2024-12-04 20:04:00
PékinLes manifestants à Séoul réclament non seulement la démission du président Yoon Suk-yeol, mais aussi son arrestation pour avoir déclaré la loi martiale et flirté avec l’époque de la dictature. Des manifestations ont eu lieu dans les villes du pays en guise de protestation, mais aussi pour célébrer le fait que la Corée du Sud reste une démocratie suffisamment bien établie pour ne pas se tourner vers le passé.
L’opposition sud-coréenne a déposé une motion de censure contre le président Yoon Suk-yeol, dans l’espoir que celui-ci présentera lui-même sa démission après avoir vérifié qu’il n’a aucun soutien. Mercredi, même la presse conservatrice n’a pas montré la moindre considération pour le président et l’a critiqué unanimement.
Pour le moment, Yoon hésite à démissionner, malgré le fait que la motion de censure ait été présentée par les six partis d’opposition qui totalisent 192 sièges sur les 300 que compte l’Assemblée nationale. Il leur faut 200 voix pour que ce projet soit adopté, et il faudrait donc qu’au moins huit députés du parti du président le soutiennent. Si les choses ne sont pas précipitées, le vote aura lieu le vendredi 6 ou le samedi 7.
Le document présenté dénonce la violation des principes constitutionnels lors de la décrétation de la loi martiale. Quoi qu’il en soit, le processus sera long, car s’il est approuvé par vote, une deuxième étape sera nécessaire pour rendre effective la destitution : la décision de la Cour constitutionnelle sur sa validité. À ce stade, il y a un autre problème, car la délibération d’au moins sept des neuf juges qui le composent est nécessaire, mais pour le moment il n’y en a que six actifs, puisque les trois autres ont expiré depuis le mois d’octobre. Le principal syndicat, la Confédération coréenne des syndicats, n’a pas hésité et s’est joint à la pétition en annonçant une grève jusqu’à la démission de Yoon.
Après l’état de choc initial, la vie a repris son cours dans la capitale mercredi et aucun incident n’a été détecté. La population tente de retrouver la normalité après avoir vécu une nuit d’étonnement qui lui a fait remonter quarante ans en arrière et revivre l’époque de la dictature. La loi martiale a été en vigueur pendant six heures et, à ce moment-là, la population est également descendue dans la rue pour exiger son abolition et défendre le système démocratique. A cette occasion, au moins, l’armée n’est pas intervenue avec violence.
Les médias sud-coréens soulignent la surprise provoquée par la décision du président Yoon Suk-yeol de décréter la loi martiale. Bien que la politique en Corée du Sud soit très polarisée, aucune situation chaotique n’a été perçue comme susceptible d’entraver la gouvernance normale du pays. Certaines sources conservatrices avaient pourtant alerté sur cette possibilité.
Le président Yoon aurait mal calibré ses forces et aurait opté pour une fuite en avant pour rester au pouvoir. Dans sa déclaration télévisée, il a accusé l’opposition de tenter de paralyser le pays et d’être pro-nord-coréenne. Même le ministre de la Défense Kim Yong-hyun a présenté sa démission pour éviter d’être limogé.
L’économie, une blessure profonde
Mais les blessures ne sont pas seulement politiques. L’économie a souffert des heures de chaos politique. La bourse a chuté de près de 2 pour cent et les actions de Samsung, la première entreprise du pays, ont perdu près d’un point de leur valeur. La monnaie, le won, s’est dépréciée par rapport au dollar jusqu’à son plus bas niveau depuis deux ans.
Toutefois, la plupart des analystes prédisent qu’il n’y aura pas d’effets à long terme si la stabilité politique est rétablie. Mais à court terme, un ralentissement de la consommation est attendu. Nick Marro, économiste en chef pour l’Asie à l’Economist Intelligence Unit, a assuré à al Poste du matin de la Chine du Sud que la menace d’une grande instabilité est pour l’instant écartée. Dans un communiqué, la Banque centrale s’est engagée à fournir des liquidités « en quantité suffisante » jusqu’à ce que les marchés financiers se stabilisent.
La crise en Corée du Sud a été suivie avec intérêt sur la scène internationale. Washington a poussé un soupir de soulagement en apprenant que la loi martiale avait été levée et que la Corée du Sud restait une démocratie consolidée. Les États-Unis disposent d’environ 30 000 soldats déployés dans le pays pour le défendre contre une éventuelle attaque de Pyongyang. La semaine prochaine précisément, une visite du secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, est prévue. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a également confirmé que les relations avec Séoul restaient solides.
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