PARIS.- Au terme d’un processus qui a choqué le monde, Le tribunal correctionnel d’Avignon a reconnu coupables ce jeudi les 51 prévenus du procès pour viol de Mazan, prononcer des chagrins qui vont de trois à 20 ans de prison. Cette peine maximale est tombée sur Dominique Pélicot l’homme responsable de droguer sa femme pendant dix ans, l’offrir gratuitement en ligne.
« Monsieur Pélicot, vous êtes coupable de viol aggravé en la personne de Gisèle Pélicot », a déclaré le président du tribunal, Roger montres’adressant à ceux qui, après 50 ans de vie commune, Il a transformé la mère de ses enfants en objet sexuel pendant une décennie, l’exposant aux fantômes et aux appétits malsains d’une centaine d’inconnus.
Immédiatement, et sans surprise pour personne, Arata a annoncé la peine maximale prononcée contre Pelicot : 20 ans d’emprisonnement, avec une durée minimale de deux tiers. Le tribunal a ainsi répondu à la demande du parquet dans son réquisitoire fin novembre.
Comme il l’a fait pendant les trois mois que dura le procès, Dominique Pelicot, 72 ans, écoutait attentivement, mais sans exprimer aucune émotion, le verdict qui le condamne pratiquement à la réclusion à perpétuité.
Peu après, son avocate, Béatrice Zavarro, a indiqué que son client était « quelque peu abasourdi » par le délai minimum prononcé, sans exclure la possibilité de faire appel. Dans ce cas, les condamnés disposent de dix jours à compter d’aujourd’hui pour le faire.
Aucun des 50 coaccusés – tous des hommes âgés de 27 à 74 ans – n’a été acquitté, même si deux d’entre eux, condamnés à trois ans de prison, ont été laissés en détention probation.
Le juge Arata a énuméré les sanctions infligées une à une, sans aucun commentaire ni motivation, un exercice qui aurait prolongé l’audience jusque dans la nuit. En optant pour cette procédure, La séance a duré un peu plus d’une heure.
La peine la plus faible, trois ans dont deux avec sursis, a été prononcée contre Joseph C., 69 ans, accusé d’avoir « peloté » Gisèle Pélicot, et qui a ainsi échappé à la prison. Le plus grave est tombé sur Romain V., 63 ans, qui s’est présenté six fois au domicile des époux Pélicot de l’époque, dans la ville de Mazan, pour violer Gisèle. Dans sa plaidoirie, fin novembre, le parquet avait requis 18 ans de prison à son encontre.
Jean-Pierre M., surnommé le « disciple » de Dominique Pélicot, a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle. A 63 ans, fasciné par la personnalité du principal accusé, il avait refusé de violer Gisèle Pelicot, mais il avait proposé à Dominique Pelicot de faire de même avec sa propre femme, viol pour lequel il a été jugé à Avignon.
Les peines prononcées étaient en tout cas nettement inférieures à celles demandées par le ministère public, qui avait requis un total de 652 ans de prison contre les 51 accusés. Finalement, ce total a été réduit à 428 années de détention.
Mais En aucun cas le tribunal n’a reconnu « l’altération du discernement » demandée par certains prévenus. Et nombre d’entre eux seront soumis à une suivi socio-judiciaire pendant cinq ou six ans, avec l’imposition d’un traitement psychiatrique. En cas de non-respect de ces obligations, le tribunal a fixé une peine de trois ans supplémentaires en plus de la peine principale. En revanche, la majorité verra son nom enregistré dans ce qu’on appelle le Fijais, une base de données conçue pour suivre les auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.
Les condamnations ont été prononcées en une salle pleine et marquée par la tension, où une importante force de police avait été déployée. Hués à leur arrivée, la plupart des 32 prévenus qui comparaissaient libres ce jeudi ont dû dormir cette nuit derrière les barreaux.
Exceptionnel par sa durée, par le nombre d’accusés mais surtout par les atrocités perpétrées, Le « procès Mazan » a marqué l’histoire judiciaire de la France et probablement du monde. Dans les rangs des associations féministes et de la partie civile, tous espèrent désormais une évolution des mentalités face au viol, aux tentatives de viol et aux agressions sexuelles. En France, plus de 200 000 femmes sont agressées chaque année.
« Le viol concerne les femmes du monde entier. C’est pour cela que tout le monde a les yeux rivés sur ce qui va se passer », estimait peu avant l’audience Ghislaine Sainte-Catherine, membre du collectif des Amazones d’Avignon.
Après le verdict, de nombreux responsables politiques ont salué le courage de Gisèle Pélicot, qui a insisté pour que le processus soit public, afin de mettre fin aux innombrables tabous et fausses déclarations qui entourent l’asservissement sexuel des femmes depuis des siècles.
« Merci pour votre courage, Gisèle Pélicot. A travers vous, la voix de tant de victimes qui affirment aujourd’hui que la honte a changé de terrain. (…) Grâce à toi le monde n’est plus lui-même », écrit-il dans X Yaël Braun-Pivet, président de l’Assemblée nationale.
Visiblement affectée par ces trois mois de procédure, Gisèle Pelicot a fait une dernière déclaration avant de quitter le tribunal.
“C’est pour mes trois enfants et mes petits-enfants, parce qu’ils sont l’avenir, que je me suis lancé dans ce combat. Aujourd’hui, je pense aussi à toutes ces familles frappées par ce drame et aux victimes méconnues, dont les histoires restent dans l’ombre. « Nous partageons tous le même combat », a-t-il déclaré. Ses paroles ont été accompagnées d’un accueil impressionnant.
Dehors, un immense drapeau résumait le message de gratitude envers la femme qui voulait « avoir honte de changer de domaine » : “Merci Gisele!” (« Merci, Gisèle ! »).