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Un siècle de honte semblait toucher à sa fin. par Peppe Dell’Acqua – Forum sur la santé mentale

by Nouvelles

2024-12-13 09:00:00

Je dois avouer toute mon incompétence. Quand je parle d’électrochocs (ECT) je ne sais pas trop de quoi je parle : je ne l’ai jamais vu faire, je ne l’ai jamais pratiqué, je ne l’ai jamais subi (!). Basaglia, que les « scientifiques » citent souvent, le pratiquait dans les années 1950 à la Clinique des maladies nerveuses et mentales de Padoue et le découvrit à son arrivée à Gorizia au début des années 1960. Depuis, ce traitement ne trouve plus asile dans ses pratiques et dans nos devenirs.

Cependant, j’ai dû faire face à Ect. J’étais interpellé par les bouches édentées, la déchéance physique et intellectuelle, le regard vide des internés qui l’avaient subi. La terreur, la défaite, la tristesse que je n’avais pas encore trouvée dans leurs paroles entrecoupées. J’entends déjà les collègues qui répètent cette pratique et s’apprêtent à me réprimander, un peu agacés et presque amusés : « mais ce sont des histoires d’autrefois, de l’hôpital psychiatrique qui n’existe plus. Quand les outils étaient rudimentaires, les connaissances étaient approximatives ! Et puis, réfléchissez-y, ils s’en servaient même pour punir. Aujourd’hui, nous pratiquons le Tec » qui signifie traitement par électrochocs (!), ce qui n’est qu’une autre façon de dire électrochoc ».

Les détenus indisciplinés, indisciplinés, irrespectueux, récalcitrants et bruyants ont été forcés et punis. Peut-être que tout le monde se souvient de “Le meilleur de la jeunesse”, du procès et de la condamnation du Dr. Coda, directeur de l’hôpital psychiatrique de Turin, dénoncé par les détenus pour ses pratiques coercitives et punitives. Le tribunal admet les « malades mentaux » eux-mêmes comme témoins à charge. C’est la première fois. Et c’est la première fois, nous sommes en 75, que l’Ect/Tec est obligé de rester sur le banc des accusés !

Cependant, je connais peu de choses sur ce traitement et c’est pour cette raison que j’essaie de lire, de me tenir informé, de comprendre, de trouver des preuves qui confortent à juste titre mon manque d’intérêt. La littérature scientifique ne m’aide pas beaucoup, bien au contraire. Il n’existe aucune étude, pas une seule, compte tenu d’un nombre exorbitant de travaux et d’une pratique répandue dans le monde, qui parle de son efficacité. Des résultats certains, évidents et durables. Plus je me remets en question, plus je me rends compte que c’est une pratique insensée. Dans notre pays, l’utilisation de l’ECT ​​est si minime qu’elle est incomparable avec les pratiques d’autres pays, qu’ils soient très riches ou très pauvres.

Pour le meilleur ou pour le pire chez nous, la personne parvient à rester au centre des interventions (pas le cerveau !).

Plus je lis, plus je suis convaincu que la pratique de l’ECT ​​ne peut être qu’un choix idéologique, un choix de terrain qui accepte de réduire la personne à un corps, qui élargit les distances déjà sidérales entre ceux qui souffrent d’un trouble mental, les soignants et le monde qui les entoure. Cela aide à effacer leprétendument qui est la seule valeur nécessaire pour rapprocher les hommes et leurs souffrances « incompréhensibles ». La convulsion provoquée par la décharge électrique, sous anesthésie et de manière indolore comme dans une clinique dentaire moderne, interrompt le dialogue entre les neurones et le modifie. Et cela efface dramatiquement toute possibilité de dialogue entre ceux qui soignent et ceux qui devraient être soignés. La pratique de l’ECT ​​(plus encore que celle des médicaments) reste la démonstration d’une psychiatrie qui s’interroge peu sur ses fondements. Ainsi la maladie reste au centre de tout intérêt (et non de la personne), le cerveau (et non les sentiments, les histoires, les cultures), les neurotransmetteurs (et non les émotions, les passions, les blessures quotidiennes, les joies, les surprises). , la solitude, la froideur des relations, les mortifications, les échecs, les misères…).

Il n’existe pas un seul ouvrage démontrant l’efficacité de cette pratique dans le traitement immédiat et à long terme des personnes atteintes de troubles mentaux graves et complexes. Même s’il continue d’être affirmé et démontré que les interventions psychosociales produisent les meilleurs résultats de rétablissement, d’intégration et de guérison pour les personnes souffrant de troubles mentaux graves (ceux qui devraient principalement concerner un service de santé mentale), nous continuons d’investir la plupart des ressources publiques dans hôpitaux, lits, médicaments. Des interventions qui, dans notre pays aussi, s’orientent de plus en plus vers des modèles médico-pharmacologiques.

Ici, je crois que c’est tout ce dont j’ai besoin pour essayer de dépasser l’étonnement enthousiaste du professeur. Cerletti lorsque, pour la première fois, il a appliqué le choc électrique à un jeune homme inconscient qui errait perdu dans la gare de Rome. Le jeune homme résista au choc et cria de tout son souffle : non ! Je vous en prie. Pas encore. Pour le prof. Cerletti était la preuve que la décharge avait fonctionné.

C’était en 1939, il reçut les félicitations du Duce. Et l’électrochoc, comme on l’appelait en italien, est devenu une « gloire italienne » dont nous devrions être fiers. Le prof. Cerletti, un professeur très respecté, avait visité Testaccio, l’abattoir de Rome, où les bouchers avant lui avaient découvert qu’une décharge électrique envoyait le porc docile et soumis vers son destin inéluctable.

Avec le procès de Turin, les portes des asiles psychiatriques ont commencé à s’ouvrir et à révéler des « squelettes » jalousement et « scientifiquement » enfermés dans les placards. Un siècle de honte semblait toucher à sa fin. Beaucoup de psychiatres insensibles n’y prêtent pas attention, oublient, se cachent, se taisent.



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