, le bas allemand – c’est-à-dire le bas allemand – serait Douche avec une voyelle courte. Il s’agit d’anciennes voyelles courtes du bas allemand, vestiges de Platt, qui ont également été conservées en haut allemand – comme de nombreuses autres caractéristiques que nous avons trouvées à Hanovre et dans ses environs. Par exemple, « der Zug » – prononcé « Zuch ». Ceci est particulièrement fréquent chez les personnes âgées. Plus vous êtes âgé, plus vous vous « douchez » souvent et plus vous êtes jeune, plus vous vous « douchez ». L’allemand standard est beaucoup plus prononcé chez les jeunes que chez les personnes plus âgées.
PAPULE: Comment exactement vous et vos collègues avez-vous mené ces études ?
François Conrad : Le projet comportait deux piliers. Selon mes mots : « Le langage dans la bouche » signifie : Comment est-il réellement parlé ? Qu’est-ce qui sort de la bouche des gens lorsqu’ils parlent ? Et « le langage dans la tête » signifie : Comment les gens pensent-ils au langage ? Comment évaluez-vous la langue? Que savez-vous ou pensez savoir sur la langue ? Ce sont les deux domaines que nous avons abordés en parallèle. Pour les deux, nous avons discuté avec 100 volontaires, des Hanovriens originaires qui ont eux aussi grandi ici.
PAPULE: Qu’ont-ils fait là-bas ?
François Conrad : Par exemple, lors d’une expérience linguistique qui a duré de deux à quatre heures, une période assez longue, ces personnes ont dû nommer des images. Ensuite, ils ont vu une douche et ont simplement dû dire « douche » ou « douche » sans savoir qu’il s’agissait d’une question de prononciation. Ou alors ils devaient lire de petites phrases et combler les lacunes. C’était “le langage dans la bouche”
Dans « Le langage dans la tête », nous avons principalement mené un long entretien biographique linguistique et leur avons demandé par exemple : « Comment parliez-vous ? », « Avec qui ? », « Quelles langues parlez-vous réellement ? “Parlez-vous différemment à l’école qu’à la maison ?” “Y a-t-il eu des changements linguistiques dans votre vie ?” “Que savez-vous d’autre du bas allemand à Hanovre ?”
PAPULE: Que ressort-il de ces entretiens linguistiques ?
François Conrad : C’était très excitant. Nous leur avons également donné une carte de l’Allemagne et ils ont dû marquer les endroits où ils pensaient que la langue était similaire à celle de Hanovre. Vous devez donc créer une carte mentale du langage. Et ils ont en fait largement marqué les environs, plus ou moins la région de Hanovre. Mais cela revient en partie à Göttingen. Une région a émergé ici dans la région estphalienne.
Il y a ensuite eu deux autres tests auditifs. La première était que nous leur avons diffusé des enregistrements de sept villes : Brême, Magdebourg, Braunschweig, Hildesheim, Hanovre, Bielefeld, Kassel. Et puis nous avons demandé : « D’où pensez-vous que cette personne vient ? » Pour le savoir : pouvez-vous même entendre quand quelqu’un vient de Hanovre ? La plupart des gens ne pouvaient pas réellement faire la distinction entre Braunschweig, Göttingen et Hanovre. Dans certains cas, même Bielefeld n’existe plus. Cela signifie que les différences ne sont pas si grandes ici dans toutes ces villes.
PAPULE: Et l’autre test ?
François Conrad : Nous avons fait jouer aux sujets de test des phrases dans lesquelles un élément avait été modifié, c’est-à-dire qu’il n’était pas en allemand standard. Par exemple : « Le programme de nettoyage indique qu’il doit nettoyer la salle de bain » – avec une voyelle courte dans le mot « salle de bain ». La question posée aux gens était : « Qu’est-ce qui n’est pas le meilleur allemand standard ici ? » Que remarquez-vous ici et pourquoi le remarquez-vous ? » Nous voulions savoir à quoi ressemblent certaines prononciations ? Comment sont-ils notés ? Quelles sont leurs connotations ? Est-ce que les gens le remarquent ? En particulier, les personnes âgées, qui utilisent encore elles-mêmes ces prononciations autres que le haut allemand, les évaluaient très peu négativement, tandis que les plus jeunes étaient beaucoup plus critiques et disaient beaucoup plus souvent : « Non, ce n’est pas du vrai haut allemand, je ne le dirais jamais comme ça. “Il y avait des différences passionnantes entre les générations.
PAPULE: Ces habitudes de prononciation du bas allemand sont anciennes. Si je vous ai bien compris, peu de choses ont changé et les habitants de la région élargie de Hanovre peuvent toujours à juste titre prétendre parler un allemand standard comparativement meilleur que les habitants d’autres régions d’Allemagne ?
François Conrad : Oui, en fait, je peux répondre comme ça. D’abord parce que les gens y croient encore. Ils continueront à le croire. Peu importe ce qu’ils ont découvert. C’est justement ce que sont les mythes. D’un autre côté, on peut dire que dans la région estphalienne, par rapport aux autres régions d’Allemagne, il y a particulièrement peu de caractéristiques régionales. Cette zone s’étend de Göttingen jusqu’à Celle. Brunswick est inclus. Hamelin, Hildesheim. Et Hanovre aussi, bien sûr. On peut dire avec un certain clin d’œil : oui, le haut allemand est ici le « meilleur » ; il y a particulièrement peu de caractéristiques qui s’écartent du haut allemand.
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